‘’Un art qui n’a pas de racines ne peut pas aller loin’’
Aujourd’hui est fêtée la journée internationale de la danse (l’entretien est réalisé hier), quel message avez-vous pour vos pairs et les autorités ?
Je trouve que c’est une grande reconnaissance qu’ils ont eue à mon endroit. Je remercie le ministre de la Culture, la presse culturelle aussi (ndlr, l’Association de la presse culturelle du Sénégal l’a primée). C’est une reconnaissance pour tous les danseurs sénégalais. Je trouve que c’est un bel hommage, une belle reconnaissance. Avec cela, je me dis et je leur dis qu’il faut toujours avoir la ténacité et le vœu de faire de la bonne danse. Une danse qui part de nos traditions pour aller vers la modernité. Parce qu’un art qui n’a pas de racines ne peut pas aller loin et va tomber. C’est ce message que j’envoie aux danseurs. Il est important qu’ils connaissent leurs danses patrimoniales et de faire une reconversion. C’est-à-dire de récréer cette danse dans les temps modernes.
Comment appréciez-vous l’évolution de la danse au Sénégal ?
Je trouve qu’elle évolue très très bien. Il est possible de se faire former si on le souhaite. Il y a pas mal de centres de formation. Et les jeunes s’appliquent dans ce qu’ils font, que cela soit dans les danses patrimoniales, contemporaines et urbaines. Les jeunes vont se faire former et font beaucoup de progrès. Maintenant, il y a un éveil du gouvernement sénégalais qui a décidé d’aider les structures qui ont fait leurs preuves. C’est un premier pas et c’est important pour aider au développement de la danse qui est la mère de tous les arts. La formation est importante. Il faut se former. Plus il y aura de formation et des encouragements, plus la danse va se développer.
Comment êtes-vous arrivée à monter l’école des Sables ?
J’ai d’abord mis mes propres moyens. J’avais un appartement à Paris que j’ai vendu. Mon mari Helmut avait un héritage de ses parents. Avec l’argent de la vente de mon appartement et l’héritage de mon mari, on a acheté des terrains à Toubab Dialaw et on a commencé à les construire. Après ‘’Mudra Afrique’’, j’étais partie en Europe parce qu’il n’y avait plus de possibilités pour nous après le départ du Président Senghor. Tout était bloqué et j’étais obligée de partir en Europe. J’ai commencé à chercher les moyens pour construire une école de danse.
Au bout de 10 ans, quand je me suis rendu compte que cela ne marchait pas en France, je suis revenue. Je faisais des stages internationaux à Toubab Dialaw où Gérard Chenet avait le ‘’Sobobadé’’. C’est après qu’on a décidé de faire le centre de formation dans ce village, en commençant avec nos propres moyens. La communauté européenne nous a accordé une subvention au bout de 5 ans. Une association américaine nous a donné une subvention. On a pu ainsi construire l’école. Depuis, Helmut et moi cherchons aussi des moyens pour la formation. Ce sont des fondations étrangères qui nous aident.