Le déficit ne concerne que la région de Dakar
Selon le gouvernement, le marché sénégalais est dans l’ensemble bien approvisionné par rapport à la même période de l’année dernière. À Dakar, par contre, 40 000 moutons manquent encore à l’appel.
Les tensions notées dans les marchés d’approvisionnement en moutons ne concernent que la région de Dakar. Le ministre du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale l’a laissé comprendre hier, lors du nouveau format des rencontres gouvernement-presse. Représentant le Premier ministre Amadou Ba, Samba Ndiobène Ka soutient qu’à 11 jours de la célébration de la fête de Tabaski (le 29 juin prochain), ‘’84 244 têtes de moutons sont enregistrées à Dakar contre 123 569 sujets en 2022, soit une baisse de 39 325 sujets’’.
Le gouvernement explique ce déficit constaté dans la capitale, d’une part, par ‘’l’hésitation des opérateurs, eu égard au contexte actuel, et d’autre part, par la disparition de certains points de vente importants comme les deux voies du Camp pénal-Samu municipal et rue 10-boulevard Dial Diop, à cause notamment des travaux du Bus Rapid Transit (BRT) et des aménagements urbains, mais aussi l’encombrement de certains sites (parking stade Léopold Sédar Senghor qui a été désencombré et électrifié)’’.
Pourtant, le gouvernement assure avoir pris les devants. C’est ainsi que Samba Ndiobène Ka s’est rendu en Mauritanie pour rassurer les opérateurs sur les dispositions sécuritaires mises en place afin d’assurer un bon déroulement de leur séjour pour vendre des moutons au Sénégal. Aussi, l’État a dépensé plus de 1,3 milliard F CFA pour permettre aux opérateurs d’aller chercher des moutons au niveau national et international, selon les autorités.
Pour juger le niveau des prix, le Premier ministre a pris un arrêté de facilitation, le 18 avril dernier, pour l’approvisionnement du marché en moutons, avec l’exonération des droits de taxe des animaux importés de la Mauritanie, l’assouplissement des contrôles au niveau des frontières et à l’intérieur du pays. ‘’L’État a aussi mis en place un système de subvention de l’aliment de bétail. En 2023, l’État a mis à disposition des éleveurs 2 900 t d’aliment de bétail subventionné à plus de 50 %’’, assure le ministre représentant le Premier ministre.
Lors d’une visite du gouverneur de la région de Dakar, lundi, au niveau des points de vente de terminus Liberté 5, parking stade LSS, parc des petits ruminants Sotiba et foirail de Rufisque, l’autorité a témoigné de la disponibilité de toutes les commodités telles que l’éclairage, l’eau, les toilettes mobiles, la sécurité, l’aliment de bétail, etc. Malgré tout, les prix des moutons restent très élevés dans la plupart des points de vente.
Ces statistiques à Dakar sont les seules négatives concernant la disponibilité des moutons pour la semaine prochaine.
En effet, ajoute le ministre, ‘’559 215 têtes de moutons’’ ont été recensées au niveau national contre 540 688 têtes à la même période en 2022, soit un surplus de 18 527 sujets. Et sur l'arrivée de petits ruminants, ‘’157 372 sujets importés contre 146 426 en 2022, soit un surplus de 10 946’’.
Samba Ndiobène Ka explique cela, en partie, par le Programme national d’autosuffisance en moutons initié par le gouvernement du Sénégal en 2017. Six ans après, ‘’cela nous a permis de diminuer drastiquement l’importation de moutons de 550 000 à plus de 300 000 moutons. C’est des résultats très intéressants, même s’il existe encore beaucoup d’efforts à fournir’’.
Disponibilité de la pomme de terre et de l’oignon et pratiques spéculatives
La fête de Tabaski, c’est aussi une grande période pour les vendeurs de produits qui accompagnent la cuisson du mouton. Sur ce point, le porte-parole du gouvernement a pris le relais de son collègue Samba Ndiobène Ka. Abou Karim Fofana a assuré la disponibilité des deux produits les plus prisés. ‘’Le besoin mensuel en consommation d’oignon est de 30 000 t. En ce moment même, nous avons plus de 50 000 t disponibles et nous avons pris la décision d’autoriser l’importation de 10 000 t venant d’autres pays, voire même plus’’, renseigne le ministre du Commerce, de la Consommation et des PME.
