Publié le 9 Jan 2013 - 15:42

Aïdara, (é)chèques et mat…

 

«Nos soucis d’argent vont commencer», devrait-on ironiser au sujet d’un ancien président passé pour être un distributeur automatique de milliards, un fleuve qui ne tarit pas, même coupé à la source.

 

L’ancien chef de l’Etat est riche. Immensément riche et ce n’est pas le diffamer que de le dire. «900 millions à Samuel Sarr - 400 millions à Madické Niang - 600 millions à Aïdara Sylla - 50 millions pour l’Institut libéral - 25 millions pour les militants…» Des chiffres qui donnent froid dans le dos. Surréalistes même ! Car celui qui peut décaisser en une fois autant d’argent sans disposer d’une caisse noire, doit être nécessairement assis sur une fortune. Inépuisable. Digne des aventures d’un pauvre bûcheron dans un récit des Mille et Une Nuits.

 

Macky Sall et ses alliés ont compris, ils ont tout compris, d’où leur volonté d’anticiper l’effet d’une bombe à retardement entre les mains des libéraux. Une arme de destruction massive qui risquait de faire mal, très mal au nouveau pouvoir : le nerf de la guerre. Voilà donc tout l’enjeu, de ces bruits qui commencent à tympaniser : la traque des biens mal acquis, qui tarde à porter ses fruits. Malheur à qui peine à justifier sa fortune…s'il n'est pas dans le camp du pouvoir.

 

Jusqu’ici, on connaît la destination de ces fonds, ces ordres de paiement, mais on préfère jouer à l’autruche quant à leur provenance légale, leur origine licite. Puisqu’il est à la mode, sous nos tropiques, de traquer l’argent sale, l’argent illégal, l’argent illicite. Comble du ridicule, lorsqu’on crie à tout-va, être à la poursuite d’un voleur présumé, dont on cerne tout y compris l’identité, la domiciliation. Ridicule comme cette justice, qui se plaît à tourner en rond, hésitant à demander à un président et à un parlement acquis à sa cause, d’examiner la levée immédiate de cette coupable incongruité qui sert de bouclier à ces anciens chefs d’Etat, afin qu’ils ne soient plus protégés en cas de manquement grave, qu’ils puissent être poursuivis en dehors de la haute trahison. Échec et mat...

 

Pris la main dans le sac, Aïdara le marchand, pour avoir oublié de bien mémoriser la formule magique, risque d’être décapité, s’il n’est découpé en mille morceaux. Alors que le bûcheron, lui, reste serein, nullement inquiété, arrivant toujours à déjouer les manœuvres visant à le capturer.

 

Mais, en châtiant le marchand, l’objectif des justiciers, n’était nullement de faire justice, mais de se protéger, de préserver leur trésor propre, leur butin à eux, en somme, leurs arrières, tout en prenant le soin de ménager le bûcheron, devenu le roi. Car aux échecs comme dans la réalité, le roi est menacé, mais, le roi, n’est jamais capturé. Et ce n’est pas demain la veille.

 

 

MOMAR MBAYE

momar.dna@gmail.com

Section: 
L’intelligence du monde en héritage : Vernadsky, Teilhard, Senghor, Kane (Émission littéraire Impressions) ou le génie du don noosphérique
FMI-Sénegal : Un jeu du mille-pattes
A PROPOS DES COOPERATIVES PRODUCTIVES, SOLIDAIRES
Quelle réponse judiciaire aux crimes commis entre 2021 et 2024 ?
De la crise du débat dans l’espace public sénégalais
PASTEF : ATTENTION À LA PENTE GLISSANTE DES “72 HEURES” SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
Du combat au pouvoir : le choc des réalités
HOMMAGE - 26 juillet 2020- 26 juillet 2025 : À contre-courant du tumulte ambiant : le legs de Babacar Touré
FRANC CFA : ENTRE FANTASME GEOPOLITIQUE ET REALITE ECONOMIQUE
Le car rapide ivre
Le Programme national de développement des Agropoles du Sénégal : Un levier stratégique pour transformer l’agriculture
Le règlement en cours de la crise dans l’Est du Congo : Le continent en spectateur face à des acteurs extérieurs engagés
Le duo Diomaye-Sonko, un espoir pour le Sénégal et pour l’Afrique : Jomaay mooy Sonko, Sonko mooy Jomaay, te tey la Waalo gën a aay !
Supprimer l’ASER, l’ANER et l’AEME ensuite fusionner  en une seule Agence nationale de l'électrification et de la transition énergétique (ANETE)
Refonder la formation professionnelle et technique à l’horizon 2050 : Vers une approche systémique, inclusive et transformative
Sénégal : Les Influenceurs au Cœur de la Communication Institutionnelle de l'État
Un mal et une porte de sortie pour l’université sénégalaise : Les antagonismes de personnalités qui contredisent l’effervescence intellectuelle
Plaidoyer pour une culture vivante : Le Sénégal ne peut se permettre d’enterrer sa mémoire et sa créativité
L’émergence d’une nouvelle ère : Le défi de financer le développement dans un monde en remous, sans argent et sans solidarité.
Notes de lecture : L’Afrique et l’inéluctable quête des cimes