Des violences et des heurts à Dakar et dans les régions
À l’occasion du vote de la loi reportant l'élection présidentielle, les autorités ont bunkerisé le centre-ville de Dakar, notamment les alentours de l’Assemblée nationale. Malgré une faible mobilisation des opposants au projet de loi, quelques échauffourées ont été signalées près du marché Petersen et aussi aux Parcelles-Assainies.
À l’occasion du vote de la loi sur le report de l’élection présidentielle, le centre-ville de Dakar avait, hier, des allures de camp retranché. Partout en centre-ville, des camions de gendarmes et des blindés sont positionnés autour des points stratégiques de la capitale, notamment devant l’Assemblée nationale. La compagnie de transport public Dakar Dem Dikk a suspendu ses rotations, de crainte de voir ses véhicules vandalisés. Le préfet de Dakar a aussi publié un arrêté pour interdire la circulation des motos et l’interdiction de la vente au détail de carburant jusqu’au 29 février.
Par ailleurs, la coupure des services d’Internet mobile avait aussi pour but de réduire la mobilisation des opposants au texte de loi prévoyant de reporter l'élection présidentielle.
Des commerçants ont dû fermer les volets, face à la déferlante de violence.
Malgré toutes ces mesures, des manifestants opposés à tout report ont affronté les policiers au niveau du rond-point Petersen et dans d’autres rues adjacentes. Les manifestants ont brûlé des pneus et jeté divers objets du matériel urbain dans la rue pour gêner la progression des forces de l’ordre. Les grenades lacrymogènes et offensives ont réussi à disperser momentanément les manifestants qui se retranchaient dans des rues parallèles, pour revenir à la charge et faire face aux forces de l’ordre.
Des échauffourées ont également été notées dans les quartiers de Pikine Icotaf et de Guinaw-Rails.
Au rond-point Case bi de l’unité 26 des Parcelles-Assainies, ce fut le même spectacle. L’important dispositif sécuritaire n’a pas empêché les affrontements. Les militants de l’opposition ont barré les routes menant à la VDN.
Sur le théâtre des affrontements, c’est souvent le même modus operandi. Des grappes de jeunes apparaissent en jetant des cailloux sur les véhicules avant de se disperser dans les rues avoisinantes. Les courses-poursuites entre manifestants et policiers se succèdent dans les rues de l’unité 26.
A Nord-Foire et à la cité Keur Damel, c’est le même scénario. Des cailloux et des détritus jonchent le rond-point où sont stationnés des camions de GMI et de gendarmes mobiles. Des barricades et des pneus brûlés érigés pour entraver les déplacements des forces de l’ordre dans des pick-up blancs.
Dans l'après-midi, les échauffourées se sont poursuivies. Dans les quartiers de Diamalaye III et à l’unité 26, une enveloppe noirâtre issue des pneus et d’ordures brûlées a continué à envahir les lieux. Les affrontements se sont aussi étendus au marché de l’école Dior. Les charges des forces de l’ordre se sont alors multipliées pour tenter de disperser les protestataires qui ont refusé de quitter les lieux.
Ce n’est qu’en fin d’après-midi que les policiers ont pu rétablir la circulation.
Toutefois, on est loin des grands rassemblements du 1er et du 2 juin 2023.
Dans la ville de Mbour, un rassemblement du Pur a été dispersé par les gendarmes. À Ndoffane, des militants de la coalition Bassirou2024 et du Pur ont affronté les forces de l’ordre avant de se disperser.
D’autres heurts sont à prévoir dans les prochains jours pour, disent les manifestants, faire valoir leurs droits de battre campagne en vue de la Présidentielle du 25 février prochain.
MAMADOU MAKHFOUSE NGOM