Publié le 18 Mar 2025 - 14:26
‘’HÉRITAGES VIVANTS’’ AU MONUMENT DE LA RENAISSANCE

Cuba, Colombie et Venezuela affirment leur africanité

 

Les ambassadeurs du Venezuela, de Cuba et de la Colombie organisent une exposition conjointe au monument de la Renaissance africaine de Dakar. Intitulée ‘’Héritages vivants’’, elle révèle un trésor commun d'indépendance, de patriotisme, d'identité et de ‘’sang africain’’.

 

Véritable régal pour les yeux, l’exposition ‘’Héritages vivants’’ est une source d'inspiration qui embrase la fierté des racines africaines, latino-américaines et caribéennes. Organisée pour une durée de trois semaines par les ambassades de Cuba, du Venezuela et de la Colombie au Sénégal, elle se tient au monument de la Renaissance africaine.

L'exposition vénézuélienne comprend huit peintures représentant trois femmes et cinq hommes d'origine africaine. Tous ont contribué, à leur niveau, aux causes indépendantistes non seulement au Venezuela, mais aussi dans certains pays de la région latino-américaine et des Caraïbes, selon l’ambassadrice du Venezuela au Sénégal, Regzeida Gonzalez Herrera.

Ainsi, elle met en lumière le rôle de Matea Bolívar, qui fut la première éducatrice du libérateur Simón Bolívar, le Vénézuélien le plus illustre ayant libéré cinq nations : le Venezuela, la Colombie, l'Équateur, le Pérou, la Bolivie et le Panama. Il est le père de la patrie.

‘’À cette occasion, le ministère du Pouvoir populaire pour les Relations extérieures, à travers le bureau du vice-ministre pour l'Afrique, présente cette exposition avec des personnages qui illustrent une partie de notre africanité, dont la connaissance renforcera la fierté d'être vénézuélien’’, a soutenu Regzeida Gonzalez Herrera.

Selon elle, depuis 2005, les autorités vénézuéliennes promeuvent l'étude et la mise en valeur des grands hommes et femmes de descendance africaine qui ont contribué à l'indépendance, à la consolidation de la liberté et à la souveraineté au Venezuela. À travers des expositions graphiques présentes dans différents espaces publics ainsi que diverses initiatives artistiques, des progrès significatifs ont été réalisés dans ce sens.

‘’L’Afrique dispose de six millions d’hectares en Colombie’’

De son côté, l’exposition de la Colombie révèle plusieurs éléments. D'après son ambassadrice, il n'y a pas de renaissance africaine sans les diasporas dans les Amériques. ‘’L’Union africaine a déclaré qu'en Afrique, il y a cinq régions. Il y a une sixième et nous sommes cette diaspora historique. On parle de la diaspora récente, celle qui habite en Europe ou aux États-Unis. Mais nous sommes la diaspora historique’’, a-t-elle soutenu.

Elle affirme qu’en Colombie, 25 % de la population se reconnaît comme d'origine africaine, selon Claudia Mosquera Rosero. ‘’C’est de l'auto-reconnaissance, car il y a beaucoup de gens d'ascendance africaine qui disent ‘non, je n'ai rien à voir avec l'Afrique’. Ainsi, par ce processus d'auto-reconnaissance, nous sommes 25 % de la population’’, a-t-elle précisé. ‘’L’âme africaine, la culture africaine, l'éthos africain se sont transformés dans le Nouveau Monde, mais on peut encore trouver aujourd'hui de nombreuses résonances qui nous rapprochent’’, a-t-elle ajouté.

L’ambassadrice de la Colombie note que le continent noir dispose aussi de six millions d’hectares de l’autre côté de l’Atlantique. ‘’Les Afrodescendants colombiens continuent à s’évader dans une nation qui n’est pas plus accueillante avec nous. Ils continuent à construire des territoires, à reconstruire leur vie à chaque fois, et à être maîtres et souverains de ces territoires. Je veux conclure en disant que nous avons mis en place, en Colombie, un processus de titularisation des terres collectives. La population noire colombienne d’origine africaine possède six millions d’hectares de terres titrées de manière collective. C'est-à-dire que l’Afrique, en tant que continent, dispose de six millions d’hectares de l’autre côté de l’Atlantique. Et ça, c'est une nouvelle que je voulais partager avec vous’’, a-t-elle confié.

