Débouté par la Chambre d’accusation, Sonko s’entête vers la Cour de cassation
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Le leader du Pastef/Les patriotes compte, même sans se faire d’illusion, épuiser les voies de recours pour déclencher une action judiciaire à l’encontre de ceux qu’il accuse de détournement de deniers publics, dans l’affaire des 94 milliards.
La réponse du berger à la bergère n’a pas tardé. A peine notifiée la confirmation par la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar du refus d’informer délivré par le Doyen des juges, Ousmane Sonko a annoncé, hier, un jour après la décision, son intention d’au moins aller au bout de son action. ‘’Nous considérons avoir largement rempli notre rôle de citoyen et de vigie dans cette affaire. Toutefois, pour épuiser la procédure, et sans illusion aucune, nous avons demandé à nos avocats de saisir la Cour de cassation’’, a-t-il assuré dans une déclaration parvenue à ‘’EnQuête’’.
Citoyen sénégalais et député représentant du peuple, le leader de Pastef/Les patriotes se désole que la justice sénégalaise soit réduite au fait que le procureur de la République, ou ‘’de Macky Sall’’, dise aux Sénégalais ‘’qu'il lui est égal que des milliards de vos impôts soient subtilisés par des caciques du régime’’ quant au même moment, ‘’le doyen des juges et la chambre d’accusation vous disent que oui, certainement, il y a eu escroquerie, mais il ne revient pas à Ousmane Sonko’’ de le dénoncer.
Pour le candidat arrivé troisième à l’élection présidentielle de 2019, la tournure de cette affaire judiciaire est le fruit d’une ‘’justice complice d’une vaste entreprise d’escroquerie’’. Ousmane Sonko avait saisi la justice pour dénoncer une escroquerie sur une affaire d’expropriation foncière, ‘’portant sur les deniers publics, faux, usage de faux et concussion’’ d’un montant de 94 milliards de F CFA contre Mamour Diallo, Directeur des Domaines à l’époque, Meissa Ndiaye, ancien chef de bureau des domaines de Ngor-Almadies, l’homme d’affaires Seydou Sarr dit Tahirou et X. Il avait alors déposé une série de plaintes et de dénonciations auprès du procureur de la République, du Doyen des juges, de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) et de l’Inspection générale d’État (IGE).
Après le refus de l’appareil judiciaire d’ouvrir une enquête pénale, le leader du Pastef/Les patriotes se console toutefois avec le rapport d’enquête n°03/2019 de l’Ofnac qui, selon lui, abonde dans le même sens que ses dénonciations. Dans ce document transmis au procureur de la République, l’opposant retient que l’organisme de lutte contre la corruption ‘’recommande l’ouverture de poursuites judiciaires contre les mis en cause pour les délits : d’association de malfaiteurs, fait prévu et réprimé par les articles 238 à 240 du Code pénal ; d’escroquerie portant sur des deniers publics, fait prévu et réprimé par les articles 152 à 154 du Code pénal ; de tentative d’escroquerie portant sur le montant résiduel et de complicité de ces faits’’.
Mamour Diallo : ‘’Jusqu’au dernier souffle de vie sur terre…’’
Mieux, ajoute-t-il, l’Ofnac ‘’a mis en lumière 26 autres dossiers qui se présentent de la même manière et qui ont permis aux mêmes acteurs de siphonner des dizaines et des dizaines de milliards du Trésor public’’. Seulement, en plus de se garder ‘’de lever le plus petit doigt’’ contre des ‘’escrocs affiliés à l’APR’’, le procureur, puis le doyen des juges ont estimé qu’Ousmane Sonko n’avait pas qualité à demander réparation pour un préjudice qu’aurait subi l’Etat du Sénégal. Décision confirmée par le juge de la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar.
Ce dernier, révèle-t-il, qui serait ‘’pressenti au remplacement du procureur de Macky Sall’’, doit bien ‘’donner des gages à ce dernier qui considère que les postes de procureur, doyen des juges, président du Conseil constitutionnel et de la Cour suprême, entre autres, lui appartiennent et leurs occupants lui doivent docilité et obéissance’’.
Présent à un meeting à Louga, l’ancien directeur des Domaines a réagi à la confirmation de l’ordonnance de refus d’informer par la chambre d’accusation. ‘’Il s’agit d’une décision de justice que je ne me permettrai pas de commenter’’, note-t-il, avant d’ajouter : ‘’En tant que principal accusé, j’avais dit que jusqu’au dernier souffle de vie sur terre, aucun tribunal ne pourra démontrer que Mamour Diallo a soustrait, dans le budget de l’Etat, 94 milliards.’’
Lamine Diouf