‘’La jeune génération de reggaemen incarne une certaine originalité’’
Anthony B, de son vrai nom Keith Blair, est un reggaeman jamaïcain. L'artiste, de renommée internationale, est au Sénégal pour prendre part à la première édition du Sen Jam Fest, organisé par la structure Ici même (IM). ‘’EnQuête’’ a profité de ce séjour de l’artiste pour revenir sur quelques aspects de sa carrière.
Comment passez-vous cette fin d’année au Sénégal ?
Comme vous le savez, je suis au Sénégal pour le Sen Jam Festival organisé par de jeunes Sénégalais. Il est le premier festival entièrement destiné à la musique reggae et organisé par la structure Ici même (IM). Je trouve l’initiative vraiment fantastique. Il est bien que ces jeunes aient eu l’idée d’organiser ce plateau.
Alors, je passe bien cette fin d’année, parce que j'aime prendre part à tout ce qu'organise la jeunesse africaine de manière générale. Prendre part à ce genre d'activité peut constituer une source de motivation supplémentaire pour ces jeunes. Et cette expérience est fort enrichissante pour moi, parce qu’elle me permettra, de retour en Jamaïque, de dire que de jeunes Africains, partant du reggae, essayent de faire bouger les choses à leur manière dans leur continent.
Aussi, ce festival, du moins je le considère comme tel, est un moyen de rapprocher la Jamaïque de l'Afrique.
Qu'est-ce que cela vous fait d'être tête d'affiche de cette édition inaugurale ?
C'est un grand honneur pour ma modeste personne d'être l'artiste vedette de cette toute première édition, il faut le rappeler, du Sen Jam Fest. Car de grands reggaemen, plus connus que moi, il en existe en Jamaïque et un peu partout ailleurs dans le monde. Au-delà de ce privilège, je suis très content d'être là, parmi mes frères sénégalais, africains, pour ensemble célébrer la musique reggae. Elle vient certes de la Jamaïque, mais ses racines sont indéniablement africaines.
N’est-il pas regrettable de ne pas avoir beaucoup de festivals de reggae ici ?
Comme on a l'habitude de le dire, toute chose vient à point nommé. Il est vrai que le Sénégal est un grand pays de reggae, les musiciens ont du talent à revendre. Cela a peut-être pris du temps, mais je pense que le bon moment, c'est maintenant. Il faut juste espérer une pérennisation de Sen Jam Fest et à la prolifération de ce genre d'événement un peu partout sur le continent. Car, en tant qu'Africains, nous devons nous montrer beaucoup plus enclins à mettre en place ce type de projet.
Connaissez-vous les artistes reggae africains ? Comment trouvez-vous ce qu’ils font ?
J'aime bien la façon dont le reggae est vécu ici. J’aime les mélodies proposées qui ont une particularité africaine. J’aime également, bien sûr, le message. J’y sens beaucoup d'engagement et d'amour. Et au fond, il y a ce rapprochement naturel entre l'Afrique et la Jamaïque qui constituent le même peuple, partagent les mêmes sensations, les mêmes cultures à la base. Je compte plus d'une trentaine d'albums à mon actif. Je ne pourrais les énumérer tous. Mais ‘’The Real Revolutionnary’’ est mon premier vrai produit et que j’ai sorti en 1996. Entre-temps, plus d'un quart de siècle depuis le début de ma carrière, beaucoup d'albums ont suivi. Je pourrais, entre autres, citer ‘’Universal Struggle’’ (1997) ou encore ‘’That's Life’’ (2001). D'ailleurs, en 2020, sortira mon tout nouvel album.
À l'instar de toutes les musiques, le reggae souffre de la percée la modernité. Cela ne vous inquiète-t-il pas en tant "puriste" ?
Je pense que les choses évoluent. La musique de Bob Marley diffère de celle d'Anthony B, ainsi de suite. C'est la nature des choses. Les airs peuvent sonner moderne, mais le socle, lui, reste inchangé, c'est du reggae. Et cette jeune génération de reggaemen incarne une certaine originalité, une certaine créativité qui donnent une sorte de nouveau souffle à notre art.
Des collaborations à prévoir avec des reggamen d'ici même ?
(Il sourit) J'étais en studio tout à l'heure. Sinon, depuis le début de mon séjour ici, j'ai rencontré pas mal d'artistes avec qui j'ai eu quelques échanges. Je ne ferme pas les portes pour d'éventuels featurings.
PAR BIGUÉ BOB