Publié le 5 May 2023 - 20:13
ÉNERGIES DURABLES ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE

Les chantiers de la transition énergétique

 

Face à une demande en énergie de plus en plus croissante, il faut une modification profonde des modes de production et de consommation, pour atteindre les objectifs de développement du pays. Avec le Programme d’énergies durables, la tutelle entend faire des économies d’énergie et renforcer la pénétration des énergies renouvelables, entre autres.

 

L’économie mondiale dont la croissance dépend fortement de l’énergie, principalement des énergies fossiles, est durement affectée ces derniers temps, en particulier par l’instabilité du prix du pétrole brut, qui connaît actuellement un niveau élevé et soutenu, combiné aux impacts négatifs de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine.

C’est l’avis du ministre du Pétrole et des Énergies (MPE). Il présidait hier la cérémonie d’ouverture de l’atelier d’Actualisation de la planification de la deuxième phase du Programme d’énergies durables (PED). 

Ainsi, face à une demande en énergie de plus en plus croissante en corrélation au prix, d’après elle, une modification structurelle profonde des modes de production et de consommation devient une nécessité, nonobstant que les productions de pétrole et de gaz naturel vont démarrer à la fin de cette année 2023. Aussi, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, les pays qui l’ont ratifié, à l’image du Sénégal, ont résolument pris les engagements fermes d’atténuer les émissions de gaz à effet de serre par une réduction de la consommation des énergies fossiles.

C’est dans ce sens que la tutelle est en pleine négociation avec les partenaires du G7, dans le cadre d’une transition énergétique juste pour laquelle l’Allemagne est un acteur majeur. ‘’Le Sénégal dépend fortement de l’extérieur pour son approvisionnement en énergie, avec un taux de dépendance énergétique moderne (hors biomasse) d’environ 95 %, dû essentiellement aux produits pétroliers. Toutefois, cette tendance devrait s’inverser dans les prochaines années avec l’exploitation de nos ressources pétrolières et gazières’’, souligne la ministre.

Sophie Gladima renseigne, en outre, que ‘’notre système énergétique actuel est confronté, entre autres, à une demande d’énergie de plus en plus croissante, qui va croître de manière exponentielle durant les années à venir pour soutenir les objectifs de croissance économique accélérée, déclinés à travers le Plan Sénégal émergent (PSE), à un gap important pour l’accès aux services énergétiques modernes, avec un taux d’électrification rurale de l’ordre 58 % en 2021 et une part d’environ 81 % très importante de la biomasse (bois, charbon de bois) dans la consommation finale des ménages, à un prix de l’énergie élevé, qui pèse sur le budget des entreprises et des ménages, à un potentiel d’énergies renouvelables et d’économie d’énergie important, mais sous-exploité’’.

C’est pourquoi, dit-elle, que la Lettre de politique de développement du secteur de l’énergie (LPDSE) comporte des objectifs ambitieux pour une transition énergétique. Ils se déclinent en termes d’économie d’énergie, de renforcement de la pénétration des énergies renouvelables, avec une capacité installée d’origine renouvelable dans la production d’électricité de 506 MW (environ 28 %) en 2022 et d’une forte option de pénétration du gaz naturel au niveau de la production d’électricité à travers la stratégie ‘’Gas to Power’’.

In fine, l’objectif est de parvenir à un développement sobre en carbone, permettant d’atteindre les objectifs pris par l’État du Sénégal au niveau de la Contribution nationale désignée (CDN) dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

Politique de mix énergétique et maitrise de l’énergie

En effet, souligne la ministre, une utilisation rationnelle de l’énergie est la base du développement durable et de la sortie de la crise énergétique. ‘’La promotion d’une politique de mix énergétique et d’efficacité est le gage d’une meilleure maitrise de l’énergie, bref de l’accès à l’énergie durable. Cette vision est une réalité au Sénégal, avec l’existence de structures dédiées telles que l’Agence nationale pour les énergies renouvelables (Aner), l’Agence pour l’économie et la maitrise de l’énergie (AEME), l’Agence d’électrification rurale (Aser) mais aussi avec une volonté politique affirmée, qui concourent à l’atteinte de l’objectif global décliné au niveau de la LPDSE, à savoir ‘’une énergie durable, de qualité, respectueuse de l’environnement et fondement de l’émergence du pays’’.

Dans ce sens, le Programme énergies durables (PED) constitue une opportunité pour une meilleure atteinte de cet objectif.  C’est là où intervient la coopération entre le Sénégal et l’Allemagne, saluée par Sophie Gladima. Une coopération technique et la coopération financière mise en œuvre respectivement par la GIZ (coopération allemande) et la KFW (banque allemande de développement). 

Ainsi, la rencontre d’hier devrait permettre d’obtenir une nouvelle matrice des résultats issus des recommandations adoptées, suite aux négociations entre les parties allemandes et sénégalaises, servant de document de projet et de guide pour le PED 2 ; un plan opérationnel sur la période 2023-2025 et un plan de travail pour 2023. 

CHEIKH THIAM

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