Diplomate de carrière, Premier conseiller à l’Ambassade du Mali à Washington et à Paris, Gouverneur de la Région de Sikasso, Directeur du Protocole de la République sous le Président KONARÉ  et ancien Secrétaire Général du Ministère des Affaires Étrangères, le plus proche collaborateur et conseiller politique de l’ombre de feu Maitre Alioune Blondin BEYE, Son Excellence Alpha Abdoulaye SOW, nous a quitté ce vendredi 23 août 2024 à Paris à la suite d’une longue maladie, presque 26 ans après le crash de l’Avion de Maitre Alioune Blondin Beye, cet autre  vendredi le 26 juin 1998, où la main de Dieu l’avait sauvé.

Il y a des morts devant lesquels on  ne peut pas se taire, devant lesquels on est obligé de parler, devant lesquels on est contraint de témoigner tant les souvenirs nous reviennent en force. Et je voudrais ici témoigner de ma profonde admiration  pour l’intégrité, la profondeur morale et religieuse et la détermination de l’homme à promouvoir la paix en Angola. Je suis éternellement reconnaissant à lui pour ses qualités humaines, ses conseils avisés, l'excellence de son coaching pour mon travail de mémoire de fin d'études à l'ENA qui m’ont  valu les notes de lecture flatteuses de feu Pascal, Baba Couloubaly et la bienveillance des éditons Cauris qui finir par l’éditer sous la préface de Boutros-Boutros Ghali.   

Avec Alpha A SOW, je partage une reconnaissance commune à Maitre Alioune Blondin Beye, notre référence diplomatique à tous,  Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unis et médiateur en Angola, dont il fut le  collaborateur le plus proche, le conseiller spécial le plus émérite à mes yeux, qu’il a servi avec loyauté, déférence, abnégation et respect, et qui ne tarissait jamais d’éloges sur ses qualités humaines et professionnelles, raison pour laquelle il l’avait désigné pour me suivre,  me confiait un jour, Maitre BEYE, à  l’occasion d’un déjeuner lors d’un de ses  nombreux passages à Bamako.

Merci Alpha Sow pour ton soutien inestimable, pour tous ces plis et surtout celui  que je n’oublierais jamais qui contenait les hiéroglyphes, je veux dire le hand writing de Maitre Beye,  sur « les Dix règles d’or de la médiation angolaise », son second projet d’écriture, après « la peur de la paix en Angola» qu’ils se proposait de publier  après sa mission et que tu me fis parvenir à temps par la valise diplomatique du PNUD, toujours sous la bienveillance de Madame Paulette Maïga, paix à son Âme.  Merci Alpha Sow pour tous tes petits mots de soutien et d’encouragement et grand Merci pour la mobilisation de ta famille lors de ma soutenance en ce mois de juin 1996.

De ton deuil qui nous fait l'âme obscure et triste aujourd’hui, nous devons pourtant reprendre notre raison devant la volonté du tout puissant, lui seul qui sait ce qu’il fait, pour nous incliner avec humilité, déférence et respect devant ta sépulture.   

Après un si long combat contre la maladie, nous acceptons avec douleur ton rappel à Dieu puisse que nous ne pouvons rien changé en la volonté divine qui t'élève auprès de lui, parce que tout ce que Dieu fait est grâce. Cette grâce qui t'a fait rescapé du crash de l'avion de Maitre Beye de ce vendredi 26 juin 1998, où tu aurais pu partager le sort commun de tes collègues de la MONUA et d’UNAVEM, dont Maitre Beye lui-même, l’ambassadeur Koffi Adjoyi, du Togo, Beandegar Dessande, du Tchad, Amadou Moctar Gueye, du Sénégal, Ibikunle Williams, du Nigéria, Alvaro Costa, du Portugal, et leurs  deux pilotes Jason Hunter et Andrew McCurrach, originaires d'Afrique du Sud,  t'arrache aujourd'hui à notre affection 26 ans après, presqu'un bonus de vie que le bon Dieu t'a accordé pour tes bienfaits, ta piété, ta profondeur morale,  ton humanisme, dont ta famille,  tes amis, tes collègues et nous tes jeunes cadets admirateurs et obligés, doivent finalement se consoler. Ta foi musulmane inébranlable était profonde et contagieuse et je me souviens encore de ce combat épique pour l’Éducation des enfants de ta rue à Faladiè SEMA, que tu as dû  mener et gagner contre l’installation et la profération de bars chinois, parce que tu me disais que même s’il fallait aller jusqu’à la cours suprême tu irais pour que force reste à la loi, parce que la vocation des maisons que vous aviez achetées était à usage d’habitation et que cette vocation ne devrait pas changer pour éviter à nos enfants les tentations possibles d’une telle proximité destructrice pour des consciences naissantes.

