Le Pds, un parti récidiviste ?
Un décret présidentiel abrogeant la convocation du corps électoral suivi de l’adoption d’une résolution pour la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire et de l’adoption d’une proposition de loi constitutionnelle du groupe parlementaire piloté par le Parti démocratique sénégalais (Pds) appuyée par le groupe parlementaire de la majorité présidentielle a repoussé la date initiale du scrutin présidentiel au 15 décembre 2024. Motifs invoqués ? Un processus électoral biaisé, deux juges du Conseil constitutionnel et un Premier ministre-candidat accusés de corruption. Autant de griefs qui seraient à l’origine de l’exclusion « injuste et illégale » de leur candidat. Toutefois, le Parti de Me Abdoulaye Wade n’en est pas à sa première contestation pour exiger l’annulation ou le report d’élections majeures.
L'annonce de la validation du report de l'élection présidentielle et de la prolongation du mandat du président Macky Sall par l'Assemblée nationale a provoqué un véritable séisme politique au Sénégal. Cette décision a suscité une vive réaction au sein de la population, partagée entre incompréhension et frustration. Sauf que les motifs invoqués par le Parti démocratique sénégalais (Pds) pour requérir l’annulation ou le report d’élections majeures au Sénégal ne sont pas nouveaux. L’histoire renseigne que le Parti de Me Abdoulaye Wade n’en est pas à sa première contestation pour exiger l’annulation ou le report d’élections majeures. Les mêmes requêtes à l’origine du présent imbroglio politico-juridique ont été posés dans un passé récent par le parti libéral.
En effet, lors de la dernière élection présidentielle du 24 février 2019, le Pape du Sopi, âgé de 92 ans à l’époque, depuis la France où il a séjourné des années, appelait à des manifestations pacifiques en prélude à son retour projeté au Sénégal. Craignant que le scrutin présidentiel en perspective ne conduise à une instabilité dans le pays, il soutint alors que « l'élection présidentielle doit être annulée au Sénégal ». Selon Me Wade, en visant une « réélection au premier tour », le président sortant, Macky Sall, candidat à sa propre succession pour un second mandat, a créé « de graves dangers de déstabilisation du Sénégal, dans la violence ». En plus, son fils Karim Meissa Wade était empêché de se présenter en raison d'une condamnation par la Crei et en exil au Qatar ; privant ainsi le Pds de son « Candidat de A à Z ». S’y ajoutaient les doutes sur la fiabilité du fichier électoral et la rétention des cartes aux ayant-droits. Des accusations balayées d’un revers de main par l’Alliance pour la république (Apr) et ses alliées de la coalition « Bennoo Bokk Yaakaar ». Qui plus est, de retour au Sénégal, Me Abdoulaye Wade, fut accueilli en grande pompe par ses inconditionnels. Invité surprise de la campagne électorale, il bloqua toutes les activités de la capitale Dakar de 15 heures à 23 heures pour faire le trajet entre l’AIBD à la permanence du Pds. Arrivée sur les lieux, du haut du présidium, il peint en noir nuitamment le régime de Macky Sall entre accusations et révélations.
En outre, il ordonna le 6 février 2019 à ses partisans d’« envahir les bureaux de vote » le jour du scrutin. Contre toute attente, il ne donna pas de consigne de vote et se retrancha dans un mutisme religieux. Ainsi, la présidentielle eut bel bien lieu le 24février 2024 dans le calme et la sérenité avec la victoire de Macky Sall au 1er tour pour un second bail à la tête du Sénégal. Poussant le bouchon plus loin, ignorant que les cartes biométriques Cedeao faisaient office de carte d’identité nationale et de carte d’électeurs- son long séjour en France oblige- il leur demanda de « brûler leurs cartes d’électeurs ». L’histoire semble bégayer. Sauf que cette fois-ci, c’est l’alliance à l'Assemblée nationale entre la mouvance présidentielle et le groupe parlementaire « Liberté, Démocratie et Changement », piloté par le Pds, pour adopter la « proposition de loi constitutionnelle portant dérogation aux dispositions de l'article 31 de la Constitution de la République du Sénégal », qui a permis le report du scrutin, en attendant la décision du Conseil constitutionnel saisi de plusieurs recours contre la loi votée dernièrement à la Place Soweto.
Malamine CISSE