Plainte contre Me Sidiki Kaba et le Procureur Mbacké Fall
Dans un communiqué parvenu à EnQuête, les avocats du Président Habré annoncent des plaintes déposées devant les juridictions sénégalaises contre le ministre de la Justice Sidiki Kaba, le Procureur auprès des Chambres Africaines Extraordinaires, Monsieur Mbacké Fall, et M. Djeteke.
Au ministre de la Justice, les avocats reprochent des ''injures envers le Président Hissène Habré''. Ils précisent qu'il s'agit d'une plainte avec constitution de partie civile déposée auprès du juge d'instruction. ''En traitant le Président HABRE de "bourreau", en conférence de presse, information relayée dans le monde entier, le ministre de la Justice, autorité publique soumise à une obligation de réserve, mais aussi au respect de la présomption d'innocence, a gravement porté atteinte aux conditions mêmes d'équité dans lesquelles la procédure se poursuit à l'encontre du Président HABRE'', justifie la note. Les conseils de l'ancien président tchadien estiment que Sidiki Kaba, en proférant ses paroles, a porté la parole de ses clients dans la procédure puisqu'il est aussi l'avocat constitué au nom d'un certain nombre de plaignants. Ils lui reprochent également d'avoir cherché à influencer l'opinion sénégalaise et internationale par l'appréciation qu'il a portée sur une affaire soumise au secret de l'instruction. Même si les propos incriminés ont été tenus, avant qu'il ne soit nommé ministre, les avocats de Habré estiment que ''Monsieur Sidiki KABA ne saurait bénéficier d'une quelconque protection liée à sa qualité de ministre, s'agissant d'un délit qui n'a même pas été commis à l'occasion de l'exercice de ses fonctions, mais lors d'une conférence de presse''.
En initiant une action contre le Procureur auprès des Chambres Africaines Extraordinaires, Mbacké Fall, les conseils de Habré veulent pousser le Procureur Général de la Cour Suprême à enquêter et à se prononcer ''sur les multiples déclarations publiques et prises de position officielles du Procureur Fall''. Ils lui reprochent d'avoir, à de nombreuses reprises, ''outrepassé le cadre de ses fonctions, violé le secret de l'instruction et porté atteinte au principe de la présomption d'innocence''. Ainsi, ils entendent ''dénoncer le comportement et les activités concrètes de l’État sénégalais dans l'organisation d'une parodie de justice dont le but ultime est sa condamnation écrite à l'avance''. La dernière plainte dirigée contre M. Djeteke fait état d'injures envers Mme Fatimé Raymonne Habré. En réaction à une lettre ouverte de Mme Habré au Président Macky Sall, intitulée : "Des nouvelles de nous", M. Djeteke aurait écrit : ''une lettre couverte d'injures à l'encontre de Mme Habré''. L'affaire aurait pu en rester là, si la lettre n'avait pas été ''reprise et positionnée à la une du site des chambres africaines''. D'ailleurs les avocats renseignent que les responsables de la cellule de communication des Chambres Africaines responsables de ce site et son administrateur sont visés par la plainte.
À travers ces plaintes, le camp de Habré montre clairement qu'il veut prendre l'initiative dans ce procès hyper médiatisé où chaque opération de communication peut avoir une portée déterminante dans son issue.