Publié le 16 Nov 2022 - 17:15
AFFAIRE PAPE ALE NIANG

‘’La vérité des faits !’’

 

Suite à sa rencontre avec le pool des avocats de Pape Alé Niang, le week-end dernier, la Coordination des associations de presse (CAP) a publié, hier, un communiqué dans lequel elle tente de rétablir les faits dans ce dossier contre le directeur de publication du site d’information Dakarmatin.

On en sait un peu plus sur l’affaire Pape Alé Niang. Si l’on en croit la Coordination des associations de presse (Cap) qui a rencontré le pool des avocats du journaliste, contrairement à ce qui était avancé çà et là, le journaliste n’a pas été auditionné sur le rapport interne de la gendarmerie. ‘’Pape Alé Niang, affirme la Cap, n’a pas été entendu, ni à la police (en présence de ses avocats) ni devant le juge d’instruction sur le rapport interne de la gendarmerie. Sur le plan factuel, il a été entendu à la police une première fois devant ses avocats. Une deuxième fois, la police a voulu l’auditionner sans la présence de ses avocats. Il a usé de son droit au silence pour s'en tenir à ses premières déclarations’’. Selon l’organisation, les poursuites du parquet, non plus, ne visent pas ce rapport (de la gendarmerie).

En vérité, les poursuites portent sur des messages radio de la police et des sapeurs-pompiers, sur des vidéos live que Pape Alé Niang a eu à faire sur la mort de François Mancabou, mort en détention, et sur le général Moussa Fall, Haut-Commandant de la gendarmerie nationale.

Au total, selon le communiqué, trois chefs d’inculpation ont été retenus contre le journaliste ; quatre articles visés par le ministère public pour se justifier. Les chefs d’inculpation suivants ont été retenus contre lui : ‘’Diffusion d’informations militaires non autorisées par la hiérarchie ; recel de documents administratifs et militaires ; diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques…’’ Pas d’audition sur le rapport interne de la gendarmerie, insiste la Cap.

En ce qui concerne les articles visés, les défenseurs du journaliste renvoient aux articles 64, 370, 255 et 430 (430 et 370 étant liés).

Pas d’audition, ni de poursuites sur le rapport interne de la gendarmerie

A en croire les hommes de médias, plusieurs éléments montrent à suffisance l’acharnement contre le journaliste. Cette arrestation, soulignent-ils, est le résultat d’une traque de longue date, car Pape Alé Niang était dans la ligne de mire du pouvoir, depuis plusieurs mois. Pour preuve, ils invoquent que certains faits sur lesquels il a été entendu et placé sous mandat de dépôt remontent au mois d’avril 2022. Des faits qui n’ont rien à voir avec la défense nationale.

Pire, tout semble indiquer que les gens se sont empressés de l’arrêter et de chercher ensuite des motifs. ‘’La vérité est qu’il fallait l’arrêter d’abord, ensuite chercher des motifs d’inculpation. Dès son arrestation, les articles 80 (trouble à l’ordre public) et 363 (violation de secret professionnel) lui ont été collés pour motiver sa garde à vue. Le même jour, après minuit, contrairement à ce qui a été retenu au début contre lui, d’autres chefs d’inculpation lui ont été notifiés. L’article 80 a disparu pour céder la place à l’article 430, afin d’introduire le recel de documents estampillés ‘Confidentiel’ : c’est-à-dire le message de la police et le communiqué de la brigade des sapeurs-pompiers. C’est après son déferrement que le procureur a ajouté l’article 255 qui réprime la diffusion de fausses nouvelles.’’

Selon la Coordination des associations de presse, on veut faire croire aux Sénégalais que PAN a été arrêté pour avoir divulgué des secrets militaires. Mais c’est faire dans l’amalgame. ‘’En effet, quand on parle de secret militaire au sens propre du terme, c’est la gendarmerie et l’armée, car la police est un corps paramilitaire. Les accusations faites à PAN portent moins sur le message des sapeurs-pompiers que sur le message radio du commandant du Groupement mobile d’intervention (GMI) que PAN a interprété, après avoir obtenu le document sur les réseaux sociaux. Le dossier juridique est juste un prétexte’’, fait remarquer l’organisation.  

