Les experts planchent sur la sécurité en Afrique de l’Ouest
La situation sécuritaire dans la sous-région demeure préoccupante, vu qu’elle est marquée par l’exacerbation des conflits intraétatiques, ethniques et religieux, la montée en puissance du terrorisme et les coups d’État. C’est l’avis du ministre des Forces armées, Me Sidiki Kaba
Dans le cadre de la célébration de son dixième anniversaire, le Centre des hautes études de défense et de sécurité (CHEDS) organise, les 6 et 7 juillet 2023, à Dakar, un colloque international sur le thème ‘’Enjeux et défis pour une sécurité collective effective en Afrique de l’Ouest : quelles solutions ?’’. Il réunit 150 participants, dont 30 venant de l’extérieur. La rencontre est présentée comme un tournant invitant à l’introspection pour évaluer les forces et les faiblesses des actions et des programmes menés jusque-là, afin d’y apporter les améliorations nécessaires.
Venu présider cette activité, le ministre des Forces armées a rappelé que le 3 janvier 2023, le CHEDS a bouclé une décennie d’existence, au cours de laquelle il a bâti sa réputation et s’est forgé une place respectable parmi les organismes similaires de la sous-région. Et que de nombreuses autres activités ont déjà été menées pour marquer cet anniversaire.
‘’Faudrait-il d’ailleurs rappeler que le CHEDS a été voulu et créé par le président de la République Macky Sall lui-même, par décret n°2013-12 du 3 janvier 2013, donc quelques mois seulement après son accession à la magistrature suprême en avril 2012. Au cours des dix dernières années, le CHEDS a fait œuvre éminemment utile en termes de formation. Les anciens auditeurs aux deux Masters et autres programmes de formation du CHEDS, qui se comptent par centaines, constituent aujourd’hui une masse critique de ressources humaines civiles et militaires qui apportent une contribution positive à divers secteurs privés comme publics’’.
Maitre Sidiki Kaba d’ajouter : ‘’Alors que notre sous-région, il y a quelques décennies, avait fait preuve de plus de résilience, la situation sécuritaire actuelle demeure préoccupante. Elle est surtout marquée par l’exacerbation des conflits intraétatiques, ethniques, religieux, la montée en puissance du terrorisme, les coups d’État, etc. C’est sur cette toile de fond assez sombre que la tenue de cette rencontre nous offre l’occasion de réfléchir et de conjuguer nos efforts pour répondre aux défis majeurs auxquels l’Afrique de l’Ouest est confrontée. Mais il faut retenir que face à cette tendance à la violence structurelle et évolutive que nous vivons, la seule réponse militaire ne saurait plus suffire. À l’évidence, une stratégie plus inclusive intégrant les divers leviers de la sécurité humaine s’impose.’’
Ainsi, fait remarquer Me Kaba, aucun État pris isolément ne peut faire face à tous ces défis sécuritaires émergents. ‘’Le Sénégal, en ce qui le concerne, ne ménagera aucun effort pour renforcer sa posture et son engagement dans la lutte collective contre le terrorisme, l’extrémisme violent aussi bien sur son sol que dans l’espace CEDEAO, en coopération avec les pays voisins et en mettant notamment en œuvre des mesures de prévention et d’intervention très fortes’’, ajoute-t-il.
Le ministre renseigne à ce propose que, ces dernières années, le chef suprême des armées a instauré une politique de défense axée sur la montée en puissance des armées, à travers le programme 20-25.
Le colloque sera donc, pour lui, l’occasion de porter la réflexion sur le rôle et les capacités de la CEDEAO comme pilier majeur de la sécurité collective en Afrique de l’Ouest. ‘’Au cours des travaux en sessions plénières comme en ateliers, il est attendu des conférenciers et des participants parmi lesquels figurent des autorités civiles et militaires, des experts reconnus, des théoriciens et des acteurs du terrain, des solutions efficientes, intégrées et innovantes pour améliorer la sécurité collective en Afrique de l’Ouest afin de construire la résilience et conforter la coopération sous-régionale, un narratif traduisant la vision sécuritaire sous-régionale sur la base des leçons apprises des expériences de régionalisation de la sécurité en Afrique et dans le reste du monde, une évaluation des mécanismes de paix et de sécurité de la CEDEAO et de l’Union africaine, et des propositions de solutions en vue d’une meilleure efficacité, la prise en compte du rôle de la société civile, des communautés de jeunes, de femmes et des autorités traditionnelles pour une réponse effective et inclusive aux menaces sécuritaires actuelles dans la sous-région’’, indique le ministre des Forces armées.
CHEIKH THIAM