Des aveux à renverser les journalistes pro-Diack
Il est peu probable que les cris d’orfraie et les plaidoiries de journalistes défenseurs de Lamine Diack, ancien président de l’Iaaf, mouillé dans une grave affaire de ‘’corruption passive’’, se fassent encore entendre, à présent que Diack est passé aux aveux devant les enquêteurs de la justice française. Des aveux qui ont révélé une autre ramification (tout aussi scandaleuse et qu’on ne soupçonnait pas, à savoir que l’argent sale du sport, celui du dopage, parce que extorqué à des athlètes russes pris en flagrant délit de tricherie, a servi à financer l’opposition dans son combat contre le régime de Wade) mais le journal français Le Monde a avoué s’être mépris et présenté des excuses au président Macky Sall dont le quotidien parisien révélait qu’il avait profité des deniers de la corruption pour mener la campagne électorale qui a permis de bouter hors du pouvoir Me Abdoulaye Wade, après la chipotée prise par le fils de ce dernier aux élections locales de 2009.
Les services du chef de l’Etat du Sénégal ont à leur tour démenti que l’argent extorqué à des Russes ait financé la campagne pour la présidentielle 2012 de Macky Sall dont les activités auraient plutôt été financées par les militants Apr, précise le communiqué rendu public par la direction de la Communication de la présidence de la République. Le journal Le Monde y est allé de son rectificatif démentant que des roubles russes aient été versés au candidat Macky Sall.
‘’Je suis Lamine Diack’’, s’étaient écriés des journalistes dénonçant qui un ‘’complot occidental’’ (sic), qui ‘’un acharnement raciste’’ contre le Sénégalais ex-président de l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (Iaaf), une ‘’cabale’’, pour ainsi dire, contre le Nègre Lamine Diack. Mais, par ces temps qui courent, il sera difficile de s’identifier à Diack sans risquer d’y perdre sa crédibilité, voire sa probité professionnelle.
A l’éclatement de ce scandale, des journalistes étaient allés bille en tête, sans précaution de la détention des faits, dans la défense du président Diack. On s’aperçoit à présent que pour avoir force et crédibilité, le commentaire a besoin de s’appuyer sur des faits concrets plutôt que de se fonder sur la seule partialité qui sera vaine quand se saura la vérité.
Faisant partie des genres rédactionnels dits ‘’de l’opinion’’ ou ‘’d’opinion’’, le commentaire ne peut se faire en tordant le cou à une éthique professionnelle ou en profanant ‘’la religion des faits’’, leur sacralité, pour être moins prosaïque. Certes Diack a une aura, certes il est compatriote, certes il est crédité de réalisations bénéfiques au sport, mais au regard des faits qu’il a avoué avoir commis, il reste très peu de cette image qu’un journaliste puisse encore défendre sans paraître suspect de ceci ou de cela. Il est légitime de dénoncer un complot contre Diack tant que le fondent des faits irréfragables.
Infortunes de la vérité
La vérité a ses hauts et ses bas ; elle peut tarder à rentrer le soir à la maison, mais ne passe jamais la nuit ailleurs, pour paraphraser une sagesse wolof. Dans l’affaire du meurtre du juge constitutionnel Me Babacar Sèye, le 15 mai 1993, le journaliste Abdou Latif Coulibaly avait cru avoir servi la vérité dans le traitement journalistique de cette affaire, mais c’est dans la manipulation qu’il tomba. Et c’est plus de vingt-deux ans plus tard qu’il exprima ses regrets. Oui, la vérité à ses ‘’infortunes’’. Et c’est le mérite à Coulibaly d’avoir reconnu s’être trompé de bonne foi dans le traitement de l’information sur un assassinat autour duquel il y a encore un épais nuage et de nombreux points d’interrogation. La subite réapparition dans l’actualité du maître-conspirateur Clédor Sène n’a pas aidé à apporter plus de lumière.
Désinvolture à l’écritel
A la télévision, le sous-titrage indiquant les noms et qualité en laquelle intervient une personne montré au petit écran n’est pas du tout une formalité ; il porte des éléments qui peuvent aider à la compréhension de l’information. Sur la RTS 1, ce sous-titrage ne semble pas être une préoccupation. Par exemple, dans ce reportage en direct du dimanche soir sur les préparatifs du Gamou de Tivaouane, aucune des personnes interviewées par les reporters n’a été présentée par l’écritel ! Au bout du compte, le téléspectateur n’a pu savoir qui est qui et fait quoi. Parfois, la présentation des éléments de l’écritel est si furtive qu’on n’a pas le temps de lire ces derniers ; qu’on en vient à se demander si ce service n’est fait que pour le principe.
Ne parlons pas des fautes comme de ‘’Solante’’ pour ‘’Sonatel’’ ; ou ce Abdoulaye Diop, vice-président de la Banque mondiale (il fallait écrire plutôt Mactar Diop)… Ailleurs, sur d’autres télés, ce n’est guère mieux. La même RTS présente Christophe Bouabouvier (sic) en croyant présenter Christophe Boisbouvier de Radio-France internationale (Rfi). Comme sur cette télévision nationale centrafricaine sur laquelle, le samedi 28 novembre 2015 à 14 h 45, l’écritel présente le ministre de l’Energie en écrivant ‘’mini Energie’’ ! De quoi vous en boucher un coin !
Alioune Fall, parrain d’une promotion de journalistes
Le 17 décembre dernier sortait la 43e promotion du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti, Institut de journalisme de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar) avec comme parrain le défunt Alioune Fall, ancien directeur général de Radio-Sénégal. Les témoignages d’anciens de l’audiovisuel public sénégalais ont été unanimes à témoigner que Fall a été un éminent professionnel, un homme qui a toujours ‘’encadré, dirigé, recadré’’, pour reprendre le mot de Mansour Sow, retraité de la RTS. Tout, disons beaucoup, a été dit sur ce journaliste intransigeant sur les principes professionnels et qui avait une telle conception du service qui dépassait sa propre personne de numéro 1 : ‘’Peu importe ma mort, pourvu que le travail continue.’’ Et la lecture de son testament par sa fille Dié Maty Fall, journaliste, aura révélé la probité d’un haut personnage qui aurait pu en d’autres temps se constituer un patrimoine immobilier, mobilier et financier, mais qui s’est juste contenté de ce que lui ont permis ses moyens honnêtes.
‘’Ma radio…‘’, avertissait-il souvent ses journalistes pour leur dire qu’il tient bien en main cet organe de presse où n’ont jamais régné la pagaille et la désinvolture et tout autre comportement qui n’aura pas été professionnel… Un parrainage pertinent pour des journalistes qui entrent nouvellement dans un secteur où les anti modèles s’imposent, de plus en plus, en référence.