Plus de 70 partis pour faire face aux “dérives” de Pastef
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Face au rouleau compresseur de Pastef, des dizaines de partis de l'opposition mettent en place le Front pour la défense de la démocratie et de la République, pour faire face à ce qu'ils considèrent comme un recul des libertés.
C'est au moins 70 partis qui ont été signataires de la déclaration du Front pour la défense de la démocratie et de la République (FDR) reçue hier à ‘’EnQuête’’. Parmi les hauts responsables signataires, on note Amadou Ba (Nouvelle responsabilité), Abdoulaye Baldé (UCS), Modou Diagne Fada (RDR Yessal), Aminata Mbengue Ndiaye (PS), Nicolas Ndiaye (LD), Anta Babacar Ngom, Khalifa Ababacar Sall, Samba Sy (PIT), Oumar Sarr, Landing Savané, Idrissa Seck... Bref, c'est presque tous les partis significatifs, excepté le Parti démocratique sénégalais. Aissata Tall Sall a signé au nom de son parti Osez l'avenir, alors que Mahmoud Saleh a signé à la place de Macky Sall pour l'Alliance pour la République.
Selon la déclaration, “l’accession au pouvoir de Pastef se singularise par une nette rupture du processus de consolidation de la démocratie sénégalaise qui s’est toujours inscrit autour de règles du jeu politique élaborées de manière consensuelle par tous les acteurs”.
Revenant sur les motivations de cette initiative qui vient d'être portée sur les fonts baptismaux, les signataires indiquent une volonté du régime en place de gérer le Sénégal de manière cavalière en foulant aux pieds les droits de la minorité politique. “La démocratie supposant une expression plurielle des opinions, ces Sénégalais qui se sont exprimés massivement contre le pouvoir Pastef ont droit à la parole et à une représentation efficace. Telle est la première raison de notre décision de rassembler toutes les forces vives de la nation”, soulignent-ils, non sans rappeler le fort taux d'abstention aux législatives (3 721 932 Sénégalais, soit plus de la moitié des électeurs), compte non tenu des 45 % qui ont voté contre le pouvoir de Pastef.
De l'avis de Khalifa Sall et Cie, le pouvoir Pastef s'enlise dans une logique de règlements de comptes et une volonté de liquidation des libertés démocratiques. Ils en veulent pour preuves les journalistes et opposants “injustement emprisonnés ou poursuivis en justice en raison de leurs opinions” ; la confiscation par la majorité parlementaire du poste de vice-président qui devait revenir à l'opposition ; la destitution du maire de Dakar de son poste ; la levée de l'immunité d'un député sans la présentation d'un dossier... “Et, pour la première fois de notre histoire, une révision ordinaire des listes électorales est engagée sans y associer les partis d'opposition. En effet, aucune rencontre avec les partis n'a été organisée à ce jour, ce qui constitue une trahison de nos traditions de concertation politique sur les opérations électorales et la mise à jour du Code électoral”, fulmine le nouveau front de l'opposition qui craint de nouveaux coups de force antidémocratiques, en relation notamment avec les prochaines élections territoriales.
Au-delà des questions politiques, le nouveau front dénonce également une impréparation et un amateurisme des nouveaux tenants du pouvoir. “La quasi-faillite de l'État, après 10 mois de gestion aventuriste et médiocre de nos finances publiques, vient d'être officiellement avouée par le pouvoir. Et ce sont les populations déjà pressurisées qui en paient le prix. À l’exemple des victimes des inondations dans la vallée du fleuve Sénégal qui se plaignent de l’absence de soutien effectif du gouvernement, malgré les importants moyens qui avaient été annoncés ou des paysans confrontés à l’échec de la campagne agricole, notamment arachidière, sans que le gouvernement songe un seul instant à des mesures de solidarité”, ont-ils dénoncé.
Le FDR regrette aussi la détérioration des conditions des étudiants et les images “insoutenables” des jeunes qui veulent coute que coute regagner l'Espagne.
Autant de raisons qui, selon le document, fondent cet engagement à se mobiliser pour défendre la République dont les valeurs fondamentales se trouvent gravement menacées par les agissements du pouvoir Pastef.
La vocation du FDR, selon la déclaration, est de rassembler l’ensemble des forces vives de la nation en vue de donner forme et contenu à la résistance du peuple sénégalais contre les politiques néfastes du pouvoir Pastef.
Le front, insistent les signataires, engagera, dans les prochaines semaines, des actions décisives autour des exigences suivantes : défense des libertés et droits démocratiques ; gestion démocratique du processus électoral ; solidarité avec les populations en lutte. “Le FDR apportera un soutien actif à l’ensemble des luttes engagées par les forces vives pour défendre leurs droits sociaux et économiques contre les agressions du pouvoir Pastef”, rapporte la source.
Mor Amar