Les grands défis à relever
Le Consortium pour la recherche économique et sociale (Cres), en partenariat avec le Consortium pour la recherche économique en Afrique (Crea), a organisé, hier à Dakar, un atelier de partage des résultats des études du projet "Développement du capital humain en Afrique".
Le Consortium pour la recherche économique et sociale (Cres) a organisé un atelier de partage des résultats des études du projet "Développement du capital humain en Afrique". Quatre sujets d'étude ont été retenus pour le projet qui a vu la participation du Consortium pour la recherche économique en Afrique (Crea) : "Coût-efficacité du programme couverture maladie universelle (CMU) au Sénégal" ; "Migration de retour et insertion professionnelle au Sénégal" ; "Participation des femmes au marché du travail et progression scolaire des enfants au Sénégal" et "Efficacité de la formation professionnelle en alternance entre l'entreprise et le centre de formation au Sénégal".
Lors de la présentation de l'étude sur l'efficacité du programme de CMU, la chercheuse au Cres, co-auteur de ladite étude, Fanta Ndioba Sylla, a révélé que l'évaluation du programme de la CMU a permis de montrer l'efficacité dudit programme en termes d'utilisation des soins de santé et les gains de productivité mesurés par le nombre de jours de travail perdus en raison d'une maladie. "Les résultats ont notamment montré que le nombre d'utilisations de soins de santé a augmenté de 17 % avec le programme CMU. Les bénéficiaires du programme peuvent éviter un jour de travail perdu en raison d'une maladie", a souligné la chercheuse.
La population active n'a pas trop bénéficié de ce programme, parce que, dit-elle, "l'adhésion au programme est volontaire, c'est-à-dire, chaque individu peut choisir d'adhérer ou pas. Et ce qu'on constate, il y a une faible attractivité du paquet de soins offerts par le programme CMU, ce qui fait que les individus ne sont pas incités à adhérer au programme. Ce qui explique que cette tranche de la population est exclue des bénéficiaires".
Pour un accès de tous au programme, madame Sylla recommande à l'État d'améliorer l'attractivité du paquet de soins, afin d'inciter les populations potentiellement bénéficiaires à y adhérer et aussi étendre la Couverture de la maladie universelle (CMU) pour que les pauvres et les plus vulnérables y accèdent.
Insuffisances sur la méthodologie de l'étude
Selon Seydina Alioune Ndiaye, participant et représentant du Medes, la méthodologie de l'étude aurait pu avoir une approche quantitative. Parce que, dit-il, "si on met un programme de 2013 jusqu'à 2023, après 10 ans, on aimerait dans la présentation savoir concrètement quel est le coût actuel de la CMU au budget de l'État ? En effet, on sait qu'actuellement, le budget de l'État est soumis à des contraintes très fortes. Si l’on met en place un programme qui doit justement atteindre les objectifs de l'ODD3 pour une meilleure inclusion des populations vulnérables, il serait bien, dans la présentation, d’avoir une approche quantitative pour savoir quel est le budget global de la CMU".
Ainsi, ajoute-t-il, il serait également bien de savoir quel est le nombre de bénéficiaires total pour voir si le programme est efficace ou s'il ne l'est pas. "J'ai noté qu'il a un très grand problème d'accès à l'information de la CMU. Le commun des Sénégalais n'est pas informé et ne connaît pas les tenants et aboutissants du programme, et il y a de grands efforts à faire. La dette de la CMU par rapport aux prestataires de santé, c'est vraiment quelque chose d'énorme", se désole-t-il.
"Retour de migrants et insertion professionnelle"
L'étude sur "Migration de retour et insertion professionnelle au Sénégal" a essayé d'évaluer dans quelle mesure la migration de retour affecte l'insertion professionnelle. "Nous avons trouvé que, quelle que soit la zone de provenance, les migrants de retour ont plus de chances de s'insérer que les non migrants sur le marché du travail sénégalais. Également, quels que soient les motifs du retour, ils ont la possibilité d'avoir un emploi décent et non précaire", a fait savoir la chercheuse au Cres, co-auteur de l'étude, Soukeyna Diallo.
Ainsi, poursuit-elle, "notre étude a également montré qu'avant leur départ, pour la plupart, ils évoluent dans le secteur agricole. Une fois dans les pays d'accueil, ils font plus de commerce et de service".
En outre, renseigne-t-elle, 11 % des migrants sont revenus parce qu'ils ont terminé leurs études ou ils sont en fin de contrat de travail. "Il est très intéressant d'inciter ceux qui sont dans ces pays de revenir, parce qu'on a vu qu'ils ont la chance de s'insérer et, pour se faire, il faut essayer de partager les expériences des migrants de retour, de les informer sur la possibilité d'insertion. Il y a une politique à faire pour les inciter à revenir", plaide Mme Diallo.
Selon la chercheuse, l'étude a également montré que près de la moitié des migrants de retour veulent migrer à nouveau et c'est un problème qu'il faut essayer de résoudre.
FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)