La situation est encore plus maîtrisée, concernant la pomme de terre. Sur ce produit, ajoute le porte-parole du gouvernement, ‘’’la consommation mensuelle est de 8 500 t. Nous notons dans certaines zones plus de 60 000 t de pomme de terre qui sont stockées et qui alimentent régulièrement les zones de consommation’’.
Malgré la disponibilité, des pratiques spéculatives ont été notées par le ministre du Commerce. ‘’Là où le prix devrait être moins de 10 000 ou 9 000 F, on note que le prix est à 14 000 F. Apparemment, il y a beaucoup de pratiques de rétention de stocks’’, s’indigne Abdou Karim Fofana.
Selon le porte-parole du gouvernement, ‘’Il y a des producteurs qui attendent que le prix arrive à 15 000 F pour commencer à vendre leurs stocks. Ce qui n’est pas normal. Nous voulons bien que nos compatriotes producteurs gagnent beaucoup d’argent, mais pas sur le dos des consommateurs sénégalais, étant entendu que l’État a fait beaucoup d’efforts en subventionnant les semences et autres’’.
Actuellement, les prix sur le marché de référence (Dakar) s’établissent à 9 750 F CFA/sac pour l’oignon jaune et entre 13 500 et 14 500 F CFA pour le sac d’oignon rouge. Concernant la pomme de terre, les prix varient entre 9 500 et 11 000 F CFA le sac.
MANIFESTATION ANNONCÉE DU 25 JUIN 23 Abdou Karim Fofana pointe ‘’l’irresponsabilité’’ de l’opposition ‘’Chacun doit mesurer la responsabilité des actes qu’il pose, dans la situation dans laquelle nous vivons. On ne peut pas avoir des manifestations qui ont entraîné des morts, occasionné beaucoup de préjudices pour les commerçants et parler de nouvelles manifestations, alors que ces défunts n’ont pas encore été enterrés. Cela montre toute l’irresponsabilité des gens qui appellent à manifester’’. Tels sont les propos du porte-parole du gouvernement qui a fait face hier à la presse. Abdou Karim Fofana s’exprimait sur la manifestation projetée par la coalition leader de l’opposition, Yewwi Askan Wi, dimanche prochain, pour lever le blocus devant le domicile du leader de Pastef, Ousmane Sonko, assigné à résidence depuis le 28 mai dernier. Pour le ministre du Commerce, de la Consommation et des PME, ‘’jusqu’à la Tabaski, on doit respecter au moins le deuil des familles. Nous vivons une importante période de chiffre d'affaires pour les commerçants. On ne peut pas leur faire subir des préjudices aussi importants, entre le 1er et le 2 juin derniers, et appeler encore à des manifestations. L’État fera tout pour protéger ces Sénégalais qui ont le droit d’exercer leur métier’’. Un avant-goût d’une future interdiction de ce rassemblement. Les ressortissants de Ziguinchor, où le leader de Pastef est le maire, ne sont pas plus rassurés qu’Ousmane Sonko sur le fait de passer une fête tranquille en famille. Beaucoup de restrictions ont été posées sur les voyages en Casamance. Le porte-parole du gouvernement s’est également penché sur la question. D’après Abdou Karim Fofana, ‘’la sécurité est notre priorité. On n’interdit pas le voyage entre Dakar et le sud du Sénégal. Il y a juste des restrictions qui concernent certains horaires, tandis que d’autres permettent de voyager. Il ne faut pas oublier aussi que des restrictions sécuritaires ont été mises en place depuis l’accident de Sikilo. C’est vrai que l’indisponibilité du bateau ‘Aline Sitoé Diatta’ diminue les possibilités de déplacement. Mais la route nationale reste ouverte à certaines heures’’. Le ferry, qui effectue la navette entre Dakar et Ziguinchor, a été suspendu, de même que les lignes de Dakar Dem Dikk qui a également essuyé les manifestations violentes des 1er et 2 juin. Et selon le ministre, ‘’lorsqu’il y a des casses, ce sont les populations qui payent les pots cassés’’. |
Lamine Diouf