Marie Thérèse Diédhiou passe «plusieurs heures» à la Section de recherches
Alors que tout le monde épiloguait, hier, sur la démission de Malick Gakou, désormais ex-ministre du Commerce, de l’Industrie et du Secteur informel, un ponte de l’ancien régime était convoqué à la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane. Il s’agit de Marie Thérèse Diédhiou, ancienne directrice générale de l’Agence de développement et d’encadrement des petites et moyennes entreprises (ADEPME).
Selon des sources dignes de foi, Mme Diédhiou a été entendue par les enquêteurs durant «plusieurs heures». Ce que l’intéressée, contactée par EnQuête, a confirmé tout en refusant de révéler les raisons de son audition. «Tout ce que je peux vous dire pour le moment, c’est qu’il ne s’agit en aucun de raisons liées à ma gestion de la structure que j’avais en charge ou à un enrichissement illicite», confie cette ancienne responsable du Parti démocratique sénégalais (PDS) qui a rejoint le Rewmi d'Idrissa Seck il y a quelque jours.
Toutefois, les informations dont nous disposons infirment la version de Mme Diédhiou et indiquent que son face-à-face avec les gendarmes était bien lié à sa gestion de l’ADEPME. Invité de l’émission Grand jury de la Rfm, le nouveau patron de l’agence, Mabousso Thiam, soulignait avoir hérité d’une situation financière «catastrophique» de la société. «Si l’Adpme était une entreprise privée, j’aurais tout simplement demandé le dépôt de bilan et déclaré la faillite de l’institution, parce que tous les clignotants étaient au rouge», soulignait-il à cette occasion.
«L’Adpme fonctionne avec une dotation annuelle de l’Etat. C’est sa seule source de revenus qui s’élève à 391 millions F Cfa, (pour) une masse salariale de 389 millions F Cfa. Ce qui signifie que lorsque vous payez normalement le personnel, il vous reste 2 millions F Cfa pour payer les autres charges de fonctionnement : la location, l’eau, l’électricité, le carburant, le téléphone, les besoins de papeterie. Il vous reste également 2 millions F Cfa pour renouveler l’ensemble de vos investissements, il vous reste 2 millions F Cfa pour mener l’ensemble des programmes puisque la vocation première de l’ADPME n’est pas de payer les salaires, mais d’appuyer et d’encadrer les Pme», expliquait Mabousso Thiam.
«Comme un bateau ivre laissé à lui-même»
Sur les responsabilités face à cette situation, M. Thiam désignait «au moins deux grands responsables». «D’abord l’Etat, en ce sens que les organes de contrôle n’ont pas fonctionné. On a laissé la situation se dégrader sur plusieurs exercices. Et de manière plus ciblée, c’est le Conseil de surveillance qui, pour un certain nombre de raisons, ne s’est plus réuni depuis quatre ans». Or, c’est «le Conseil de surveillance qui veille à l’orthodoxie de la gestion et le Directeur général travaille normalement sous son autorité». Conséquence : «Depuis quatre ans, aucun budget ni compte n’a été approuvé. Il n’y avait pas de commissaire aux comptes ni d’organigramme. On s’est retrouvé dans une gouvernance absolument catastrophique ; l’Adpme (était) une sorte de bateau ivre laissé à lui-même», ajoute-t-il.
Créée par le décret n° 2001 1036, l’ADEPME, qui dépend du ministère des Mines et de l’Industrie, a pour mission de conseiller les Sénégalais désireux de créer une entreprise sur les procédures à suivre, l’état des marchés, les conditions d’approvisionnement entre autres...
DAOUDA GBAYA
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