Frapp accuse l’Etat d’organiser la rareté du poisson
Le Front pour une révolution anti-impérialiste populaire panafricaine (Frapp) s’insurge contre un accord de pêche anticonstitutionnel, non-conventionnel et illégal. ‘’Il y a lieu de signaler que, depuis la date de sa signature, c’est-à-dire depuis le 20 novembre 2019, le nouveau protocole (2019-2024) s’applique. Autrement dit, le pillage a déjà démarré depuis une année et deux jours.
De plus, il est important de dire aux Sénégalais le pourquoi de ce renouvellement automatique qui, dans ces termes mêmes, est un instrument néo-colonial achevé de pillage de nos ressources biologiques et de notre écosystème marin. L’objectif de cette entrée en vigueur provisoire et anticipée (avant ratification), sans concertation et sans implication de l’Assemblée nationale du Sénégal, vise à faire en sorte que le marché européen soit correctement approvisionné et que les emplois européens qui en dépendent directement ou indirectement ne soient pas compromis’’, indique le collectif, se référant aux termes du document. Guy Marius Sagna et ses camarades sont convaincus que cet accord ne sert qu’à répondre aux besoins commerciaux du marché européen, contrairement à la thèse de développement durable mise en avant.
Par ailleurs, se basant sur la dernière étude du Centre de recherches océanographiques de Dakar-Thiaroye, le Frapp affirme que la principale espèce ciblée est surexploitée. Le niveau de capture du merlu noir devrait, selon les scientifiques sénégalais, être revu à la baisse. Au moins de 15 % pour atteindre un niveau d’exploitation soutenable.
Ensuite, étant donné que l’effort de pêche concernant le merlu a été encore maintenu, deux chalutiers (comme dans le dernier protocole de 2014-2019), considérant aussi que le passage du niveau de captures de 2 000 tonnes à 1 750 tonnes dans le nouveau protocole est sans portée pratique, puisqu’il s’agit techniquement et simplement d’un tonnage de référence que les chalutiers européens ont le droit de dépasser moyennant compensation financière (62 225 F CFA la tonne), il y a lieu de considérer que l’Etat a rompu avec son obligation constitutionnelle ‘’de préserver, de restaurer les processus écologiques essentiels, de pourvoir à la gestion responsable des espèces et des écosystèmes, de préserver la diversité biologique’’.
Surtout que plus aucun accord de pêche ne liait l’Etat du Sénégal à l’UE de 2006 à 2014. L’actuel protocole, ajoute le Frapp, comme son prédécesseur, cible directement les espèces pêchées par les pêcheurs artisanaux. Ces dernières figurent sur la liste des ‘’captures accessoires’’ (15 % de céphalopodes, 5 % de crustacés et 20 % d’autres poissons).
Au regard de tout ce qui précède, le Frapp soutient que ‘’l’Etat organise lui-même la rareté du principal outil de travail des pêcheurs (le poisson), cause de cette nouvelle vague d’émigration irrégulière’’.