Publié le 11 Jul 2024 - 15:18
ECO-SOCIAL

Une jeunesse dans le doute, malgré les efforts

 

Sur les cinq priorités majeures qui avaient été déclinées par le président Bassirou Diomaye Faye à l’entame de son mandat, quelques mesures concrètes ont été prises. Mais le chantier reste énorme.

 

À l’aube de son magistère à la tête de la République du Sénégal, le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye avait très vite décliné ses grandes priorités. Au premier rang de ces priorités, il y avait : la jeunesse, l’éducation, la formation, l’entrepreneuriat et l’emploi des jeunes et des femmes. Ensuite, venaient la lutte contre la cherté du cout de la vie et l’augmentation du pouvoir d’achat des ménages ; puis la modernisation de la justice, la protection des droits humains et les questions de bonne gouvernance et de transparence. Comme troisième priorité, le nouveau régime abordait la souveraineté économique et l’exploitation optimale des ressources naturelles.

Enfin, il y avait la consolidation de l’unité nationale et des solidarités dans un renforcement de la sécurité, de la paix et de la stabilité du pays.

Cent jours plus tard, le bilan reste très mitigé, malgré les efforts importants déployés par le gouvernement. L’actualité de ces derniers jours en donne des preuves palpables, avec notamment le naufrage d’une pirogue remplie de jeunes au large des côtes mauritaniennes, entrainant des dizaines de morts, au moins 89 corps retrouvés par les gardes-côtes mauritaniens sur une embarcation qui transportait environ 170 passagers, selon l’Agence mauritanienne d’information qui citait des rescapés.

D’ailleurs, le Premier ministre Ousmane Sonko avait réagi en demandant aux jeunes de ne pas tenter cette aventure périlleuse. ‘’Je lance encore un appel à cette jeunesse. Votre solution ne se trouve pas dans les bureaux, les pays que certains jeunes veulent aller rejoindre, je peux vous assurer qu'ils sont eux-mêmes soit en crise soit en début de crise ! L'avenir du monde se trouve en Afrique et vous devez en être conscients, vous les jeunes. Le seul continent qui a encore une marge de croissance importante c’est l’Afrique’’.

Le message suffira-t-il pour redonner de l’espoir à la jeunesse ? Les chances semblent très minces. Il faut noter que sur le plan de l’emploi des jeunes, l’une des questions essentielles qui avaient emporté le régime du président Sall, l’actuel régime a certes beaucoup de bonne volonté, mais à ce jour, les résultats peinent à être perceptibles.

Lors du Conseil interministériel sur la campagne agricole, le Premier ministre Ousmane Sonko avait en tout cas laissé entendre que dans la stratégie de création d’emplois, l’agriculture devra jouer un rôle prépondérant. 

“Désormais, soulignait-il, l’agriculture devra jouer un rôle prépondérant dans la création d’emplois pour les jeunes et les femmes, la lutte contre l’émigration clandestine et la lutte contre la pauvreté”. Dans cette logique, une enveloppe de 120 milliards avait été débloquée pour une bonne campagne agricole.

Quel sort sera donc réservé à ces milliers de jeunes qui longent les trottoirs, les chaussées et qui évoluent dans le secteur informel ? Quel avenir pour ces milliers de ‘’jakartamen’’ qui envahissent de plus en plus les centres urbains à la quête d’un mieux-être ?

En visite récemment à Colobane, le Premier ministre promettait de les mettre en rapport avec la Direction de l’entrepreneuriat rapide dirigée par Aida Mbodj pour essayer de voir comment les accompagner à se formaliser. Seulement, certains de ces jeunes ne semblent pas trop emballés par la promesse et continuent de squatter les artères de la capitale, rendant très difficile la circulation.

Pour le moment, le régime semble plutôt hésitant sur les solutions à mettre en œuvre pour mettre un terme à ce fléau de nos villes.

L’amélioration du pouvoir d’achat des ménages

À côté de la lancinante question de l’emploi des jeunes, l’autre casse-tête reste la lutte contre la cherté de la vie et l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages, une des grandes priorités du régime du président Diomaye. En ce qui concerne la baisse du cout de la vie, des efforts importants ont été réalisés. L’un des exemples les plus emblématiques est le prix du pain qui est passé de 175 à 150 F CFA, une baisse devenue effective depuis quelques jours. Des baisses importantes ont également été notées sur d’autres denrées de première nécessité comme le riz, le sucre, l’huile…

Une batterie de mesures qui aura couté au gouvernement environ 53 milliards de francs CFA, mais dont l’impact sur les ménages reste discutable à cause de la dégradation de leurs pouvoirs d’achat. Aussi, les postes de dépense qui pèsent le plus sur le budget des consommateurs n’ont pas été concernés. Il s’agit, entre autres, des factures de courant, d’eau, mais aussi du prix du loyer dans certains centres urbains comme Dakar.

Justice et reddition des comptes

S’il y a un domaine où le nouveau régime semble vraiment avoir fait des progrès importants, avec des réformes structurelles qui sont en cours, c’est bien le domaine de la justice et de la reddition des comptes. En sus de la publication de nombreux rapports des corps de contrôle, il y a eu surtout les Assises nationales de la justice qui ont été sanctionnées par des propositions concrètes allant dans le sens d’une modernisation de la justice et de la protection des droits humains.

Cela dit, ils sont encore nombreux les observateurs à réclamer la lumière sur certains faits de gestion qui ont eu lieu sous l’ancien régime. Mais là encore, contrairement aux régimes précédents qui ont souvent utilisé la loi pour casser des adversaires, il semble y avoir une certaine volonté de laisser la justice faire son travail en toute sérénité. Ce qui est diversement apprécié par l’opinion publique.

Par ailleurs, une des questions sur lesquelles le nouveau régime est très attendu, c’est la souveraineté économique et la question des ressources naturelles.

À ce propos, les 100 jours ont surtout été marqués par le démarrage de la production du pétrole de Sangomar et dont la commercialisation commencera bientôt.

Depuis lors, le gouvernement semble avoir mis beaucoup d’eau dans son ‘’bissap’’ ; il parle de moins en moins de renégociation des contrats. À Sangomar, il y a quelques jours pour une visite des plateformes, le président Bassirou Diomaye Faye, tout en insistant sur la volonté du gouvernement de veiller aux intérêts des populations, s’était aussi voulu rassurant dans la garantie des investissements.

Relativement au franc CFA, le président Bassirou Diomaye Faye semble plutôt s’inscrire dans une dynamique régionale avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.

 MOR AMAR

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