Publié le 18 Aug 2020 - 18:30
ASSASSINAT

Saloum Keïta tue sa belle-mère avec l’aide de son cousin Famara Konté

 

La chambre criminelle a jugé, hier, Saloum Keïta et Famara Konté, pour les chefs d’association de malfaiteurs et assassinat. Le délibéré sera rendu le 13 octobre.

 

La ‘’Badiénou Gokh’’ Fatoumata Sissoko a été tuée chez elle, le 1er février 2016, entre 14 h et 14 h 30. Son corps gisant dans une mare de sang a été découvert par Ndèye Khady Niang, la femme de ménage. Cette dernière avait, ce jour-là, fini de préparer le déjeuner et s’est absentée quelques minutes pour aller voir son petit-ami dans le quartier, laissant sa patronne avec Saloum Keïta, son beau-fils, dans la maison. À son retour, elle a trouvé le corps inanimé. Ses hurlements ont alerté les voisins qui se sont rués dans la maison. La police et les sapeurs-pompiers ont rappliqué, dare-dare.

Tous les occupants de la maison ont été entendus pour les besoins de l’enquête. Puis, tout juste après, Saloum a disparu dans la nature. La fille de la victime, qui résidait en Espagne, a pris un vol retour et, dans la foulée, porté plainte contre Saloum. Elle était convaincue qu’il était l’assassin de sa maman. Un avis de recherche était lancé pour retrouver Saloum qui avait pris la fuite pour se réfugier à Saint-Louis. Il a été appréhendé un an après, quand il a posé de nouveau les pieds à Dakar, pensant que l’affaire s’était tassée.

Entendu une deuxième fois, il a laissé entendre aux enquêteurs qu’il avait besoin de s’éloigner des Parcelles-Assainies. C’est la raison pour laquelle il avait pris la tangente et qu’il était prêt à passer aux aveux. Ainsi, Saloum a reconnu les charges, alors qu’à sa première audition, il avait soutenu ne rien savoir de cette affaire. Il a aussi ajouté qu’il n’avait pas agi seul et que l’idée de supprimer sa tante venait de Famara Sonko. Les mêmes déclarations ont été reconduites devant le juge d’instruction. Il avait, en fait, expliqué que Famara lui avait suggéré de maitriser leur tante et lui n’aurait juste qu’à la poignarder. Chose qu’ils firent pour échapper à ses maltraitances et au salaire qu’elle lui réclamait à chaque fin de mois. Les deux comparses ont été placés sous mandat de dépôt, le 11 février 2016, pour les chefs d’association de malfaiteurs et assassinat.

Ils ont comparu hier, devant la chambre criminelle, pour répondre de leur acte. À la grande surprise du juge, Saloum a reconnu partiellement les faits et tenté vaille que vaille de blanchir son cousin. Il a juré par tous les saints que Famara n’y était pour rien : ‘’Je ne savais plus où donner de la tête. C’est pour cela que j’ai mentionné son nom à l’enquête. Ce que j’ai dit n’était pas vrai et je suis le seul à pouvoir vous dire ce qui s’était réellement passé. J’ai retrouvé mes esprits en prison’’, a-t-il confessé. Et d’ajouter : ‘’Ce jour-là, ma tante m’a trouvé dans ma chambre pour me réclamer mon salaire. Je lui ai dit que je n’avais pas encore perçu. Elle m’a traité de menteur et giflé, avant de sortir de la chambre. J’ai pensé qu’elle comptait appeler mon père pour lui raconter des choses. Je l’ai suivie. Elle s’est retournée pour continuer à me tabasser et je l’ai poussée. Elle a trébuché et est tombée sur la table pour finir sa chute à terre.’’

Saloum a poursuivi qu’il s’est mis ensuite à débarrasser les couverts du petit-déjeuner. Mais quand il a vu que sa belle-mère ne se relevait pas et tenait son cou, il est allé vers elle pour l’aider à se relever. C’est là que le couteau du petit-déjeuner qu’il tenait au moment où il l’aidait à se redresser, l’a blessée au cou. ‘’Voyant qu’elle ne bougeait plus, je suis retourné dans ma chambre pour faire semblant de dormir, jusqu’à ce que j’entende crier au secours’’, a-t-il déclaré, insistant sur le fait que son cousin était innocent.

Famara Sonko a, lui, soutenu s’être réveillé, le jour du drame, vers 11 h, pour sortir de la maison avec son ami El Hadj Ibrahima Ndiaye qui était venu le chercher. Qu’il n’est revenu à la maison que quand il a reçu un appel lui annonçant le décès. Le juge de lui lancer : ‘’Des personnes vous ont entendu dire qu’elle s’était suicidée. Pourquoi aviez-vous dit cela ?’’ Il a répondu : ‘’Je n’ai jamais tenu de tels propos.’’

Malheureusement pour lui, son ami E. H. I. Ndiaye a infirmé ces déclarations, même s’il a confirmé qu’il était venu le chercher vers 11 h chez lui. Mais, a-t-il ajouté, Famara s’était absenté une bonne vingtaine de minutes, avant de revenir le joindre au terrain où ils étaient assis entre potes. Daouda Hane, responsable de la morgue, a aussi soutenu que l’accusé s’est présenté en larmes à la morgue et a évoqué un suicide. Mais Famara s’est défendu qu’il était dans un état second. ‘’Je ne me souviens pas d’avoir parlé de suicide’’, a-t-il déclaré.

La fille de la victime et demi-sœur de Saloum, partie civile dans cette affaire, est, elle, convaincue de la culpabilité de Saloum. ‘’Ma mère me disait toujours que le jour où elle mourrait, c’est que c’est Saloum qui l’aura tuée. Saloum est mon demi-frère. Ma mère est allée le chercher en Casamance à bas-âge. Pourtant, elle a été avertie que c’était un voyou.

Il y a toujours eu des tensions entre lui et ma mère. Il a toujours essayé de le mettre en mal avec notre père pour les séparer. Il a été surpris, à deux reprises, en train de mettre des potions magiques dans l’eau que devait boire ma mère. Je sais que c’est lui qui a mis fin à ses jours. Concernant Famara, je ne peux ni affirmé qu’il l’a aidé ni juré de son innocence. Je ne retrouve plus ses bijoux en or, ni l’argent qu’elle gardait toujours à la maison. Mais cela m’importe peu. Je veux juste que les fautifs soient punis.’’ Elle a demandé qu’on lui réserve ses intérêts.

Le représentant du parquet s’est, à son tour, demandé laquelle des trois versions de Saloum prendre pour argent comptant. ‘’Tu as dit, lors de ta deuxième audition, ainsi que devant le juge, que pendant que tu étranglais ta tante, Famara l’a poignardée, pour revenir devant nous plaider son innocence. Quelle version croire ?’’, s’est-il interrogé.

Le parquet a fini par requérir l’acquittement de Famara et a demandé à la chambre de disqualifier le chef d’assassinat en meurtre pour Saloum et de le condamner à 20 ans de réclusion criminelle. Et les conseils de Famara ont abondé dans le même sens que l’avocat général, pour solliciter son acquittement. Ceux de Saloum ont plaidé la disqualification en meurtre.

L’affaire a été mise en délibéré et le jugement sera rendu le 13 octobre 2020.

Fama Tall

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