Attention, nous sommes sur une pente glissante

Ce Sénégal, terre de dignité, ne mérite pas ce que nous sommes en train de vivre.
Le Sénégal de El Hadji Omar Tall, de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, d’El Hadji Malick Sy, de Baye Ibrahima Niass, de Seydina Limamou Laye, de Cheikh Bouh kounta, de Monseigneur Thiandoum… ce pays béni par les prières et les sacrifices de ses guides religieux, de toutes confessions.
Le Sénégal des résistants, fiers et courageux, qui ont tenu face à la colonisation et à l’injustice : Coly Téguélé, Bour Sine Coumba Ndoffène, Lat Dior Ngoné Latyr Diop, Alboury Ndiaye, Maba Diakhou Ba, Mamadou Lamine Dramé, Aline Sitoé Diatta… et tant d’autres.
Ils n’ont pas combattu pour qu’on détruise aujourd’hui ce qu’ils ont défendu au prix de leur vie.
Le Sénégal où le cousinage à plaisanterie existe encore, entre Peuls et Sérères, entre Sérères et Diolas, entre Wolofs et Mandingues.
Ce Sénégal où même les noms de famille racontent la parenté et la tolérance : les Diop et les Ndiaye, les Ba et les Diallo, les Diédhiou et les Ba, les Sagna et les Diatta.
Ce Sénégal où chrétiens et musulmans reposent dans les mêmes cimetières, à Ziguinchor, à Joal, et dans bien d’autres villes.
Ce pays où un Sérère épouse une Peule, où un Diola fonde sa famille avec une Wolof, sans que cela ne pose problème. Ce brassage ethnique et culturel est notre plus grande richesse.
Aujourd’hui, cette cohésion est menacée.
Nous sommes sur une pente dangereuse.
Il est impératif de préserver l’héritage de nos ancêtres, la paix sociale, le vivre-ensemble que le monde entier nous envie.
Nous devons dire stop aux discours haineux, aux insultes gratuites, à la banalisation de la division, surtout sur les réseaux sociaux.
Nous lançons un appel solennel à nos frères et sœurs des médias, aux chroniqueurs, aux influenceurs, aux journalistes :
Votre responsabilité est grande. Vous avez entre vos mains la puissance des mots, de l’image, de la narration. Utilisez-la pour construire, et non pour diviser.
On peut être militant, partisan, supporter d’un parti ou d’un leader politique, mais cela ne doit jamais nous conduire à insulter, à calomnier, ou à s’attaquer aux ethnies, aux confréries religieuses, au croyances et aux figures historiques de notre pays.
Le Sénégal est une nation faite de diversité et unie dans cette pluralité.
Ce tissu social commence à se déchirer. Et si nous n’y prenons garde, nous risquons de tomber dans des dérives que d’autres pays, hélas, connaissent déjà.
Je ne citerai pas de noms, mais beaucoup de nations sont aujourd’hui en guerre ou en crise à cause de ces mêmes dérives : l’ethnicisme, le tribalisme, la haine religieuse, la manipulation des masses.
Le gouvernement du Sénégal doit prendre ses responsabilités.
Agir pendant qu’il est encore temps. Prévenir plutôt que guérir.
Ce pays ne mérite pas de sombrer. Il mérite qu’on le protège.
Protégeons le Sénégal. Protégeons-nous les uns les autres.
Nio Far.
Ousmane Gandhy Bâ.