Le Club des amis de Maitre Alioune Blondin te rend aussi par ma voix un vibrant hommage parce que sans ton instruction à moi à ce jour-là, peut-être que sa création eut encore été différée. Mais grâce à ton instance j’ai pu séjourner pour la première fois à l’IPR ISFRA de Katibougou, pour ficeler avec le premier Guide du Club Abdoulaye N’Diaye et son équipe, les détails de la création du Club des Amis de Maitre Alioune Blondin BEYE, qui naitra le 1ier  novembre 1996, et qui continue encore aujourd’hui à tenir allumé le flambeau de la reconnaissance, 26 ans après,  en rendant presque chaque année un vibrant hommage aux messagers de la paix en Angola que tu fus aux côtés de Maitre BEYE.

J’imagine bien le travail qui a dû être le tien auprès de Maitre Beye pour réussir là où la britannique, Madame Margareth Anstee, avait échoué, à faire signer par le Gouvernement de Luanda de Edouardo Do Santos et les représentants de l’UNITA de Jonas Malheiro Sidonio Savimbi, cet accord historique de cessez-le-feu à Lusaka, le 20 novembre 1994, mettant ainsi fin à plus de 20 ans de guerre civile ayant fait plus de 500 000 morts. Une prouesse africaine inscrite à jamais dans les annales de l’histoire diplomatique du continent et du Mali, dont nous sommes si fier aujourd’hui. Faut-il peut-être rappeler  aussi que le Ministre Abdoulaye Diop, que beaucoup ne découvre que maintenant, avec la qualité du verve et la rhétorique sublime  qui tient fermement le flambeau allumé est l’un de vos meilleurs produits qui assure la bonne relève et rappelle à tous,  ce que fus l’excellence de la diplomatie malienne, d’hier à aujourd’hui, depuis Bareïma Bocoum, Ousmane BAH, Maitre Alioune Blondin Beye, Tiebilé Dramé et très récemment ton frère cadet, Sékou Lamine  Sow jusqu’à Abdoulaye Diop, mes plus belles références.

Alpha Abdoulaye Sow, humble jusqu'à l'effacement qui vient de nous quitter fait partie de ces morts qui nous quittent en laissant dans le cœur de tous ceux qui l'ont connu une profonde tristesse. Tu fus indéniablement une force directrice pour le bien et la paix en Angola.  

En ce jour où tu nous quittes pour toujours, le Club des Amis de Maitre BEYE et moi en premier s’incline avec respect et honneur devant ta Mémoire. Tu as mérité l’estime et la confiance de Maitre BEYE et avec lui sous la houlette du Système des Nations Unies, tu as apporté ta part de paix au Peuple frère d’Angola. Puisse Demain votre contribution exceptionnelle à la Paix en Angola servir de ciment à plus de raffermissement des Relations diplomatiques entre le, Mali et l’Angola pour le bonheur de nos deux Peuples frères et amis.

Puisse nos ancêtres ascensionnés les plus méritants accueillir ton âme et guider tes pas auprès de notre père céleste dans ce nouveau monde de paix où à jamais nous savons que tu reposes désormais, parce que, je crois comme le poète, que le tombeau qui sur les morts se ferme, ouvre le firmament, et que ce qu'ici-bas nous prenons pour le terme n’est que le commencement.

Que le Paradis, soit ta dernière demeure, que la terre te soit légère et que ton Âme repose en Paix.

Adieu, Koro, Grand Diplomate de Paix, la jeunesse reconnaissante.

Ousmane BAMBA

Auteur du livre, « Le Conflit Angolais, l’Action de Maitre Alioune Blondin Beye,

Médiateur des Nations Unies », Cauris Éditions,

Paris, 2003, 138 pages,

Préface de Boutros-Boutros Ghali