Quand une affaire de cœur brisé conduit au mouridisme
En 2006, il divorce d’avec sa femme. Le Strasbourgeois Alain Juillet décide de venir au Sénégal pour se changer les idées. Sur place, il découvre Touba et Bamba.
À Touba, Alain est venu, il a vu et il est resté. Une belle histoire d’amour naissant sur les cendres d’une mauvaise expérience matérialisée par un divorce d’avec sa femme française. Il quitte Strasbourg le cœur brisé et débarque à Touba où il a recollé les morceaux. Depuis, Alain est heureux. Il embrasse l’Islam et devient mouride en 2012. Il a cherché à ‘’comprendre’’ avant de ‘’s’engager’’ et dites désormais : Alain Alioune Juillet. Ce mois du calendrier grec qui l’a vu naître et celui durant lequel Cheikh Ahmadou Bamba a quitté ce bas monde. Une curieuse coïncidence décryptée par Serigne Bara Mbacké, 6éme khalife mouride en ces termes : ‘’C’est Serigne Touba qui t’a demandé de venir. Tu es un natif du mois de juillet et il a été rappelé à dieu le 19 juillet 1927’’, rapporte Alain fièrement.
Le Toubab n’est plus reparti en France, d’ailleurs, ses trois enfants devenus adultes ne ‘’comprennent toujours pas le choix’’ de leur père. ‘’Mais on s’entend tout de même et nous sommes en contact permanent’’, dit Alain sur un ton nimbé d’émotions. Les cheveux au vent bigrement disposés sur une tête bien adulte, Alain attire l’attention sous ses gros habits de mouride. Sacoche en bandoulière, cet homme semble heureux et dispose d’une bonne maîtrise des coins et recoins de cette mosquée qu’il arpente. Son teint rougi par le climat, témoigne de ses 6 années passées au Sénégal.
Taille moyenne et bon embonpoint, le français reconverti mouride et ‘’Baay fall’’ se dit comblé. Intellectuel et photographe dans l’âme, il est auteur de plusieurs écrits sur le mouridisme. Un amour qu’il explique ainsi : ‘’ À Touba, je suis tombé amoureux de l’histoire du mouridisme quand j’ai su ce que les colons ont fait à Bamba. J’ai ainsi entamé des recherches aux archives nationales et un peu partout pour comprendre d’avantage’’. Là, devant le mausolée de Cheikh Ahmadou Bamba, il partage les conclusions de sa recherche. Les colons, dit-il, n’avaient rien à reprocher à Bamba.
Seulement, le bout d’homme aux dimensions élevées gênait les Damel et autres aristocrates de l’époque, qui commençaient à perdre la confiance de leurs peuples au profit du Cheikh. Et ce sont ces derniers qui sont allés demander aux colons d’arrêter le religieux à la prêche ‘’percutante’’. Voilà pourquoi Alain se dit n'être nullement ‘’gêné’’ de fouler le sol de Touba et de regarder les gens en face. En 2007, le 5éme khalife de Bamba Serigne Saliou Mbacké lui donne l’autorisation de monter sur ‘’Lampe Fall’’, nom donné au plus long minaret de la mosquée, pour faire des photos. Lesquelles permettent de voir l’évolution de l’esplanade de la mosquée et d’illustrer ses œuvres qui englobent également un large éventail de films documentaires.
Il ambitionne de voyager partout, pour porter les enseignements du mouridisme, ‘’gage d’un monde meilleur’’, soupire-t-il. A 55 ans, le ‘’baye Fall’’ Français étale sa devise tirée de valeurs qui fondent le mouridisme: ‘’Travail, voie sacrée d’accès à dieu’’. Qui l’eut cru, Cheikh Ahmadou Bamba a pu dompter les fils de ses anciens ''déporteurs''.
Amadou NDIAYE
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