Les vrais griefs retenus contre PAN

En définitive, il faut relever que le journaliste n’a pas diffusé ce message incriminé, mais, en tant que professionnel, il s’en est approprié pour faire une analyse et donner son point de vue. La Brigade de cybercriminalité, soulignent-ils pour convaincre, dispose des moyens nécessaires pour savoir qui a publié en premier ce document sur les réseaux sociaux. Concernant ces types de message de la brigade des sapeurs-pompiers, ils sont toujours placardés dans les casernes, donc à la portée du public. Malheureusement pour le journaliste, le parquet n’a laissé aucune marge de manœuvre au juge d’instruction. Celui-ci étant à la merci du parquet se retrouve ligoté par les dispositions de l’article 139 du Code de procédure pénale tout comme les avocats.

Autant d’éléments qui font dire aux membres de la Cap que PAN n’est ni plus ni moins qu’un détenu politique mis en prison pour ses positions, vu les articles visés : 64 et 255 notamment. ‘’Ce sont des infractions pour lesquelles l’État met la pression sur ceux qui le contrarient et visent le plus souvent les opposants, les activistes, pour des «manœuvres pouvant jeter le discrédit sur des institutions, offense au chef de l’État, actes de nature à troubler l’ordre public ou diffusion de fausses nouvelles». C’est une survivance de régime autoritaire sous le président Abdou Diouf. Sous le président Abdoulaye Wade, c’est l’article 255 qui était le favori et le pouvoir actuel du président Macky Sall combine les deux’’, fustigent les journalistes, selon qui les avocats vont solliciter une audition au fond, dès cette semaine, et qu’ils vont se battre pour obtenir la levée de toutes les charges.

Les hérésies du dossier

Par ailleurs, il est reproché au dossier plusieurs incongruités. D’abord, il y a des infractions inconciliables et incompatibles. ‘’Soit, disent-ils, les informations (données par PAN) sont avérées, donc, il n’y a pas de diffusion de fausses nouvelles ; soit les documents sont faux (communiqué radio de la police et communiqué des sapeurs-pompiers), alors il n’y a pas d’informations portant sur un secret défense. Cela crève l’acharnement : il fallait coûte que coûte tenir PAN et le faire taire’’.

Et pour couronner cet acharnement, les hommes de médias relèvent l’éloignement du détenu qui constitue une entrave aux droits de la défense. ‘’En l’incarcérant à Sébikotane, les autorités placent Pape Alé Niang à des kilomètres du juge d’instruction. Ce qui signifie que le magistrat instructeur n’est pas prêt pour l’entendre dans le fond. Cet éloignement peut être vécu comme un traumatisme, car le détenu, s’il le pouvait, communiquerait tous les jours avec ses avocats pour préparer et organiser sa défense. Ce qui n’est pas possible avec cet éloignement. Et l’impossibilité de pouvoir communiquer tous les jours avec ses avocats porte atteinte aux droits de la défense. C’est une entrave à un principe général du droit’’, dénonce la Cap.

Selon la coordination, ceci est un précédent dangereux et une menace à l’exercice de la profession de journaliste. Ils fulminent : ‘’Des personnes ont traqué et arrêté Pape Alé Niang pour le faire taire. En réalité, c’est moins les infractions visées qu’une somme de subjectivités qui font le soubassement de ce dossier. Et cet acharnement est une menace réelle pour la profession de journaliste, car, ce sont les intérêts supérieurs de la profession qui sont en jeu. En visant les fausses nouvelles, ce sont tous les journalistes qui sont en ligne de mire. C’est le droit à l’information qui est en jeu, pour un journalisme libre et respectable.’’

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