Publié le 17 Jul 2025 - 10:00
TANDEM DIOMAYE- SONKO  

L’analyse de Thierno Alassane Sall 

 

Dans une tribune au ton grave, le député Thierno Alassane Sall exprime sa profonde inquiétude face à la gestion actuelle du pouvoir exécutif sénégalais. Il dénonce une crise d’autorité au sommet de l’État et une banalisation des dérives du Premier ministre, qu’il considère comme symptomatiques d’une lutte de pouvoir mal dissimulée entre Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko.

Après les propos tenus par le Premier ministre Ousmane Sonko à l’encontre de la magistrature, de la Société civile et des médias, certains s’attendaient à une parole ferme et républicaine de la part du président de la République. Mais pour Thierno Alassane Sall, la réaction de Bassirou Diomaye Faye n’a fait qu’aggraver la situation.

‘’Il a réussi la prouesse de choquer presque autant que son Premier ministre, en tentant de banaliser les déclarations de ce dernier, écrit-il. Selon le député, la réponse présidentielle n’a pas été à la hauteur des attentes républicaines. En insistant sur son amitié personnelle avec Sonko, le chef de l’État aurait relégué au second plan les atteintes aux institutions et à la démocratie.

‘’Ce glissement est grave. Car des magistrats ont été gravement mis en cause’’, rappelle Thierno Alassane Sall, qui déplore également l’absence de soutien clair envers les acteurs de la société civile agressés verbalement. Cette attitude, selon lui, ‘’interroge profondément’’ sur la capacité du président à exercer son autorité et à faire respecter les principes qui fondent l’État de droit.

Le député va plus loin, en estimant que cette séquence n’est pas un simple malentendu entre les deux hommes forts du régime. Elle serait plutôt l’expression d’un ‘’Protocole du Cap Manuel’’, sorte de pacte politique visant une conquête alternée du pouvoir entre Diomaye et Sonko. ‘’Cette guerre n’a rien à voir avec des projets divergents pour le Sénégal. Elle est, avant tout, un affrontement des ambitions, une bataille d’ego’’, affirme Thierno Alassane Sall.

L’ancien ministre met également en cause l’impartialité du système judiciaire actuel, qu’il juge à géométrie variable selon les profils politiques. Il cite les cas d’Abdou Nguer, Moustapha Diakhaté ou Badara Gadiaga, poursuivis avec rigueur, alors que les propos de Sonko ne susciteraient aucune réaction du parquet. ‘’La balance de la justice est rarement apparue aussi manifestement truquée’’, fustige-t-il, appelant le président à poser des actes clairs pour rétablir l’égalité de traitement entre citoyens.

Pour Thierno Alassane Sall, la réponse de Diomaye Faye ne met nullement fin au bras de fer au sommet de l’État. Elle s’apparente plutôt à une stratégie de temporisation, en attendant que l’autre camp s’affaiblisse. Pendant ce temps, prévient-il, la situation économique et sociale du pays continue de se détériorer.

‘’Le Sénégal est au bord de la rupture. Est-ce cette rupture dont parlaient Diomaye et Sonko’’, s’interroge-t-il avec gravité. En conclusion, le député met en garde contre les conséquences d’une guerre d’ambitions au sommet, alors que le pays s’enfonce dans la précarité, le chômage et la perte de confiance des investisseurs. ‘’À trop laisser pourrir cette drôle de guerre, le Président portera une lourde responsabilité dans la chute à laquelle le Sénégal semble promis.’’

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