Les cours reprennent au lycée Babacar Cobar Ndao

Le calme est revenu au lycée Babacar Cobar Ndao de Kaffrine, après plusieurs jours de perturbations. En effet, à la suite de la grève décrétée par les professeurs s’offusquant de la suspension de leur collègue par le proviseur, les cours ont repris grâce à la médiation du collectif des chefs d'établissement. Le proviseur, qui juge sa réputation écornée par les enseignants qui l'accusent de mauvaise gestion, soutient qu'ils n'en sont pas à leur premier coup d’essai.
Lundi dernier, les élèves du lycée Babacar Cobar Ndao de Kaffrine avaient battu le macadam pour réclamer la reprise des cours suspendus depuis plusieurs jours. Les enseignants, par solidarité, ont décidé de boycotter les classes pour apporter leur soutien au professeur de mathématiques qui avait renvoyé un groupe d’élèves. Ainsi, grâce à la médiation, lundi dernier, du collectif des chefs d’établissement, avec à sa tête le principal du lycée de Birkilane, les esprits se sont apaisés. Comme convenu, le collectif des enseignants du lycée de Kaffrine a fait face à la presse, hier, pour annoncer la reprise des cours. D’après le porte-parole du jour, Cheikh Mboup, professeur de lettres modernes, ‘’après des échanges sereins avec le Collectif des chefs d’établissement de la région de Kaffrine, qui a tenu un discours rassembleur, cohérent et sans parti-pris, nous enseignants avons arrêté notre grève’’, a-t-il annoncé.
Rappelons que les lycéens, dans leurs propos, les accusaient de s’en prendre injustement au groupe d’élèves expulsés de classe et de paralyser les enseignements. À ces allégations qui défendent la posture du proviseur, les enseignants n’ont pas été avares en paroles pour apporter la réplique.
Selon eux, ces tensions notées entre le professeur de Maths et les élèves constituent la partie visible de l'iceberg, en ce sens que bien d’autres événements se sont déroulés depuis quatre ans, aidant à comprendre la situation actuelle. De l’avis de M. Mboup, les enseignants avaient constaté une attitude ‘’irresponsable’’ de leur proviseur, laquelle s'est traduite par une gestion ‘’nébuleuse et partisane de l’établissement depuis son arrivée’’. C’est toute l’explication de cette ‘’grève qui dénonce une injustice inadmissible’’, lâche le professeur de lettres qui ajoute que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est cette altercation entre le proviseur et un professeur de Maths.
Selon lui, les problèmes de ce lycée ont débuté depuis 2021, avec des tensions administratives, pédagogiques et financières. D’ailleurs, à plusieurs reprises, rappelle-t-il, les autorités ont été interpellées sur la situation, en vain. Les professeurs ont déploré «’’des défaillances au niveau pédagogique, avec des coefficients rabaissés pour plaire aux élèves n’ayant pas de bonnes notes dans des matières à fort coefficient’’. À cela s’ajoutent des manquements d’ordre administratif avec ‘’des falsifications de livrets et bulletins scolaires qui portent les empreintes du proviseur pour masquer le faible niveau des élèves’’.
Pourtant, les enseignants soutiennent que la falsification des documents administratifs portera préjudice aux élèves, car les notes ne reflètent pas leur niveau de performance scolaire. Sans compter la gestion pas catholique du conseil de gestion.
Bref, ces enseignants, qui voient en ce soulèvement des élèves une instrumentalisation du proviseur, rejettent les accusations selon lesquelles les professeurs du lycée Babacar Cobar Ndao ne se soucient pas de leur avenir en décrétant cette grève.
Une école privée créée par les enseignants qui y dispensent des cours au détriment du lycée
Quant au proviseur, il a également condamné les propos ‘’mensongers’’ de ces enseignants. Selon Leyti Fall, ils devraient dire la vérité, quoi qu’il advienne. Dans sa réplique ferme et d’un ton sec au bout du fil, M. Fall a déclaré : ‘’Ces professeurs n’en sont pas à leur premier coup d’essai, car mes deux prédécesseurs avaient subi le même acharnement. Les enseignants du lycée, insoucieux de l’avenir des élèves, ont créé une école privée à côté, ici à Kaffrine. Ils sèchent les cours fréquemment. Ce que j’ai refusé catégoriquement. Depuis qu’ils savent que je ne me laisserai jamais faire, ils ont commencé à nuire à ma réputation. C’est au corps de contrôle habilité de dire si oui ou non ma gestion est nébuleuse, pas eux. Je veux qu’une inspection de la gestion soit faite et ils sauront que s’il y a faute, ce serait de leur côté et pas du mien. Pour les coefficients dont ils parlent, les textes sont clairs. Ils stipulent que si les notes sont très faibles, il faut organiser des devoirs de seconde chance pour les aider à se mettre à niveau. Ce que les professeurs refusent de faire, alors qu'ils savent que dans une classe, tous les élèves n’ont pas le même niveau intellectuel.
Je vous dis qu’un professeur d’anglais a donné zéro comme note à plus de 20 élèves. Comment cela peut-il arriver ? On voit des notes de 1, de 2, etc. J’affirme ici que ces enseignants ne veulent pas enseigner. Ils ne font que fuir et cela va cesser. Je ne préfère pas répondre à ces fausses accusations par voie de presse, mais vous pouvez l’écrire ou passer dans mon bureau, je vous montrerai des preuves de ce que ces gens font sur les notes des lycéens. En ce qui me concerne, j'ai écrit aux autorités et je leur ai tout expliqué, car je suis dans une administration et je ne me permets pas de faire comme eux, de convier la presse et répondre. Mais retenez que j’exercerai mes droits le moment venu pour que justice soit faite, car c’est trop facile d’accuser gratuitement les gens’’, a répliqué le proviseur du lycée qui conclut en disant : ‘’Si les élèves, sans exception, me défendent, c’est parce qu’ils savent que c’est leur avenir qui est en jeu et que je suis là pour freiner ces professeurs malhonnêtes.’’
Alioune Badara Diallo Kane