Publié le 26 Mar 2013 - 07:15
AN 1 MACKY SALL- ÉDUCATION

«Remise en cause», accusent les syndicats

 

Le secteur de l'enseignement, aujourd'hui comme hier, est abonné aux incertitudes malgré le changement de régime.

 

Une année (présidentielle) de tangue pour l'éducation nationale. Cette situation, les acteurs l'analysent comme une grande déception après les promesses d'avant élection du candidat Macky Sall. Les syndicats courent toujours derrière le gouvernement «pour le respect des accords signés» mais celui-ci persiste dans le «tâtonnement».

 

Selon le secrétaire général du Cadre unitaire syndical de l’enseignement supérieur (CUSEMS), la situation est aujourd'hui au stade d'avant l'alternance du 25 mars 2012. «Avant l'accession de Sall au pouvoir, nous avons reçu une délégation de la coalition Macky 2012. Elle nous a demandé de suspendre notre mot d'ordre de grève le temps que le nouveau pouvoir s'installe, et examine nos doléances. Nous avons dit oui. Malheureusement, depuis qu'ils se sont installés, ça n'a pas bougé du tout... '', a déclaré M. Sarr.

 

Pour les syndicalistes, sur les points de leur plate-forme revendicative, un seul a fait l'objet d'une entente avec le gouvernement. C'est l'augmentation du salaire des vacataires, qui doit passer de 110 000 à 150 000 francs Cfa et qui doit être annualisé. ''Mais encore une fois, nous n'avons qu'un accord de principe. Aucun protocole n'a été signé'' a-t-il précisé.

 

Selon Mamadou Lamine Dianté, secrétaire général du Syndicat autonome de l'enseignement moyen secondaire (SAEMS), l'inquiétude est de mise après un an de gouvernance Sall. «La crise est toujours là (car) le président s'était engagé à respecter les accords signés avec les syndicats d'enseignants, il ne l'a pas fait.» Entre la déconcentration de la formation des professeurs de collèges, les passerelles professionnelles dans le moyen secondaire, la validation aux 2/3 des années de vacation et de contractualisation pour les enseignants intégrés comme fonctionnaires, la vulgarisation des indemnités de logements des professeurs contractuels, «rien n'a été réalisé et les autorités sont même dans la position de remettre en cause les accords», dénonce M. Dianté.

 

Une difficulté confirmée par Souleymane Diallo, le secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS). «Jusqu'au moment où je vous parle, il n'y a rien de concret. C'est le statu quo total voire un recul. Il n'y a aucun changement dans la situation des enseignants, c'est la persistance du dilatoire», constate-t-il.

 

Ce qui irrite les syndicats, c'est l'intention affichée par l'Etat d'appliquer la validation au 1/3 des années de volontariat, de vacation et de contractualisation pour les enseignants titularisés comme fonctionnaires sans paiement de rappels. Et sur l'indemnité de logement des enseignants, il dit être engagé dans l'étude du système de rémunération et de motivation des agents de l’État, sans lequel il affirme ne rien pouvoir proposer. En ce qui concerne la déconcentration de la formation diplômante des professeurs du collège et les passerelles professionnelles dans le moyen secondaire, le gouvernement a annoncé que ses reformes ont dépassé le cap de l'Assemblée de faculté et de l'Assemblée de l'université. Nos tentatives pour joindre le ministère de l'Education nationale ont été vaines...

 

 

POINT DE VUE - Mamadou Ndoye (ancien ministre)

 

«L’éclatement du mouvement syndical est source de surenchère»

 

L’éclatement du mouvement syndical est ''source de surenchère sur le plan revendicatif'', a soutenu l’ancien ministre de l’Education nationale, Mamadou Ndoye, interrogé sur la situation de l’école sénégalaise, mardi à Dakar, en marge de la clôture de la Consultation mondiale sur l’éducation, en perspective de l’élaboration de l’agenda de développement post 2015. «Le mouvement syndical est si éclaté et évidemment avec la compétition, cela donne des surenchères sur le plan revendicatif’’, a dit M. Ndoye, expert dans le domaine de l’éducation et consultant dans le processus d’élaboration de cet agenda post 2015.

 

«Cela produit une sorte d’anarchie, parce qu’on ne peut pas négocier avec mille syndicats. Il faut que le mouvement syndical du secteur de l’enseignement se réunifie pour qu’on puisse avoir un interlocuteur crédible qui se sent responsable’’, a-t-il souligné. Or, «l’Etat ne dispose pas à l’heure actuelle de cet interlocuteur.»

 

«Il y avait des règles et le gouvernement de la première alternance (2000-2012) les a complètement brisées, en ouvrant la boîte de Pandore’’, selon Mamadou Ndoye. «Les mouvements syndicaux ont fait des pressions et la seule arme du gouvernement a été de faire des promesses qu’il savait ne pas pouvoir tenir et, à chaque fois, il y a des grèves pour dire que ces engagements n’ont pas été respectés», a fait valoir M. Ndoye. «Nous sommes dans un cycle et il faudra à un moment ou à un autre arrêter, parce que cela détruit l’école sénégalaise», a-t-il relevé.

 

 

Viviane DIATTA

 

 

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