Les collecteurs de peaux peinent à revendre leurs produits faute de clients
Depuis mars 2023, plus de mille peaux sont en souffrance dans le magasin situé à proximité du marché aux poissons. Face aux difficultés de surstockage, de détérioration de certaines peaux et de commercialisation, les collecteurs de peaux du Fouladou alertent sur leur situation économique et demandent à l'État d'implanter une usine de tannerie et de fournir des financements afin de pallier tous les problèmes auxquels ils sont confrontés.
À quelques mètres du magasin, une odeur nauséabonde envahit vos narines. Sur place, on constate des montagnes de milliers de peaux empilées à l’intérieur du magasin. Des collecteurs, assis en rangs dispersés, affichent des visages pâles et tristes, ne sachant plus à quel saint se vouer.
Ils subissent des pertes drastiques à cause de la baisse de leurs chiffres d’affaires. Même si au Fouladou l’industrie de la viande tourne à plein régime et que le commerce de peaux est une véritable mine d’or, depuis mars dernier, les collecteurs de peaux éprouvent des difficultés à écouler leurs produits, faute de clients.
‘’Comme vous l’avez constaté, le stock est là et certaines peaux sont attaquées par les insectes. Tout ceci s’explique par le fait que depuis mars 2023, on nous a informés que là où nous vendons nos cuirs et peaux, c’est-à-dire au Nigeria, la monnaie est en baisse. Ce qui fait que les acheteurs ne viennent plus acheter nos produits’’, explique leur porte-parole Abdoulaye Baldé.
Il poursuit : ‘’Tandis que la Guinée et la Sierra Leone achètent la petite catégorie de peaux, ce qui fait qu’aujourd’hui, nous ne parvenons plus à écouler les grandes peaux. C’est un blocage terrible que nous vivons en ce moment. De plus, nous perdons également notre argent, car nous avons financé les bouchers à hauteur de plus de dix millions de francs pour l’acquisition de peaux. Chaque jour, les bouchers tuent des bœufs et nous donnent des peaux. Actuellement, nous disposons de plus de dix mille peaux de vaches, mais elles se détériorent petit à petit faute de clients. C’est un manque à gagner, une perte énorme que nous subissons. Dieu seul sait comment nous vivons actuellement. C’est triste et désolant pour un père de famille qui ne compte que sur son petit commerce.’’
L'État invité à implanter une usine de tannerie à Kolda
Face à cette difficulté, les collecteurs de peaux demandent à l'État d’implanter une usine de tannerie à Kolda. Selon eux, cela permettrait d’absorber un nombre important de jeunes chômeurs. ‘’Nous demandons à l'État d’implanter à Kolda une usine de tannerie. Cela permettrait de créer de l’emploi et d’éviter cette vague de jeunes qui empruntent l’océan pour rallier l’Europe avec tous les risques’’.
Aussi, les collecteurs de peaux sollicitent les pouvoirs publics pour obtenir des financements, afin que les jeunes artisans formés à la fabrication de divers produits, comme les chaussures en cuir, puissent créer leurs entreprises et employer d’autres jeunes de leur génération. Cela contribuerait à développer la localité et à booster l’économie de la région. ‘’Mais les jeunes sont là, ils traînent, ils n’ont rien à faire, pas de financement ni d’usine, encore moins de clientèle ; c’est dur pour nous’’, s’inquiète Moutarou Baldé, un des collecteurs de peaux, assis sur son tabouret en face de la route.
D’après les acteurs de la filière, la peau peut être tannée et utilisée pour fabriquer une grande diversité de produits, notamment des sacs, des ceintures, des chaussures, des vêtements et du mobilier.
NFALY MANSALY