Les ex-travailleurs réclament 737 millions F CFA depuis 32 ans

Les ex-travailleurs de l’entreprise Transplast attendent, depuis 1989, l’application d’une décision judiciaire en leur faveur. En conférence de presse hier, ils ont continué de réclamer les 737 millions qui leur sont dus par leur ex-employeur Samir Bourgi.
Les ex-travailleurs de la société de ferraille Transplast continuent le combat. Un bras de fer de 32 ans qui les oppose à l’homme d’affaires Samir Bourgi. Dans cette bataille, renseigne-t-on, la justice avait tranché en faveur des 292 anciens travailleurs de cette entreprise et instruit M. Bourgi à payer la somme de 737 millions F CFA aux plaignants. Mais cette décision ne s’est jamais matérialisée.
Hier, les ex-travailleurs de cette société ont fait face à la presse, avec la collaboration des mouvements Frapp et Yen a marre, pour émettre un énième appel dans le but de rentrer dans leurs fonds. D’après le leader du Frapp qui a animé la rencontre, cette situation a provoqué la dislocation de familles entières et, malheureusement, la plupart des plaignants ont quitté ce monde à cause des difficultés qu’ils ont vécues. Pendant ce temps, se désole Guy Marius Sagna, des affaires plus récentes ont été diligentées. ‘’Des dossiers comme celui de Khalifa Sall ou Karim Wade ont été très vite jugés. Pourquoi fait-on, alors, trainé celui-là ? De 1989 à nos jours, la justice ne peut poser aucun jalon dans cette affaire. C’est ce qui prouve qu’il y a une justice à deux vitesses, car le gouvernement actuel peut, s’il le veut, élucider des dossiers, dans un bref délai, en mettant sur pied des commissions’’, fait remarquer M. Sagna.
L’activiste se demande d’ailleurs si la famille Bourgi n’a pas octroyé une partie de cet argent au gouvernement actuel pour financer ses précédentes campagnes électorales. Pour ces organisations, ce dossier est un scandale judiciaire.
Cependant, informent-ils, d’autres entreprises comme la Sotiba ou le Sotra ont connu des problèmes similaires et leurs travailleurs ont fini par être licenciés.
Une manifestation prévue dans 15 jours
‘’Nous lançons un appel à tous ces citoyens victimes de ces agissements à venir mener le combat à nos côtés pour obtenir gain de cause’’, déclare le leader du Frapp. Pour GMS, les travailleurs ont besoin d’être payés, car dit-il, la famille Bourgi, qui a été condamnée à octroyer des indemnités aux agents de Transplast, ne peut pas aujourd’hui faire comme si de rien n’était. ‘’Il faut poser le débat, quand l’occasion se présente et également manifester comme on prévoit de le faire dans 15 jours, si le problème n’est pas réglé’’, prévient-il.
Brandir l’arme de la carte d’électeur
Une marche qui viendra s’ajouter aux actions déjà menées par ces 292 ex-travailleurs pour l’application de cette décision.
En effet, rien n'a été négligé ; ils sont passés par tous les combats. En plus des sorties médiatiques, deux autres marches ont été organisées en 2004 et en 2010, ainsi que trois grèves de la faim observées.
Mais pour Guy Marius Sagna, les autorités judiciaires font trainer les choses pour pousser les plaignants à se rétracter. Pape Niang, porte-parole, des ex-travailleurs renseigne en ce sens que les nombreuses négociations entreprises dans ce dossier n’avaient pour but que de retarder les choses. ‘’On ne peut pas lutter éternellement sans discuter. Pas plus tard que le mois de décembre, l’huissier de justice nous a convoqués pour nous informer d’une éventuelle négociation avec Me Abdou Thiam, qui est l’avocat de Samir Bourgi. Avant cela, nous avions tenté des négociations, mais sans suite’’, souligne le Sieur Niang.
Ainsi, pour venir à bout de ces ‘’injustices’’ dans le milieu du travail, M. Sagna invite les Sénégalais à aller s’inscrire massivement sur les listes électorales. ‘’En 2012, quand on se battait, c’était pour que tous les travailleurs opprimés avant cette date voient leurs larmes essuyées. Combien grande est notre déception de constater que depuis cette date, rien n’a changé pour ces 292 travailleurs de la société Transplast’’, se désole-t-il.
Il rappelle en ce sens qu’il y a une autre arme qui est la carte d’électeur. A l’en croire, les travailleurs ‘’opprimés de ce pays, négligés, marginalisés, écrasés doivent, le jour des élections, exprimer toute leur colère à ceux-là qui, depuis 12 ans, ne s’occupent de pas de leur dossier et n’ont enclenché aucune procédure en ce sens’’.
Ils n’ont cependant pas manqué de lancer un appel au ministre du Travail pour que les travailleurs de Transplast puissent recouvrer leurs 737 millions, afin d’éviter que l’irréparable ne se produise dans une manifestation.
HABIBATOU TRAORE