Comment parler d’une œuvre d’art
Voir, comprendre, analyser et même des fois interpréter des œuvres d’art. C’est le quotidien des journalistes culturels. Pour bien faire ce travail, le Conseil sénégalais des arts les a conviés à un atelier d’échanges avec des plasticiens. C’était hier à l’Espace Aliana.
Le journalisme culturel, on ne l’apprend pas à l’école de journalisme. Pourtant, écrire sur les différents arts requiert un certain vocabulaire. Il faut ce que l’artiste plasticien Tita Mbaye appelle ‘’un niveau langagier’’. Car le journaliste est l’interface entre l’artiste et le public. Par conséquent, il lui faut certains outils pour mieux rendre compte des faits culturels auxquels il assiste. Pour les aider dans ce sens, le Conseil sénégalais des arts (Csart) a initié un atelier d’échanges entre des professionnels des arts plastiques et des journalistes culturels. C’est l’Espace Aliana qui a abrité la rencontre, hier.
Le critique d’art, Pr. Babacar Mbaye Diop, a, à cet effet, tenté d’expliquer ce qui doit interpeller celui qui est appelé à écrire sur une œuvre d’art. Il a tout de même précisé que ‘’le travail du critique d’art n’est pas celui du journaliste culturel’’. Car, a-t-il expliqué, le premier nommé émet un jugement, alors que le second rend compte. Quoi qu’il en soit, les deux doivent comprendre que ‘’toute œuvre d’art a un sens, une signification’’. Pour les percer, il faut avoir la fibre artistique, fréquenter les expositions, connaitre l’histoire de l’art, savoir observer, avoir une certaine finesse de l’esprit et se débarrasser de tout préjugé. Il faudrait également avoir de l’expérience. Ce qui peut permettre de faire des comparaisons.
Comme l’a souligné Babacar Mbaye Diop, ‘’on juge une œuvre d’art par rapport à d’autres’’. Aussi, quand on parle d’une création, il faut la situer dans le temps. C’est-à-dire préciser en quelle année elle a été réalisée. Il faut parler de son auteur, de sa technique de travail, des outils qu’il a utilisés ainsi que des couleurs. Pour cela, il faut avoir ‘’la capacité à décomposer une œuvre d’art’’, comme l’a rappelé le président du Csart Sény Gadiaga.
‘’Quand on est devant une œuvre, on est devant une complexité implicite et diffuse’’, a indiqué d’ailleurs l’artiste et secrétaire général du Csart Tita Mbaye. Et ‘’il y a des mots techniques que le journaliste doit intérioriser pour lire une œuvre’’, a-t-il rappelé. A cela s’ajoute l’environnement de travail.
Comme l’a si bien dit l’ancien chef du service culture du quotidien national ‘’Le Soleil’’ Jean Pires, ‘’le contexte influence la qualité du travail du journaliste’’. Ce qui pose la lancinante question de l’intérêt que les médias même accordent aux faits culturels.
BIGUE BOB