Genèse d’un coup d’Etat
Contrairement aux attentes des ménestrels de la presse, motivés par le défoulement populaire et les épilepsies collectives, je ne voudrais pas parler ici, du Baba Dias de mes souvenirs, de celui que rien ne prédestinait à une carrière politique aussi fulgurante, de l’homme du peuple qui a créé un centre de dialyse gratuit à Dakar et qui à présent est la cible de la coalition des énarques qui nous gouvernent. Je voudrais dire ici, ce que l’acharnement du pouvoir à son égard révèle de la vraie nature du Président Sonko, et je ne le fais pas parce qu’il est mon ami et mon frère, mais parce que j’abomine le lynchage !
Pour les stratèges de PASTEF, l’enjeu a toujours été la mairie de Dakar ! Le pouvoir absolu au Sénégal réside dans le contrôle de l’exécutif, du législatif et de la Ville de Dakar. Historiquement la mairie de Dakar revient toujours au détenteur de l’exécutif qui peut ainsi contrôler l’immense potentiel économique de la ville et créer les bases de sa réélection.
Sonko qui exhibe depuis son ascension au pouvoir le syndrome d’Hubris caractérisé par l’orgueil et la démesure, et dont le rapport au monde n’est plus qu’un rapport de force motivé par la paranoïa et le désir d’être reconnu et admiré, a besoin d’un ennemi à la mesure de ses fantasmes de grandeur. Et puisqu’il ne construit rien, il attaque ceux qui construisent, se contredit, virevolte et devient lentement le monstre qu’il dénonçait. C’est un panafricain qui divise les sénégalais, c’est le ministre des intentions, et des billevesées, le Mozart de la finance qui se prosterne devant le FMI et dont le grand projet était l’éradication du franc CFA, celui qui est prêt à suspendre ses promesses électorales pour diluer toutes ses énergies dans l’organisation de la chute du maire de Dakar !
C’est lui qui nous parlait « …des institutions piétinées et réduites au seul pouvoir exécutif », de « La confiscation du suffrage des sénégalais par l’incarcération de Khalifa Sall (qui) est une forfaiture qui ne se répétera plus jamais au Sénégal et certainement pas avec le nouveau maire de Dakar Barthélémy Dias.” Nous savons à présent que sa parole ne vaut rien, et qu’il y aura encore plus de morts et d’arrestations sous Sonko que sous Macky Sall. Il est hanté par ses vieilles rancunes et de fait, il ne restera rien de son œuvre parce qu’il n’a pas la carrure et l’abnégation des grands hommes.
Je présume que la situation est d’autant plus grave que sa victoire aux élections législatives lui donne un pouvoir absolu qui finira par le corrompre absolument. Impulsif, il se pense intouchable et ne réfléchit même plus aux conséquences de ses actes, allant jusqu’à ordonner à une foule incontrôlable d’aller assiéger la maison du maire, là où résident ses parents, sa femme et ses enfants. Quel était l’intérêt national d’une telle action ?
C’est lui qui hier encore dénonçait l’instrumentalisation de la justice par Macky Sall, et c’est lui qui aujourd’hui ordonne à sa police de la pensée dont il dit être le maître, de poursuivre, d’arrêter et de soumettre tout homme coupable d’imprudence à l’égard de sa personne. Et c’est là où l’ambition des stratèges de PASTEF et le faux messianisme de Sonko se retrouvent. Toute cette cabale contre le Maire de Dakar est le produit d’une collusion d’intérêts, orchestrée de toute pièce par les uns pour évincer Bart et s’emparer de la Mairie et par un Sonko qui, confronté à la réalité du pouvoir, cherche des boucs émissaires.
Seul le Conseil Constitutionnel est habilité à déterminer l’inéligibilité d’un député, or c’est le ministre de la justice qui sous les ordres de Sonko à orchestré la mascarade qui a conduit à son éviction de l’Assemblée Nationale ! dès lors il est difficile de nous faire croire, que Bayna Gueye seul, est à l’origine de la décision préfectorale, et les irrégularités dans l’exécution de la procédure et l’intervention immédiate des GMI défonçant les portes de l’Hôtel de ville pour interrompre la conférence de presse du maire de Dakar semble indiqué que l’opération a été commanditée par la primature ! Les dispositions de l’article L 277 évoquent les cas d’inéligibilité ou d’incompatibilité des conseillers municipaux et ne manque pas de préciser « Que la loi ne dispose que pour l’avenir et n’a point d’effets rétroactifs ». Or Barthélémy, élu au suffrage universel en vertu de la modification du code électoral du 23 Juillet 2021 n’a jamais été élu par les conseillers et échappe de facto aux dispositions de cette loi. Et même si cette loi s’appliquait à lui, il bénéficie d’un délai de dix jours pour saisir le juge de la Cour d’appel. Et que faire de l’article 28 et 29 du code électoral qui fixe l’inéligibilité d’un candidat à cinq années après la fin de la durée de la peine prononcée, ce qui rend Bart éligible depuis 2017.
Donc tout est faux, toute cette histoire n’est qu’une mise en scène nourrie de démagogie populiste, de manipulations juridiques pour violer les règles les plus fondamentales de notre Constitution et surtout pour vaincre sans péril et triompher sans gloire !
Dakar, le 16 décembre 2024
Malick Noel SECK
SG du FNSP/ Momsarew