Publié le 6 Nov 2017 - 22:53
‘’LA FILLE BENIE DU SINE’’

Oumar Sène chante ‘’l’amour responsable’’

 

Oumar Mignafary Sène, 27 ans, étudiant en Master 2 au Département anglais de l’UCAD, vient de publier aux éditions L’Harmattan son ouvrage intitulé ‘’La fille bénie du Sine’’. Un hymne à ‘’l’amour responsable’’ qui sera présenté au public aujourd’hui au Centre culturel Blaise Senghor.

 

Les barrières se sont effondrées. La femme africaine a désormais les moyens de s’épanouir dans une société plus ouverte, plus tolérante. Cette position optimiste est celle du jeune auteur de 27 ans, Oumar Mignafary Sène. Originaire de la ville du président, Fatick, il vient de publier aux éditions L’Harmattan ‘’La fille bénie du Sine’’. Celle-ci, dans le livre, s’appelle Ndella Diop. Elle est symbole de la ‘’bonne épouse’’, sénégalaise, africaine. Ce qui ne l’a nullement empêchée d’être une étudiante brillante, première durant tout son cursus. Dès le bas âge, elle décline ses ambitions : ‘’Etre médecin.’’ Elle s’en donne les moyens et évite tout divertissement susceptible de l’en éloigner : les garçons, les boites de nuit… Aucun homme n’a jamais réussi à la détourner de l’essentiel. Ce n’est qu’après le Baccalauréat qu’elle décide d’accepter les avances de Khar Ndoffène Diouf. Avec lui, elle forme une relation amoureuse solide, enviée de tous.

Dans un contexte marqué par de nombreux conflits conjugaux, Oumar Sène entend ainsi jouer sa partition en militant pour des unions plus ‘’responsables’’. Son ouvrage sonne comme un hymne à l’amour, le vrai. Au centre, deux jeunes qui ‘’se respectent et s’aiment à la folie’’. L’épouse Ndella Diop est, selon lui, le prototype de la femme africaine. ‘’Elle est belle, respectueuse et dévouée à son mari’’, clame-t-il. Elle est aussi ‘’intelligente et très entreprenante’’. Ses discussions avec sa grand-mère, Mame Yama, plongent le lecteur dans le contexte des générations anciennes.

Un jour, Ndella, partant d’un constat, interroge sa mammy en ces termes : ‘’De nos jours, les filles font l’objet d’harcèlements de toutes sortes de la part des garçons. Ils nous pourchassent partout, à l’école, dans les rues partout… Est-ce que cela existait à votre époque ?’’ Ravie de cette question aussi responsable de sa petite fille, Mame Yama répond : ‘’Absolument pas !’’ Puis, elle développe et explique comment se nouaient les relations amoureuses à sa petite fille, émerveillée : ‘’Ces effets de mode, on ne les connaissait pas. La jeune fille, du matin au soir, restait à côté de sa maman, soit dans la cuisine, soit dans les champs. Et une fois en âge de se marier, son père pouvait se lever un beau jour et lui présenter son futur époux qu’elle n’a peut-être jamais connu auparavant. Et on était obligée de cheminer avec ledit homme. C’était pour toute la vie’’, explique la vieille dame, non sans critiquer les nouvelles méthodes adoptées par les jeunes.

Si ce n’était les parents qui présentaient aux filles leur époux, c’était au cours de veillées culturelles, lieux de rencontre entre jeunes filles et garçons. Mame Yama explique : ‘’C’était des nuits où tout le monde se rassemblait. Les prétendants d’une fille s’exposaient devant cette dernière en montrant leur puissance et leurs pouvoirs. Ils pouvaient faire des miracles ou donner de l’argent à la demoiselle. Celui qui remporte la partie pouvait rendre visite aux parents et demander en mariage la jeune fille. C’était donc une concurrence saine entre les hommes’’, défend Mame Yama.

A cette époque, poursuit-elle, ‘’on n’osait jamais engrosser une fille avant de l’avoir épousée. Cela constituait une atteinte à l’honneur de la famille’’.

Vu la fréquence de ces phénomènes, des divorces et grossesses hors mariage, l’auteur, expliquant les raisons qui l’ont poussé à écrire, plaide pour plus de responsabilité : ‘’J’ai remarqué que, de nos jours, il existe beaucoup de problèmes dans les couples, surtout chez les jeunes. Les divorces sont nombreux et c’est dégoûtant. Pour moi, le mariage est quelque chose de très sérieux. On doit se marier pour l’éternité et non pour un bout de temps. C’est donc pour sensibiliser les jeunes par rapport à cette thématique que j’ai écrit ce roman.’’ Sous ce prétexte, il aborde également plusieurs autres sujets, les uns plus importants que les autres.

En effet, derrière la réussite insolente de Ndella devenue médecin et maman aimante, se cachent le courage, la persévérance, le sérieux. L’auteur parle aussi des secrets de la réussite scolaire, des relations amoureuses entre professeurs et élèves, et tant d’autres problématiques intéressantes.

Friand de lecture et de cinéma, Oumar a fini son ouvrage depuis 2011. Il avait alors 21 ans. ‘’La publication a mis du temps parce que je n’avais pas les moyens. Orphelin, je n’avais que ma bourse qui me permet juste de survivre. J’ai demandé le soutien à toutes les autorités de ma ville, mais j’ai l’impression qu’elles ne sont intéressées que par les activités folkloriques. C’est le moment pour moi de leur demander plus d’égard pour les activités culturelles’’, plaide le jeune écrivain.

Oumar Sène a, en effet, perdu ses père et mère la même année, après avoir obtenu avec la mention ‘’Bien’’ son diplôme de Baccalauréat. Etudiant en Master 2 au Département anglais de l’UCAD, il est aussi scénariste, metteur en scène et fondateur d’une troupe théâtrale.

 

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