L’ENSA en grève de 72 heures

La section locale du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) de l’École nationale supérieure d’agriculture (Ensa) de Thiès a décrété, à partir de ce mercredi, 72 heures de grève totale. Le débrayage observé dans la matinée a été largement suivi par ses membres, signe de la détermination du corps professoral à faire entendre ses revendications.
Face à la presse, hier, les responsables du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) de l’École nationale supérieure d’agriculture (Ensa) de Thiès ont dressé un tableau préoccupant de la situation institutionnelle et fonctionnelle de l’école, 21 mois après la promulgation du décret n°2023-2304 du 1er décembre 2023. Ce texte, dit-on, conférait à l’Ensa son autonomie administrative et financière.
Or, selon le Saes, ‘’aucun dispositif structurel conforme n’a été mis en place par le Mesri’’, en dépit des multiples alertes, démarches officielles et mouvements de grève antérieurs.
‘’Force est de constater qu’aucun des mécanismes prévus par ce décret n’a été mis en place. L’Ensa continue de fonctionner comme si rien n’avait changé, sans organes de gouvernance, sans budget adéquat, et sans agent comptable propre’’, a regretté le Dr Mamadou Moustapha Mbaye, secrétaire général de la section.
Des correspondances restées sans réponse
Depuis février 2024, le syndicat affirme avoir multiplié les démarches auprès du ministère. ‘’Nous avons adressé plusieurs correspondances pour exiger l’organisation des élections, la mise en place du conseil d’administration, l’affectation d’un agent comptable particulier ou encore la régularisation budgétaire. Malheureusement, toutes nos alertes sont restées sans suite’’, a détaillé le Dr Mbaye.
Dans son intervention, le responsable syndical a pointé ‘’une volonté manifeste de retarder’’ l’effectivité de l’autonomie de l’école. ‘’Comment expliquer que l’Ensa ait été omise dans le décret de répartition des services ? Comment accepter que, vingt-et-un mois après, la passation de services n’ait pas encore eu lieu ?’’, a-t-il lancé, sous les applaudissements nourris de ses collègues.
Des revendications claires et urgentes
Les enseignants exigent, dans les plus brefs délais, l’organisation des élections aux postes de directeur, de directeur des études et de chefs de département ; l’affectation d’un agent comptable particulier pour gérer les finances de l’école ; l’installation effective du Conseil d’administration de l’Ensa.
Pour le syndicat, ces mesures ne sont pas négociables. ‘’Nous ne réclamons rien d’extraordinaire. Nous demandons simplement que la loi soit appliquée et que l’Ensa fonctionne conformément au décret de décembre 2023’’, a martelé le secrétaire général.
En attendant, le climat est tendu au sein de l’école. Plusieurs enseignants estiment que le bras de fer pourrait s’intensifier si les autorités ne réagissent pas. ‘’Cette grève de 72 heures est un signal d’alerte. Si le Mesri continue de faire la sourde oreille, nous allons durcir notre position et aller vers des mouvements plus longs’’, a confié un membre du syndicat.
Pour l’instant, aucune réaction officielle du ministère n’a été enregistrée. Mais du côté des enseignants, la détermination est claire : ‘’L’Ensa ne reculera pas. Nous irons jusqu’au bout pour que notre école bénéficie de l’autonomie qui lui est due’’, a conclu le Dr Mbaye.
NDEYE DIALLO (THIÈS)