Publié le 8 Oct 2024 - 14:33
CHEIKH ISSA SALL SUR SON INTERDICTION DE SORTIE DU TERRITOIRE

‘’Ce ne sera ni l’intimidation ni la pression psychologique qui nous divertira’’

 

Depuis un certain temps, de nombreux dignitaires de l’ancien régime ont été stoppés dans leurs projets de voyage hors du pays. Pour certains, c’est une notification directe qui leur a été faite, mais pour d’autres, c’est la surprise de se voir refoulés à la frontière. C’est le cas du maire de Mbour, qui indexe les nouvelles autorités de l’État.

 

L’ancien directeur général de la Caisse des dépôts et consignations a animé une conférence de presse, hier, pour revenir plus amplement sur les faits qui ont ponctué son interdiction de sortie du territoire national, alors qu’il était en partance pour Nimzatt (en Mauritanie) pour rendre visite à son marabout. De ce fait, il estime que les nouvelles autorités lui mettent la pression en usant de leur position.

‘’Vous avez tous remarqué les convocations à se présenter à la police de citoyens qui ont osé poser les vrais débats qui devraient être soulevés dans le cadre d’un État républicain. Certains actes relèvent d’une ignorance flagrante des règles de base qui régissent le fonctionnement d’un État normal et mettent mal à l’aise les agents qui doivent exécuter ces ordres. Pour notre part, ce ne sera ni l’intimidation ni la pression psychologique qui nous divertira. Nous nous sommes séparés de notre statut de magistrat de la Cour des comptes pour mieux servir notre peuple, en commençant par la ville de Mbour’’, a-t-il précisé.

Sur cette lancée, l’édile de Mbour estime que le fait de priver d’honnêtes citoyens de la liberté de circulation est une atteinte grave aux droits les plus élémentaires. ‘’Quand ce droit est lié à l’exercice des convictions religieuses, la situation devient très préoccupante. Nous condamnons avec toute notre énergie les dérives autoritaires en cours, orchestrées par le nouveau régime. L’émission d’interdiction de quitter le territoire national est un acte de nature judiciaire encadré par la législation sénégalaise et conféré à des autorités judiciaires bien définies’’, a ajouté Cheikh Issa Sall.

À l’en croire, ‘’les Sénégalais attendaient mieux après une demi-année de gouvernance marquée principalement par l’accentuation de la cherté du coût de la vie. Le panier de la ménagère est sous forte tension et demande une réduction immédiate des prix des denrées de première nécessité’’.

Dans le même sens, le maire de Mbour a martelé : ‘’Celui qui pense que nous allons quitter ce pays pour le laisser faire ce qu'il veut dans ce Sénégal se trouve dans une grande erreur. Nous sommes prêts à y laisser notre vie.’’

Le film de l’interdiction à la frontière avec la Mauritanie

Revenant sur les faits qui se sont déroulés à la frontière nord du pays, il fait savoir : ‘’À chaque fois qu'un fidèle musulman prépare un grand projet, il va toujours demander la bénédiction de son guide religieux, si c'est quelqu'un qui croit aux tarikhas et dont le projet n'est pas de faire fléchir les tarikhas.’’ Dans ce sens, il renseigne : ‘’Le jeudi 3 octobre 2024, j’avais décidé d’aller me recueillir à Nimzatt, en République islamique de Mauritanie, auprès de mon guide religieux Cheikhna Cheikh Sadbou Aidara. Arrivé à la frontière, le temps des formalités administratives, je suis allé m’acquitter de la prière du Takusaan. C’est encore assis sur ma natte de prière que le journaliste d’iRadio, Alassane Samba Diop, m’a appelé pour vérifier l’information selon laquelle j’ai été bloqué à la frontière nord du Sénégal.’’

Par la suite, il continue : ‘’Devant mes interpellations, après moult hésitations, l’agent de service a fini par m’avouer qu’ils avaient reçu l’ordre de remonter au niveau central les filiations des personnalités politiques du régime sortant et d’attendre les instructions de l’autorité. C’est ce qui explique le temps qu’a pris le contrôle des pièces d’identité et des papiers du véhicule. Ainsi, devant le temps qui s’écoule, retardé dans mon voyage, j’ai signifié à l’agent de police que je ne pouvais pas rester à la frontière à attendre une hypothétique instruction qui devrait venir d’une autorité que je ne connais pas. C’est ainsi que je lui ai demandé de me rendre mes papiers. J’ai alors rebroussé chemin pour rentrer à Mbour en passant par Ngoumba Gueoul où reposent deux fils de mon vénéré guide Cheikhna Sadbou, à savoir Cheikh Mahfou et Cheikh Adramé Aidara.’’

Pour lui, la situation dans laquelle il s’est retrouvé à la frontière est loin d’être un incident isolé. ‘’Elle mérite une mise au point et de tirer des conclusions. Le fait qu’un journaliste soit informé avant moi-même le principal concerné, nous pousse à nous interroger sur la qualité de la sécurité du circuit de l’information au sein de nos instances de commandement et de gouvernance’’, s’est-il plaint.

Oui à la reddition des comptes, mais dans le respect des procédures

Sur la situation du Sénégal, le président de la coalition Union nationale pour l’intégration, le travail et l’équité (Unité) déclare qu’il n’a pas peur de la reddition des comptes. En effet, ‘’je suis le seul Sénégalais à qui l'ARMP a décerné un satisfecit après avoir effectué un audit sur 23 ans de gestion publique. Nous étions deux. Malheureusement l'autre n'est plus de ce monde. Il s'agit de notre frère Ibrahima Ndiaye de l'Ageroute’’, a soutenu l’ancien DG de la CDC.

Mais, précise-t-il, ‘’dans le cadre de la reddition des comptes, le principe du contradictoire est bafoué. Nous sommes les premiers à vouloir la reddition des comptes. C'est ce qui nous a amenés à la Cour des comptes. Oui, il faut arrêter tous ceux qui ont volé l'argent du peuple, mais dans le respect des procédures. Le pays est à l'arrêt. Nous sommes restés huit mois sans pose de première pierre, sans inauguration, sans réception de travaux, sans lancement de projet, c'est très grave’’.

Il continue : ‘’Le Sénégal va encore vers un plan d'ajustement structurel, si les Sénégalais n'y prennent pas garde. Depuis trois jours, j'ai envoyé quelqu'un acheter du poisson, mais il n'y en a pas sur le marché, les coupures d'électricité recommencent à faire rage. La jeunesse est découragée. Ce qu'on leur avait promis n’existe pas. Ils ont trompé tout le monde. Et cela est manifeste dans la vie quotidienne des Sénégalais. L'heure est grave. J'appelle les Sénégalais à avoir une bonne attitude à travers ces Législatives pour se ressaisir et récupérer ce pays-là. Si l’on ne fait pas attention, on risque de voir des situations extrêmement dangereuses pour le Sénégal, si l’on ne fait pas demi-tour à temps.’’

C’est pour cela qu’il pense qu’il ‘’faut profiter des élections législatives pour rejeter ce projet qui n'est pas bon’’.  

 IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)

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