La Coalition de la société civile interpelle Diomaye
La Coalition de la société civile pour l'application des conclusions des Assises nationales et des recommandations de la CNRI invite les nouvelles autorités à respecter les engagements auxquels elles ont souscrit en signant le Pacte national de bonne gouvernance démocratique. Elle a exprimé son inquiétude quant à leur silence sur la question.
L'élection présidentielle du 24 mars 2024 a été une occasion pour lancer un processus de rencontres et de dialogue entre les candidats et le collectif des mouvements citoyens. Sur les 17 candidats aux élections, 13 ont signé le Pacte national de bonne gouvernance démocratique dont sa substance a été alimentée par les conclusions des Assises nationales et les recommandations de la CNRI. Ils ont également pris l'engagement écrit de "traduire les principes, valeurs et objectifs du pacte en plan d'action à réaliser dans le courant de la première année de leur mandat, en cas de victoire électorale à la présidentielle de février 2024".
Hier, la Coalition de la société civile a tenu un point de presse pour évoquer l'état actuel et les perspectives de portage de ce pacte. Où en est-on aujourd'hui par rapport aux engagements ?
Pour se conformer à la redevabilité mutuelle de suivi, le collectif indique avoir adressé, dès le 25 mars 2024, donc avant même la proclamation officielle des résultats, une lettre de félicitations au nouveau président de la République avec une demande d'audience pour un entretien sur le pacte.
N'ayant pas reçu de réponse, le collectif a écrit une seconde lettre au chef de l’État, en date du 19 avril 2024, cette fois-ci après son installation officielle, "pour saluer les premières mesures prises par les nouvelles autorités allant dans le sens du pacte et pour réitérer sa demande d'audience. Après plus de 100 jours, nous restons en attente d'une réponse". Il a des sources d'interrogation. ‘’Pourquoi le président de la République prend-il plus de 100 jours sans répondre à notre correspondance ? Pourquoi les mots ‘pacte’ et ‘assises nationales’ semblent-ils bannis du discours des nouvelles autorités, alors qu'ils foisonnaient dans leurs messages de la période préélectorale ?’’, se demandent Mamadou Ndoye et ses camarades soulignant qu’ils ne tirent pas pour autant de conclusion hâtive pour diverses raisons.
‘’Nous n'osons pas croire que la démission du président du poste de secrétaire général de Pastef/Les patriotes, son engagement à mettre fin à l'hyperprésidentialisme´ et à renforcer l'indépendance de la justice, sa décision d'initier les Assises de la justice ainsi que les actes posés par les nouvelles autorités pour une gouvernance éthique et sensible à la situation des plus démunis relèvent simplement d'éléments de communication et ne sont pas les signes d'une volonté de transformation dont nous ne doutons pas’’.
La Coalition de la société civile pour l'application des conclusions des Assises nationales et des recommandations de la CNRI espère aussi que les nouvelles autorités ne feront pas moins que Macky Sall ‘’qui, tout en disant qu'il avait émis des réserves lors de la signature de la charte des assises, a tout de même confié au bureau des assises la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) sans bien entendu adopter les recommandations transformationnelles qui en sont issues’’.
En outre, ‘’au bilan, la balle se trouve aujourd'hui dans le camp des nouvelles autorités qui peuvent et doivent lever ces sources d'interrogation. Leur première différence par rapport à ce que le peuple a observé jusqu'ici doit être de montrer qu'elles respectent les engagements auxquels elles ont librement souscrit à travers le candidat Diomaye vis-à-vis du pacte, mais aussi d'Ousmane Sonko qui a signé la Charte des Assises nationales’’, a indiqué Mamadou Ndoye.
Pour sa part, le collectif soutient qu’il persévérera dans son approche pour faire comprendre aux nouvelles autorités que le pacte qui repose sur les conclusions des Assises nationales et les recommandations de la CNRI ‘’n'est pas et ne saurait être traité comme une simple requête d'une coalition de la société civile et encore moins comme une exigence posée des individus (pour ne pas dire Massamba ou Mademba)’’.
Le pacte traduit, dit-il, par son ancrage sur les Assises nationales, une demande sociale ‘’solidement’’ établie par des consultations les plus larges possibles couvrant les différents secteurs et niveaux de la société et par des démarches de validation ascendantes tout en restant un document dont l'élaboration et la formulation restent ouvertes à l'amélioration à travers le dialogue et la co-construction.
Loin donc de toute déception, encore moins de capitulation, une telle approche ouvre plutôt des perspectives d'action avec des objectifs. Il s’agit ainsi de mieux faire connaître à l'opinion le contenu et les objectifs du pacte à travers une campagne d'information.
Après la conférence de presse d’hier, il est prévu une publication d'un texte collectif sur le pacte qui sera signé et publié dans la presse nationale le 6 août 2024. Il s’en suivra une série d'interventions sur les plateaux télé et les radios par des membres désignés de la coalition et d’une série de contributions écrites individuelles ou en comité spécialisé des membres de la coalition.
De plus, il est prévu une diffusion "première’’ du film d'une heure 13 minutes sur notre mobilisation citoyenne ‘’Fatéliku’’ de Joseph Gaï Ramaka le mardi 20 août 2024 à 11 h. Cette première sera précédée de la rediffusion du court-documentaire sur le sursaut citoyen.
Toujours dans le cadre de cette communication, il y aura la réalisation d'un carton sur le modèle du Conseil supérieur de la magistrature en langues nationales et en français.
L’un des plans consistera à élaborer collectivement pour approfondir le contenu du pacte, mais aussi pour développer une compréhension partagée de la méthodologie, des instruments et une feuille de route pour la mise en œuvre du pacte. En ce sens, il est prévu l’organisation d'un précolloque sur la méthodologie de la transformation et du lancement de nouvelles conversations citoyennes pour approfondir les différents thèmes liés à la méthodologie de mise en œuvre.
Entre autres axes, il est aussi prévu de finaliser le cadre de mesure des avancées dans la mise en œuvre du pacte : critères, indicateurs, moyens de vérification, mais aussi de tenir un séminaire de réflexion sur les conditions de mise en place d'un observatoire de la transformation et de suivi des politiques publiques. ‘’En fin de compte, notre message est clair : quels que soient les obstacles, nous allons continuer d'avancer, car nous luttons pour un nouveau vivre-ensemble que le peuple demande et pour lequel il s'est fortement exprimé le 24 mars 2024’’, a soutenu la Coalition de la société civile.
BABACAR SY SEYE