13,5 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté d’ici 2050
Si des mesures urgentes en matière d'adaptation ne sont pas mises en place, 13,5 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté à travers la sous-région d’ici 2050, du fait des chocs liés au changement climatique. C'est un rapport sur le climat et le développement (CCDR), publié par le Groupe de la Banque mondiale pour les pays du Sahel en 2022, qui a fait cette révélation.
Jeudi, lors de la cérémonie d'ouverture de l'atelier de consultation nationale sur les besoins en renforcement des capacités d'adaptation dans le cadre du projet de mise en œuvre des priorités régionales et nationales d'adaptation en Afrique centrale et de l'ouest (PACO), le conseiller technique N°1 du ministre de l'Environnement et de la Transition écologique, Colonel Pape A. Ndour, a laissé entendre que le changement climatique est une réalité indéniable car il est au centre des enjeux économiques, politiques et environnementaux.
Les vagues de chaleur, les sécheresses et les inondations, d'après lui, sont de plus en plus fréquentes et intenses, mettant en péril la stabilité économique et accentuant, par voie de conséquence, la vulnérabilité des communautés du monde.
Dans ce sens, le rapport sur le climat et le développement (CCDR), publié par le Groupe de la Banque mondiale pour les pays du Sahel en 2022, poursuit-il, estime que jusqu'à 13,5 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté à travers la sous-région d’ici 2050, du fait des chocs liés au changement climatique, si des mesures urgentes en matière d'adaptation ne sont pas mises en place.
"Le changement climatique affecte sévèrement les populations et remet en cause les gains de développement durement acquis. L'analyse indique que le changement climatique renforce les cycles de pauvreté, de fragilité et de vulnérabilité dans le Sahel. Des millions de personnes à travers la région sont exposées au risque ou déjà en situation d'insécurité alimentaire, du fait d'une production agricole insuffisante liée aux chocs climatiques, à la montée de l'insécurité, et à des prix alimentaires élevés. En vue d’atténuer l'impact de cette crise et d'aider nos pays à développer une résilience climatique à long terme, nous sommes tous appelés à poser des actions concrètes et à prioriser l'adaptation climatique en vue de mettre la région sur la voie d'une croissance durable et inclusive", indique le Colonel Ndour.
Dans ce cadre, précise-t-il, le Sénégal, à travers sa Contribution déterminée au niveau national (CDN) et son Plan national d’adaptation, a pris des mesures fortes visant à réduire la vulnérabilité du pays et à renforcer la résilience des secteurs et des écosystèmes face au changement climatique. La mise en œuvre de ces différentes mesures, à ses yeux, nécessitera l’engagement de l’ensemble des parties prenantes : le public, le privé, les organisations de la société civile, les partenaires au développement, les acteurs locaux, la recherche et le monde universitaire. Ainsi, il est primordial d’identifier, selon lui, les besoins spécifiques à chaque catégorie d’acteurs, y compris ceux liés à l’action, au financement, au renforcement des capacités et au soutien technologique dans le contexte de la planification et de la mise en œuvre de l’adaptation.
Il est également important que les besoins d’adaptation ne soient pas considérés comme un simple point de départ du processus d’adaptation, mais plutôt comme des actions et des ressources nécessaires pour l’ensemble du processus, depuis l’évaluation des impacts et de la vulnérabilité jusqu’à la planification, la mise en œuvre, ainsi que le suivi et l’évaluation.
En outre, il est d'avis que l'atelier va permettre de décliner les besoins du pays en matière de formation, de technologies, de financement et d’expertise nécessaires en vue de contribuer à la lutte contre le changement climatique. Ensemble, ils pourront atteindre l’objectif qu'ils se sont fixé dans leur CDN, à savoir "accroître la résilience des écosystèmes et des populations face aux impacts de la variabilité et du changement climatique".
En ce sens, il a lancé une invitation à participer activement aux discussions et à faire refléter les besoins, afin que son ministère puisse avancer ensemble dans cette direction cruciale pour l'avenir du pays.
Une approche concertée pour minimiser les risques
De son côté, Madeleine Diouf Sarr, la directrice du Changement climatique, de la Transition écologique et du Financement vert au niveau du ministère de l'Environnement et de la Transition écologique, souligne que le Sénégal est en train de travailler sur son rapport concernant le changement climatique. Les déficits pluviométriques, d'après elle, vont créer des problèmes de rendement au niveau de l'agriculture, des bouleversements au niveau de l'élevage, et de la migration des poissons. Ces trois secteurs sont la base de la sécurité alimentaire pour les pays du Sahel. Raison pour laquelle il urge, d'après elle, d'avoir une approche concertée au niveau de la sous-région pour minimiser les risques auxquels les communautés sahéliennes font face.
"Nos pays ont établi leur Contribution déterminée au niveau national (CDN) face au changement climatique où le volet adaptation est un volet phare. Il s'agit de faire face à un phénomène que nous ne maîtrisons pas et que nous subissons. Nous sommes victimes du réchauffement climatique car nous sommes les moins émetteurs de gaz à effet de serre. L'Afrique émet moins de 4 % des émissions. Il faut nous adapter et trouver des mécanismes, de nouvelles formes de développement intégrant ce risque que nous vivons : la forte chaleur qui continue à augmenter, les eaux qui montent, la forte variabilité des précipitations avec des évènements de pluies intenses ou sans eau", constate-t-elle.
Madeleine Diouf Sarr d’ajouter : "Il faut que nous adaptions nos façons de production qui concernent nos populations dont une bonne partie rurale est la base de notre économie nationale. Il faut aller vers une productivité avec des semences adaptées. C'est mieux gérer l'eau, nos écosystèmes en internalisant le risque climatique : moins d'eau, plus de chaleur, phénomènes d'inondation auxquels le gouvernement du Sénégal est en train de développer des programmes de résilience."
CHEIKH THIAM