Publié le 17 Jun 2022 - 16:31
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES

La société civile propose sa médiation

 

Pour sortir de l’impasse politique, deux grandes plateformes de la société civile (la Pacte et le Cosce) dégagent une feuille de route qui pourrait aider les acteurs politiques à sortir du gouffre.

 

L’histoire se répète. Comme aux Législatives de 2007 et à la Présidentielle de 2012, la montée des tensions politiques devient de plus en plus inquiétante pour nombre d’observateurs. Pour éviter le pire, certains acteurs de la société civile invitent les parties prenantes à savoir raison garder. Regroupés autour du Cosce (Collectif des organisations de la société civile pour les élections) et de la Pacte (Plateforme des acteurs de la société civile pour la transparence des élections), ces acteurs se disent ‘’vivement préoccupés par la dégradation du climat politique marqué par de graves risques de confrontation entre le pouvoir et l’opposition’’.

Dans une déclaration parvenue à ‘’EnQuête’’, ils sont largement revenus sur un certain nombre de pistes qui pourraient tirer le Sénégal de cette crise. ‘’Convaincue que notre pays a, en son sein, les ressources aptes à  trouver les solutions appropriées lui permettant de sortir de cette situation, la société civile se propose d’explorer avec les mandataires des listes de candidats et les autorités toutes affaires cessantes, la mise en œuvre des pistes suivantes…’’.

D’abord, les signataires proposent de rencontrer, si l’occasion leur est offerte, les différentes listes de candidats en lice pour recueillir leurs opinions et leurs propositions sur la situation. Ensuite, ils comptent travailler à la désignation, par le président de la République, d’un expert indépendant sur proposition de la société civile, d’organiser une concertation entre les différentes listes de candidats sur la base d’un rapport présenté par l’expert désigné.

Aussi, il s’agira de faire des propositions consensuelles devant aboutir à des élections inclusives et, enfin, d’assurer le suivi de la mise en œuvre des accords issus de cette concertation par la société civile, en rapport avec l’Administration.

Pendant ce temps, Elimane H. Kane regrette avec beaucoup d’amertume cet éternel recommencement. Le président de Legs Africa s’indigne : ‘’Aujourd'hui comme hier, la danse frénétique  des loups, louvoyant les sièges des sinécures, met l'ambiance nauséabonde dans nos rues et dans  nos  foyers. Pourquoi veulent-ils allumer  le feu et verser le sang des innocents après avoir eux-mêmes créé les conditions de leur propre impasse ?  N'ont-ils pas de miroir pour se regarder en face et voir ces poutres plantées sur leurs visages ? N'ont-ils pas de rétroviseur pour remonter le temps et apprendre de leurs errements du passé ?’’

Plus jamais de vies sacrifiées pour un éternel retour à la case départ

En fait, le militant de la société civile n’en peut plus de voir tous ces combats menés par le peuple et qui finissent la plupart du temps dévoyés par des hommes politiques aux desseins inavoués. ‘’En 2011-2012, tient-il à rappeler, ils ont occupé la rue, bravé les chars, essuyé des jets d'eau chaude. Ils ont enterré nos frères et fils pour une  cause trahie par leurs véritables intentions que l'histoire a révélées tardivement… Ce pays au beau peuple qui a toujours su se tirer d'affaire quand d'irresponsables agitateurs avides de pouvoir tentent de secouer notre pirogue’’.

À l’en croire, ces folies meurtrières n’ont jamais réglé les maux véritables dont souffrent les populations, malgré toute l'énergie populaire des suiveurs de conviction. ‘’En février 2012, lance-t-il aux suiveurs, le lourd bilan humain a donné ceci : Ousmane Ngom n'a pas démissionné et n'a pas été démis de ses fonctions de ministre de l'Intérieur ;  le Conseil constitutionnel a été encore moralement incompétent ; Wade a été candidat pour un 3e mandat ; il n'y a pas eu de transition, malgré la médiation d’Obasanjo ; les élections se sont tenues à date échue ; le candidat élu n'a pas été à la place du grand rassemblement’’.

Le défi démocratique, selon le président de Legs Africa, a été relevé par un peuple vaillant et silencieux, qui est allé voter dans un  calme relatif et a sanctionné la turpitude du candidat clandestin Me Wade. Et de fustiger : ‘’Aujourd'hui, les mêmes acteurs qui ont entre-temps changé de posture reviennent créer les mêmes problèmes… Telle est la vérité historique de mon pays, au-delà de la clameur opportuniste bien entretenue à des fins partisanes, au nom de la démocratie. Laissons les citoyens arbitrer et ils n'ont (pour le moment) que le jour du vote pour le faire. Plus jamais de vies sacrifiées pour un éternel retour à la case départ !’’

Mais tout ne semble pas perdu, d’après le Cosce et la Pacte qui se veulent encore optimistes. Pour justifier leur démarche, ils invoquent, les déclarations de la Commission électorale nationale autonome à l’appui, les dysfonctionnements dans le processus. ‘’C’est pourquoi la société civile, tout en renouvelant son appel au calme et à la sérénité aux différentes coalitions et listes de candidats engagées dans la compétition des Législatives du 31 juillet 2022, est prête à apporter, comme elle l’a toujours fait, sa contribution pour une solution juste et inclusive de la crise préélectorale qui risque, si l’on n’y prend pas garde, de compromettre l’organisation d’élections libres, transparentes et paisibles’’, disent-ils dans la déclaration signée par plusieurs organisations dont l’ONG 3D,  la Raddho, le Réseau Siggil Jigeen, la LSDH, l’ONDH, l’Urac, l’Ajed, l’Anafa, Cerag, Handicap Form Educ et Dialogue citoyen.

MOR AMAR

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