Publié le 7 Jan 2024 - 07:34
ENLÈVEMENT D’UN ENFANT À “KEUR YEURMANDÉ”

Les deux mis en cause risquent 2 ans dont 6 mois ferme de prison

Deux ans dont six mois d’emprisonnement ferme, c’est la peine requise hier par le parquet contre Jean Noël Ndour et Ndèye Woury Dia. Traduits en justice par Ndella Madior Diouf pour enlèvement d’enfant, le duo a comparu, hier, devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. La plaignante, Ndella Madior Diouf, propriétaire de la pouponnière « Keur Yeurmandé » qui est actuellement en prison, n’a pas été représentée à l’audience. MAGUETTE NDAO L’enlèvement d’un enfant dans la pouponnière de Ndella Madior Diouf a été évoquée devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Jean Noël Ndour, un employé de la structure et la dame Aminata Woury Dia ont été jugés devant cette juridiction pénale, après plusieurs jours de détention préventive. A l’origine de cette affaire qui a eu beaucoup de répercussions, notamment le démantèlement des activités douteuses de cette pouponnière, une plainte de la propriétaire Ndella Madior Diouf pour enlèvement d’enfant. A l’issue de l'enquête, Jean Noël Ndour, qui effectuait des travaux dans les locaux de la pouponnière, a été arrêté. Celui-ci après avoir passé aux aveux, a dénoncé sa complice, la dame Aminata Woury Dia. Mariée, cette dernière, qui a dit avoir fait une fausse couche, a eu la malencontreuse idée de ne rien dire à son époux. Se retrouvant dans un engrenage de mensonges, elle a ourdi son plan d’adopter un enfant. Pour se faire, elle est parvenue à obtenir le numéro de Ndella Madior Diouf. Ayant réussi à la joindre, elle lui a fait part de son souhait d’adopter un enfant. Celle-ci lui a réclamé, selon elle, la somme de quatre millions de francs CFA. Montant qu’elle ne détenait pas. Ne sachant plus quoi faire pour se tirer d'affaires, Ndèye Woury Dia, qui a risqué de ruiner son ménage, n’a eu de cesse de rôder autour de la pouponnière, désemparée. C’est sur ces entrefaites qu’elle a été apostrophée par Jean Noël Ndour. Après lui avoir raconté sa situation, elle lui a fait part de son désir d’adopter un bébé pour préserver son ménage. C’est ainsi qu'ils ont conclu un accord et l’enfant a été volé. Face aux juges, Jean Noël Ndour a contesté les faits de vol et dit avoir agi pour sauver le bébé. Ce carreleur et peintre, âgé de 33 ans, dit avoir profité de la dame pour sauver le nourrisson. A l’en croire, il a agi de la sorte, parce que les bébés étaient dans de mauvaises conditions. « J'étais chargé de peindre les locaux de la pouponnière. Durant tout ce temps-là, je la trouvais à chaque fois isolée. Ce, pendant deux semaines. Au moment où je l'ai interpellée, elle était en pleurs. C'est là qu'elle m'a confiée avoir dit à son mari qu'elle était enceinte. Ce qui n'était pas vrai. Elle m'avait dit qu'elle avait besoin d'un enfant. Je lui ai demandé d'attendre pour que je parle à la patronne. Cette dernière, après lui avoir parlé, m'a confié qu'elle ne pouvait pas lui remettre un bébé. Je suis allé récupérer cet enfant dans la pouponnière pour la sauver, puisque les conditions dans lesquelles il était n'étaient pas bonnes ». Sur la collecte illicite de données à caractère personnel, le prévenu a contesté également l’accusation. Ce même s’il est ressorti de la procédure qu’il a pris en photo une dame qui avait loué les services de la pouponnière. En effet, celle-ci qui était sur le point d’accoucher avait décidé de laisser son bébé là-bas. Jean Noël qui l’a conduite à l’hôpital, l’a prise en photo, avant de l’envoyer à la dame Ndèye Woury Dia. Mais, il a nié dans un premier temps ce fait et a déclaré : « Je ne lui ai jamais envoyé de photos, ni lui ai passé une dame au téléphone et qui serait la mère de ce bébé. Je ne lui ai pas non plus dit que l'enfant allait être remis à la pouponnière de Ndella Madior Diouf ». Puis, il est revenu sur ses déclarations et renseigné que la photo a été prise avec l’aide d’une dame qui travaille dans la pouponnière. Ndèye Woury Dia plaide non coupable Pour sa part, Ndèye Woury Dia, 30 ans, mariée et mère de trois enfants a plaidé non coupable. Poursuivie pour le fait de recel d’enfant et celui d’avoir donné des instructions pour l’enlèvement de ce nourrisson, elle a déclaré qu’elle ignorait que l’enfant était volé. Elle a accablé son coprévenu en révélant : « Il m'a appelée au téléphone. C'est là qu'il m'a confié que l'un de ses amies, en l'occurrence une Gambienne, était avec lui et était sur le point d'accoucher. Mais qu'elle allait jeter son enfant ou l'envoyer à la pouponnière de Ndella. C'est là que la mère du bébé m'a proposé au téléphone de lui remettre une somme d'argent pour ses ordonnances et pour son transport pour retourner en Gambie. Mon co-prévenu m'avait envoyé des photos du bébé et de sa mère. J'ignorais qu'il avait volé le nourrisson ». Elle a révélé à la barre s’être rendue à cinq reprises à la pouponnière dans l’espoir de pouvoir adopter un bébé. « Si tu avais révélé la vérité à ton époux, tout ceci n'allait pas arriver. Maintenant, ton mari connaît la vérité. Tout le Sénégal est au courant. Tu es en prison et ton ménage va sûrement en prendre un coup. Est-ce-que ça en valait la peine ? », lui a demandé la représentante du ministère public. Ndella Madior Diouf, qui est actuellement en prison, n’a pas été représentée à l’audience. Prenant la parole pour ses réquisitions, la représentante du ministère public pour qui les faits sont suffisamment établis, a requis deux ans dont six mois ferme contre les prévenus. Elle a requis également qu’ils paient chacun, une amende de 200 mille francs CFA. A la suite de l’avocat de Jean Noël Ndour qui a sollicité la clémence pour son client, celui de Ndèye Woury Dia a estimé lui que la constitution de la partie civile de Ndella Madior Diouf est irrecevable. Il a ainsi demandé la relaxe de sa cliente. L’affaire mise en délibéré, la décision sera rendue le 9 janvier prochain.

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