Les dérives et manquements des télévisions relevés
A l’issue de sa rencontre du 2 avril passé, le conseil national de régulation de l’audiovisuel a rendu public son avis trimestriel concernant les programmes des télévisions. Beaucoup de manquements et de dysfonctionnement sont notés et des recommandations faites.
‘’L’audiovisuel doit éviter de contribuer à l’exacerbation des vices et nuisances dans la société.’’ Telle est la recommandation principale du conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) faite dans l’avis trimestriel (1er janvier - 31 mars 2015) dont copie est envoyée à EnQuête. Le CNRA y regrette les ‘’dérives’’ qui ‘’conduisent à la banalisation de l’inacceptable’’. C’est dans ce cadre que sont notés des dysfonctionnements. Parmi ceux-ci ‘’la diffusion et la forte médiatisation de propos ou d’attitudes obscènes, injurieux et irrévérencieux pouvant porter atteinte aux institutions de la République, à l’unité nationale et à la paix sociale’’.
Le CNRA a constaté que le niveau des débats des plateaux de télévision en général est assez bas. Les invités échangent sur des tons ‘’discourtois’’. A cela s’ajoute un ‘’déséquilibre manifeste dans le traitement et les conditions de sélection des intervenants sur les plateaux’’. En effet, selon l’organe de régulation, les présentateurs ne sont pas carrément neutres quand ils animent un débat. Ils prennent position et sont plus aptes à écouter et accorder plus de temps de parole à ceux avec qui ils partagent les mêmes avis sur des questions données. C’est pourquoi il les appelle à faire preuve de plus de ‘’professionnalisme’’ et de s’abstenir de relayer certains propos.
En outre, ‘’le CNRA constate pour le déplorer, sur la plupart des chaînes audiovisuelles, la prolifération d’émissions sur des faits divers souvent maladroitement justifiées ou légitimées comme étant des miroirs fidèles de la société sénégalaise’’. Ce qui est une violation de la ligne programmatique qui doit être non seulement éducative mais également informative. Seulement, ces programmes sont souvent destinés à des publics qui ne sont pas vraiment prêts à les recevoir.
Aussi, est notée ‘’la présence soutenue, dans des émissions de télévision, de publicités commerciales déguisées, au profit de produits supposés avoir des vertus aphrodisiaques, en des termes qui choquent les mœurs’’, selon le communiqué reçu à EnQuête. Cela a été notamment le cas lors de la diffusion de l’émission ‘’thiow thiow li’’ de la 2Stv diffusée le 6 février à 21h au cours de laquelle, l’invité, un tradipraticien, vantait les vertus d’un produit aphrodisiaque. Et les invités ne peuvent pas toujours être canalisés par les animateurs dans ce genre de circonstance. C’est pourquoi le CNRA regrette ‘’l’absence de système de retardateur de la voix dans les régies audiovisuelles, qui favorise la diffusion en direct de propos grossiers et choquants à travers certaines émissions de faits divers proposées à des heures de grande écoute’’. Un animateur de la TFM en a d’ailleurs fait les frais en récoltant en direct des injures. Il est recommandé aux télévisions dans ces deux cadres de préserver le public face à des pratiques à risque de santé publique et d’avoir ‘’obligatoirement’’ un système de retardateur de voix.
Par ailleurs, le CNRA a aussi noté ‘’le fort élan médiatique autour de l’élimination de l’équipe nationale de football du Sénégal (…)’’. Des propos désobligeants tenus sur certains plateaux de télévision dont celui de ‘’jakarlo’’ de la TFM sont regrettés dans la note de présentation de l’avis trimestriel du CNRA. L’autre chose regrettée est ‘’la forte médiatisation de dossiers judiciaires ou susceptibles de connaître une issue judiciaire au détriment de la présomption d’innocence, de la dignité et de l’honneur des personnes mises en cause’’. A tous ces manquements, s’ajoute le fait que les télévisions ne respectent pas les heures de diffusion de leurs programmes. ‘’Elles ne respectent que celles des grandes éditions’’, renseigne la note du Cnra.
BIGUE BOB