Le message de combat du Pr Condé
À l’occasion du 65e anniversaire de l’accession de la Guinée à l’indépendance nationale, le président Alpha Condé a adressé un message de combat à ses compatriotes pour refuser l’arbitraire et remettre leur pays sur les rampes de la démocratie et du développement.
‘’Je m’adresse à vous en tant que président de la République qui garde sa légitimité, parce que je n’ai pas accédé au pouvoir par la violence et mon pouvoir n’a pas été remis en cause par les urnes. Aujourd’hui, au moment où la Guinée évolue en dehors des règles constitutionnelles, nous devons tous être conscients des enjeux et des défis qui se posent à notre nation’’, écrit le président Alpha Condé dans une adresse au peuple guinéen, à l’occasion du 65e anniversaire de l’accession de son pays à l’indépendance nationale.
Le premier enjeu, souligne le président renversé le 5 septembre 2021 par une unité d'élite de l'armée guinéenne, le Groupement des forces spéciales (GFS), dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya, est ‘’le retour à la démocratie et à l’État de droit qui doit se traduire par le retour à l’ordre constitutionnel, le respect des libertés publiques qui permet aux partis politiques, aux syndicats, à la société civile d’exercer librement leurs activités. Aux journalistes, de travailler dans la liberté et la responsabilité, sans peur de la pression politique, du chantage, de la connivence obligée ou violence subie’’.
Ainsi, l’ex-homme fort de la Guinée invite ses compatriotes à ‘’s’inscrire dans la lutte contre la violence et les abus de pouvoir qui conduisent souvent à l’arrestation arbitraire de certains citoyens emprisonnés depuis plus d’une année, sans jugement, dans un cadre de pression politique, intimidation et règlement de compte ciblés. Un état de fait, dit-il, symbolisé par l’impuissance d’une justice qui s’éloigne des vertus cardinales de l’indépendance et de l’État de droit, une magistrature qui a pourtant dans les acquis démocratiques bénéficié d’un statut et d’avantages matériels pour mener librement sa mission’’.
Alpha Condé est d’avis que d’autres défis aussi importants attendent la Guinée. Il cite ‘’la lutte contre la pauvreté, l’engagement en faveur des jeunes sans emploi, l’aide renforcée à l’autonomisation des femmes qui connaissent aujourd’hui une rentrée scolaire difficile à cause de la cherté de la vie’’.
C’est pourquoi il dit adresser à chacun de ses compatriotes un message les invitant à ne pas accepter l’inacceptable. En effet, affirme-t-il, ‘’il faut continuer à se battre pour défendre les vertus d’unité, de fraternité et de confiance, pour un retour de la Guinée dans le giron démocratique. Afin que nos efforts passés pour instaurer la démocratie ne soient pas dilapidés par des hommes sans projet de société’’.
‘’Honorer le contrat social qui doit lier les gouvernants aux gouvernés’’
Ses pensées aussi vont à ‘’ceux qui résistent à la tentation trop facile d’accepter une situation de non-droit et d’injustice, pour des raisons égoïstes et personnelles’’, mais aussi à ‘’ceux qui ne renoncent pas aux valeurs cardinales de la dignité et de la loyauté, en refusant de brûler aujourd’hui ce qu’ils ont adoré hier’’. Dans le même temps, il vilipende ces ‘’hommes et femmes qui ne voient la Guinée qu’en termes de rente et bénéfices, pariant sur une gouvernance inversée où les meilleurs sont en bas de l’échelle, les moins bons en haut, alors qu’une telle société n’a pas d’avenir’’.
Le président Alpha Condé invite ainsi les Guinéens à être conscients de l’impérieuse nécessité d’évaluer les orientations politiques et économiques du pays, en fonction des intérêts exclusifs du peuple de Guinée, en ces temps où l’Afrique prend en main son destin. Il ajoute : ‘’Depuis 1958, nous avons entrepris ensemble une longue marche, traversé des épreuves difficiles pour constituer le patrimoine des acquis démocratiques que nous avons bâti ensemble depuis l’élection présidentielle de 2010. Des acquis démocratiques que nous devons encore défendre, pour honorer le contrat social qui doit lier les gouvernants aux gouvernés, c’est-à-dire le respect de la légitimité démocratique. Et non pas servir d’obscurs intérêts venus d’ailleurs et qui retardent le continent africain.’’
AMADOU FALL