Le ministère de l’Éducation parle d'accords signés avec l'ancien régime
Le conseiller technique du ministre de l'Éducation, Mohamed Moustapha Diagne, a profité du 4e congrès du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS) pour souligner que l'application des accords signés par les syndicats concernent l'ancien régime. Ce qui inquiète Mody Guiro, le secrétaire général de la Cnts, pour qui l'Etat est une continuité.
Venu représenter le ministre de l’Éducation au 22e congrès du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS), le conseiller technique Mohamed Moustapha Diagne s'est employé à attaquer les syndicalistes et leur a fait comprendre que les engagements signés concernent l'ancien régime. Selon Mohamed Moustapha Diagne, lui-même ancien militant du Sels, ses anciens camarades n'acceptent jamais les critiques. «C'est trop facile de dire que le gouvernement est le principal responsable de la crise scolaire. Ce n'est pas l'actuel régime qui a signé les engagements. Il y a une prolifération de syndicats, plus d'une cinquantaine. Donc avant tout, il faut assainir le secteur.» Dans sa lancée, le conseiller ministériel a demandé aux organisations syndicales de faire «un travail d'introspection» à leur niveau et de tout faire pour tenir des élections de représentativité syndicale dans le secteur de l'éducation.» Ces étapes franchies, a-t-il indiqué, il sera possible d'organiser une large concertation pour voir ce que sont vraiment les responsabilités de chaque partie dans la crise de l'école sénégalaise.
Cette sortie du conseiller technique du ministre a fait bouger la salle alors qu'il était en plein dans son discours. «Tais-toi ! Tu n'as rien à dire ! Le discours est nul !», lui lance-t-on à partir d'une assistance visiblement très en colère. Il s'en suit des huées qui lui sont jetées à la figure. Ce qui ne l'empêche pas de terminer son speech...
Guiro réplique
Prenant la parole, le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS) sonne la charge. Selon Mody Guiro, la crise scolaire n'a jamais cessé de polluer les relations entre gouvernement et syndicats en dépit de l'implication des bonnes volontés. Mais il ne rate pas Mohamed Moustapha Diagne. «J'ai été surpris par tes mots. L’État est une continuité. (Tu) ne dois pas réagir en politicien, mais plutôt comme (une) personne responsable qui doit tenir compte des préoccupations de (ta) population», souligne Guiro. Du reste, ajoute-t-il, «personne n'a forcé l’État à signer les accords. Donc, il n'est pas acceptable que tu nous dises aujourd'hui que c'est l'ancien régime qui a signé.» Puis sur un ton à la fois ferme et conciliant, il dit au conseiller technique : «Vous avez devant vous des gens responsables. Il ne s'agit pas de dire que ces accords ne vous engagent pas. Quand il y a dialogue, tout est possible. On n'improvise pas le dialogue, ça s'apprend. C'est avec légitimité que les accords signés doivent être respectés.» C'est alors le standing-ovation pour le patron de la Cnts, fortement applaudi par des congressistes finalement comme soulagés d'avoir entendu un autre discours.
Viviane DIATTA
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