Pour sa part, l'ambassadrice de Cuba considère que cette exposition conjointe est une démonstration de l’unité latino-américaine et caribéenne au-delà de la région géographique. ‘’Elle montre également l’intégration africaine depuis l’autre côté de l'Atlantique et, en particulier, la reconnaissance constante que les autorités cubaines accordent à ces valeurs fondamentales, non seulement dans la conservation de l’héritage, mais aussi en articulant la volonté politique et législative d'éviter toute manifestation raciste ou de discrimination’’, a-t-elle indiqué.

Cuba a réalisé une exposition audiovisuelle et multimédia où l'utilisation de l’IA permet de faire revivre les patriotes de tous les temps, comme s’ils partageaient cette époque du XXIe siècle, où l’unité et la défense des valeurs humanistes sont plus que jamais nécessaires. On y montre surtout le profil de femmes noires au rayonnement de la culture cubaine. On peut noter Digna Guerra, directrice du Chœur national de Cuba et du Chœur de chambre Entrevoces. Elle est également professeure à l'Instituto Superior de Arte. Multi-récompensée, elle a participé à de nombreuses bandes originales de films et a produit plusieurs albums pour des maisons de disques à Cuba et dans d'autres pays. Son nom figure parmi les meilleurs chefs de chœur au niveau international. Elle a été députée à l'Assemblée nationale et est une héroïne du travail de la République de Cuba. Il y a aussi Fátima Patterson, actrice et dramaturge à la carrière théâtrale intense à Santiago de Cuba. Fondatrice de l'Articulation régionale afrodescendante et chef de file de l'espace théâtral Macuba, sa principale contribution est le sauvetage des racines populaires du folklore yoruba, en particulier les ‘’patakines’’, en apportant au théâtre des traditions vivantes ainsi que le Palo Monte et la poésie traditionnelle antillaise.

Une célébration de l'audace créative

Le secrétaire d’État au ministère sénégalais chargé de la Culture, Bacary Sarr, soutient que l'exposition ‘’Héritages Vivants’’ incarne, par son titre même, l'essence de ce que l’on chérit : une culture qui ne se contente pas de survivre, mais qui ‘’vit’’, respire et se réinvente à travers les générations. Il considère que l'Afrique et l'Amérique latine sont liées par une longue tradition d'amitié, au-delà des liens historiques, sociaux, culturels et d'une histoire partagée. ‘’Aujourd'hui, ce dialogue prend les couleurs de l'Amérique latine et de l'Afrique ; des terres unies par l'histoire, séparées par les océans, mais reliées par l'indestructible fil de la créativité. L'histoire nous rappelle que nos peuples ont traversé des épreuves communes. La traite transatlantique a déchiré des vies, mais elle a aussi semé des graines de résilience et de métissage. De ces graines ont germé la rumba cubaine, nourrie des rythmes africains ; les tambours vénézuéliens de San Juan, échos des ancêtres ; les danses colombiennes de la cumbia où se mêlent traditions indigènes et africaines. Autant de témoignages qui confirment, à ses yeux, qu'un héritage ne meurt jamais, il se transforme, surtout dans le cadre de la ‘’Renaissance collective’’.

Bacary Sarr considère qu’’’Héritages vivants’’ est un hommage aux gardiens des traditions, aux artisans de la résilience et aux sources intarissables de la prospérité collective qui font vibrer l'âme des peuples d’Afrique et des Amériques. C'est aussi, pour lui, une célébration de l'audace créative. ‘’Un patrimoine vivant n'est pas un musée figé, il est un champ fertile où poussent de nouveaux espoirs’’, a dit le secrétaire d’État à la Culture.

BABACAR SY SEYE

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