Le PDS, un avenir rempli d’incertitudes et de doutes
L'absence du candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS) Karim Wade à la prochaine Présidentielle, risque de donner un coup fatal à la survie de la formation libérale. Le parti, qui a connu une saignée depuis 2012, parmi les cadres et les militants, peine à se relever de ses nombreuses dissensions.
L’information est comme un coup de tonnerre. Karim Wade, candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS), a été finalement disqualifié par le Conseil constitutionnel dans sa dernière liste officielle des candidats pour la Présidentielle de février 2024. L’élimination du secrétaire général national adjoint du PDS risque de briser la dynamique entreprise par la formation libérale depuis les Locales puis les Législatives en 2022 avec 24 députés.
Une situation qui a repositionné le parti sur l’échiquier politique sénégalais et qui comptait sur cette Présidentielle pour conforter la dynamique libérale. Ce coup de frein pourrait s'avérer fatal pour le PDS qui, depuis la perte du pouvoir, a connu de nombreuses divisions avec le départ de nombreux cadres comme Oumar Sarr, Bara Gaye, Abdoulaye Baldé, Modou Diagne Fada et Cheikh Dieng.
Par ailleurs, la création de partis comme le PLD/Suxali Sénégal, l’UCS et LDR Yessal a aussi occasionné une saignée dans les rangs libéraux. De ce fait, l’absence d’un candidat PDS pour la deuxième élection présidentielle consécutive pourrait entraîner une baisse de mobilisation dans la base militante libérale. D’autant plus que l’exil forcé du chef du parti libéral au Qatar ne permet pas de revitaliser les structures du PDS. L’absence de Karim Wade brisé tout récemment par une vidéo programmatique depuis Doha, pourrait aussi à terme renforcer la crise au sein du PDS.
Ainsi, l’ancien ministre de l’Énergie semble vouloir faire preuve de combativité et d’abnégation dans son opposition au régime de Macky Sall. ‘’La récente décision du Conseil constitutionnel est scandaleuse. C’est une atteinte flagrante à la démocratie. Cette décision est fondée sur des prétextes fallacieux. Elle viole mon droit fondamental de participer à l'élection présidentielle du 25 février 2024, alors que j’ai depuis longtemps renoncé à ma nationalité française. (…) Face à ce nouveau complot judiciaire, j’ai décidé de saisir les juridictions internationales, dont la Cour de justice de la CEDEAO pour défendre mon droit à la candidature à l'élection présidentielle de février 2024’’, a réagi hier Karim Wade sur son compte X.
Les députés libéraux lui ont emboîté le pas. Ils exigent la mise en place immédiate d’une commission d’enquête parlementaire, avant d’annoncer le dépôt d'une plainte pour révéler toutes les infractions et atteintes à la démocratie, aux droits du candidat, peut-on lire dans un document parvenu hier à notre rédaction.
Du côté du PDS, cette question sur les risques de démobilisation des troupes libérales consécutives à l’absence de Karim Wade de la Présidentielle ne se pose pas actuellement. ‘’Veuillez vous contenter du communiqué. Je ne peux pas me prononcer sur cette question’’, a déclaré Nafissatou Diallo, porte-parole du PDS.
Selon plusieurs observateurs, le PDS, qui est la pierre angulaire de la coalition Wallu, pourrait connaître une nouvelle saignée de cadres et de militants. Ce qui risque de plonger le parti dans une certaine léthargie. L’absence de congrès de renouvellement et de concertation sur la stratégie de développement du parti a aussi freiné son expansion et réduit son attraction face à de nouveaux adhérents.
En outre, l’absence de la tête du parti empêche aussi de développer des stratégies d’expansion et d’élargissement des bases d'un parti qui semble souffrir d’un manque de cap et de leadership au Sénégal. Si le parti dispose de quelques places fortes dans les départements de Kébémer, Sédhiou et Pikine, il ne doit son regain de forme lors des dernières élections législatives en juillet 2022 qu’à la dynamique de Yaw, plus particulièrement d’Ousmane Sonko, véritable locomotive de l'intercoalition Yaw-Wallu.
Seuls un retour de Karim Wade et un travail de refonte des structures du PDS pourraient aussi permettre de redonner un nouveau souffle au parti qui a exercé le pouvoir entre 2000 et 2012. Le PDS, qui jouit toujours du prestige des partis historiques, est aussi susceptible de rebondir en se greffant à de nouvelles alliances qui ne manqueront pas de se mettre en place lors des Législatives anticipées qui devraient suivre la Présidentielle du 25 février 2024.
Mamadou Makhfouse NGOM