Publié le 9 Aug 2012 - 13:32
ACCIDENTS MEURTRIERS AU SÉNÉGAL

 Le cri du cœur des Sapeurs-pompiers

Les réactions se poursuivent, après l'accident meurtrier survenu à hauteur du village de Sikilo 2, dans la région de Kaffrine. Après l'autorité centrale, les syndicats de transporteurs, ce sont des autorités paramilitaires qui se prononcent.

Le bilan macabre (23 morts dont 19 sur le coup), le retard des secours, l'absence des sapeurs-pompiers dans la nouvelle région de Kaffrine, sont autant d'impairs qui ont fait réagir des autorités paramilitaires. En effet, si les secours ont mis près de 5 heures de temps à intervenir, c'est parce que, regrettent nos interlocuteurs, ''Il n'y a aucune caserne entre Kaolack et Tambacounda''. Ainsi, il a fallu ''réquisitionner beaucoup d'ambulances pour les amener sur les lieux''. D'ailleurs, fait-on remarquer, ''Kaolack n'a qu'une seule ambulance''. Le constat est que le dénuement des Sapeurs-pompiers est ''insupportable'', au moment où les forces de sécurité ont largement été dotées en matériels, lors des élections. ''Quand on équipait les forces de sécurité, pendant les élections, à hauteur de 4 milliards, quand on équipait la gendarmerie pour du matériel de maintien d'ordre, l’État n'a jamais pensé à équiper les pompiers'', fustige-t-on. Ainsi, la vérité est que, ''de 2000 à 2012, Abdoulaye Wade n'a mis aucun franc sur les pompiers, hormis le budget normal''.

 

Macky Sall invité à rendre deux ambulances 4x4

Le Groupement national des sapeurs-pompiers (GNSP) ne vit que de dons provenant principalement du Koweït et du Japon. Les grues, plus d'une dizaine de camions, des motopompes grand débit, des véhicules 4x4 double cabine (une dizaine), deux ambulances médicalisées ont été offerts par l'État du Japon. Nos interlocuteurs estiment que si ce type de véhicules de réanimation roulante pour longues distances avaient été dépêchés à Kaolack, peut-être qu'on aurait pu sauver des blessés. Alors que ''les pompiers ne font que ramasser les blessés et les amener à l'hôpital. Ils n'ont pas les moyens d'intervenir'', regrette-t-on.

 

Au sein du GNSP, on ne comprend pas que ''le président de la République (Abdoulaye Wade) ait confisqué deux ambulances des sapeurs-pompiers de type 4x4''. Alors qu'elles étaient prévues pour Kolda et Tambacounda où, durant l'hivernage, il est impossible de rallier certaines zones. En effet, l'ancien commandant du GNSP les avait gracieusement mises à la disposition du président et du Premier ministre, lors d'une cérémonie diffusée à la télé. Nos interlocuteurs croient comprendre que leur ancien boss ''voulait bien se faire voir''. Ils estiment également que le président Wade aurait dû les rendre. Ainsi, les Sapeurs-pompiers veulent que les deux ambulances leur soient rendues, car dit-on ''le budget de la présidence peut acheter des ambulances pour les deux escortes''.

 

Aujourd'hui, même si les sapeurs-pompiers sont présents dans toutes les régions, sauf à Kaffrine, cette présence n'est que de façade. ''Ce sont les maires de commune qui font des efforts pour nous trouver des locaux'', révèlent nos interlocuteurs. Étant entendu que la construction de casernes est du ressort de l'État.

 

Que faire ?

Au niveau des forces de sécurité, la solution pour mettre fin aux accidents tragiques est d'adopter ''le règlement imposé en France qui veut qu'à partir de 21h, les camions ne roulent plus. ''On leur interdit de rouler de 21h à 6h du matin'', assure-t-on. Toutefois, nos interlocuteurs reconnaissent qu'en France, des motels sont essaimés un peu partout sur les axes routiers. Des points de stationnement sont aménagés. ''Ils se garent jusqu'au petit matin. Si un chauffeur est pris, son véhicule est immobilisé et le chauffeur est mis en prison'', poursuit-on. Car, on n'a pas manqué de révéler les similitudes entre l'accident de Kaffrine et celui du car Serigne bi de Richard Toll qui avait fait 32 morts sur le coup, sans compter ceux qui sont morts à l'hôpital, ou en cours de route. Le bus en provenance de Dagana avait heurté de plein fouet un camion de la Compagnie sucrière sénégalaise, à peu près à la même heure, en ralliant Dakar.

 

''L'axe Dakar-Tamba est le plus meurtrier''

Toutefois, nos interlocuteurs sont unanimes pour dire que l'axe Dakar-Tamba est le plus meurtrier. Principalement, à cause du ''trafic des camions maliens''. ''Ils roulent la nuit et ne descendent pas de la voie. Idem pour les véhicules de transport qui n'acceptent également pas de descendre de la route''.

 

Du côté des Sapeurs-pompiers, on croit que les autorités ont du pain sur la planche. Car, le gouverneur Sambou avait voulu, à travers un arrêté, interdire aux camions de circuler entre 8h et 20h dans la ville de Dakar, pour éviter les embouteillages. Il avait subi la foudre des transporteurs qui bénéficiaient de la bienveillance de l'autorité centrale.

 

Gaston COLY

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