5E JOURNÉE- PROFIL DES ACCUSÉS
Le convoyeur incarcéré
Originaire des Caraïbes, plus précisément de l’archipel de Trinidad & Tobago, Anthony Maule comparaissait, hier pour le crime de trafic international de drogue. Né en 1985, l’accusé est marié et père d’un petit garçon de 7 ans. Ayant perdu son emploi dans une société locale d’importation de voitures, à cause de la récession économique, il s’occupait depuis lors d’un petit commerce de vêtements. C’est dans le cadre de ses activités de marchand qu’il aurait rencontré celui qui, plus tard, l'a forcé à avaler pas moins de 122 boulettes de cocaïne, soit plus d’un kilogramme de drogue à la pesée.
De taille moyenne, le teint clair, l’accusé a un visage très expressif et s’exprime d’une voix douce en langue anglaise. Aux questions des juges, il n’a cependant pu répondre que partiellement, un évident problème de communication creusant un fossé entre lui et les magistrats. Attrapé alors qu’il transitait par Dakar à destination du Mali, l’accusé aurait embarqué à bord d’un vol en provenance du Brésil, pays où il se serait rendu dans le but d’acquérir à moindre coût des costumes de carnaval afin de les revendre dans son pays. En détention préventive au Sénégal depuis 2009, il n’aurait pour tout contact dans notre pays que les membres du consulat de Grande-Bretagne qui, de temps en temps, viennent le voir en prison.
Une mère et sa fille, à la barre
Khady et Colette Mendy comparaissaient hier dans le cadre de la 2e affaire jugée au Palais de Justice. La particularité du procès était que les deux co-accusées partagent un lien de sang direct. La première est la mère de la deuxième. Accusées d’infanticide pour la fille et de recel de cadavre pour la mère, les deux femmes habitent dans le quartier de Guédiawaye avec le reste de la famille, à savoir, quatre autres enfants et l’enfant que Colette a eu des soins de son amant.
Mariée à un homme émigré depuis 1992 en France, Khady Mendy fait vaille que vaille subsister les siens, avec ses maigres revenus de lessiveuse et l’argent que sa fille Colette lui donne, grâce à son emploi de domestique. C’est pourquoi cette dernière, alors âgée de 23 ans, n’a pas osé lui avouer sa grossesse et a enterré vivant, le jour de l’accouchement, la petite fille à qui elle a donné naissance. Sa mère, absente au moment des faits parce que partie assister à un décès, a appris la nouvelle de l’une de ses sœurs, le lendemain et a décidé de déplacer le corps que sa fille avait enterré dans la parcelle d’un voisin.
Arrêtées suite aux dénonciations du médecin de l’hôpital Roi Baudoin, chez qui Colette est allée en consultation, après son accouchement, les deux femmes n’ont jamais nié les faits. Leurs avocats, quant à eux, ont plaidé le manque d’instruction dont souffrent les deux accusées, un fait qui justifierait, bien que n’excusant pas, leur comportement dans cette triste affaire.
Voleur raté (mais éborgneur confirmé)
Mamadou Salif Diallo, deux bons mètres sous la toise, était accusé, hier, d’avoir agressé la victime Samba Mbaye, sans réussir néanmoins à la voler. Mais en occasionnant chez cette dernière un lourd handicap, sous la forme d’une cécité complète. C’est donc pour le crime de tentative de vol, commis la nuit avec usage d’arme ayant entraîné une infirmité permanente que l’accusé, natif de Thiaroye sur mer, était poursuivi.
Né en 1974 d’un père militaire et d’une mère femme au foyer, Mamadou Salif Diallo a passé son enfance dans différents camps militaires, entouré, comme il s'est plu à l’expliquer, d’«hommes en tenue». Ayant quitté l’école française en classe de CM2, il s’essaye à plusieurs métiers dont ceux de tailleur et de marin, avant de s’établir dans une échoppe de Keur Massar, en tant que vendeur de pièces détachées automobiles.
Aîné de sa famille, il a dit avoir une petite sœur et être chargé de subvenir aux besoins de sa famille, aujourd’hui établi au quartier de Benn Barack de Pikine. Il a constamment nié, à la barre, être coupable des faits qu’on lui reproche. Une déposition battue en brèche par le frère de la victime, qui est un témoin oculaire dans l’affaire et le passé carcéral de l’accusé, qui fait état d’une condamnation antérieure d'un mois ferme, pour usage de chanvre indien, il y a de cela 10 ans.
Fatou SY
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