Le président Senghor encore célébré hier
Ils ont été nombreux, hier, à prier pour le premier président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor. Ce 20 décembre marquait les 20 ans de son décès. Considéré par ses proches comme le ‘’précurseur’’ de la démocratie sénégalaise, le poète a marqué les esprits aussi bien au Sénégal qu’en France où il a résidé après sa retraite politique.
‘’En ce vingtième anniversaire de sa disparition, je salue la mémoire du président Léopold Sédar Senghor. Intellectuel, un des plus grands poètes du XXe siècle, homme d’Etat, le premier président du Sénégal est, avec ses compagnons, le bâtisseur de l’Etat moderne du Sénégal’’, a twitté l’actuel président de la République Macky Sall.
Si le chef de l’Etat s’est exprimait sur Internet, les anciens camarades de parti du fondateur du Parti socialiste (PS) se sont rendus sur sa tombe pour y déposer des fleurs. ‘’Tout ce que le Sénégal a aujourd’hui, c’est grâce à Senghor. C’est lui qui a créé la République. C’est lui qui a créé les institutions, qui les a fortifiées. Si nous sommes aujourd’hui indépendants, c’est grâce à lui. C’est pourquoi nous comptons déposer des fleurs sur sa tombe chaque année. Ceci, pour l’honorer et lui prouver que nous ne l’avons pas oublié’’, témoigne son ex-chef de cabinet Mar Diouf. Si le Sénégal est un pays ‘’apaisé’’, son camarade de parti, Jean-Baptiste Diouf, estime que c’est grâce à Senghor. ‘’Nous sommes tous des cousins à plaisanterie, alors que dans les pays voisins, on voit des guerres ethniques. Il avait un savoir multidimensionnel’’, dit-il.
Académicien, poète, ‘’érudit’’, Senghor est considéré par le maire de Cannes et président de l'Association des maires de France comme un ‘’cohérent paradoxal’’. ‘’Il y a 20 ans, disparaissait le grand Léopold Sédar Senghor, ancien Ministre du général De Gaulle avant d’être le premier Président du Sénégal indépendant. Académicien, poète, érudit, il était un cohérent paradoxal, qui établissait un pont culturel entre l’Europe et l’Afrique. Concept de négritude dont, avec bien sûr Aimé Césaire, Senghor était un des pères et qu’il ne concevait pas en repli identitaire et sectaire - on dirait aujourd’hui ‘racialiste’ - mais comme un élément de fierté ouverte’’, écrit David Lisnard sur Twitter.
Pour le directeur adjoint de la rédaction du ‘’Figaro’’, le combat du fils de Joal était aux ‘’antipodes’’ de celui des militants actuels de la ‘’cancel culture’’. ‘’Académicien, poète et président du Sénégal pendant vingt ans, Léopold Sédar Senghor a, toute sa vie, cherché à jeter des ponts entre l’Occident et ses racines africaines. Le combat de ce pur produit de la méritocratie était aux antipodes de celui des militants actuels de la ‘’cancel culture’’ et du décolonialisme’’, twitte Yves Thréard.