Une coalition à l’épreuve de la ruse des politiques
Reléguée à l'arrière-ban du conflit entre Rewmi et Apr, la coalition Benno Bokk Yaakaar semble condamnée à la passivité, spectatrice d'un duel entre deux hommes qui disent ouvertement avoir encore des ambitions présidentielles.
La guerre larvée à laquelle se livrent l’APR et Rewmi est loin d’avoir surpris Landing Savané. Le leader de And Jëf (AJ/PADS) soutient que la coalition Benno Bokk Yaakaar, dont il dit ne pas être membre, a un «fonctionnement (qui) laisse à désirer». «Nous ne constatons pas une concertation assez large dans cette coalition, même si formellement la coalition existe toujours. Je ne sais pas d’ici les scrutins locaux de 2014 ce qui sera fait, mais tout le monde doute qu'elle puisse survivre à ces élections», analyse l’ancien ministre. Selon lui, «la lutte de pouvoir est au cœur des contradictions et alliances» et que «tous les partis sont en compétition», à mesure que l’on s’approche des prochaines échéances électorales. A ce titre, deux camps se dégagent. «Il y a ceux qui sont en compétition directe, et ceux qui sont dans une alliance pour maintenir des positions», explique Landing Savané dont le parti préfère «rester en stand-by».
Secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), le Dr. Dialo Diop dit ne pas être concerné par «ces querelles entre des amis libéraux» qui «ne se soucient pas de l’intérêt national». «Vraiment, on est affligé par ce qu’on pourrait considérer comme de l’amateurisme et de l’irresponsabilité», dit-il. Le phénomène des alliances, dans notre pays, renvoie en fait à de la ruse où chaque parti essaie de tirer son épingle du jeu sans grands dommages, fait-il remarquer. Et la coalition Benno Bokk Yaakaar ne fait pas exception à cette règle. «Ce que l’on constate au Sénégal, c’est qu’à l’approche de chaque élection présidentielle, de grandes coalitions se forment. Après les élections, quand il y a fraude, la coalition se bat jusqu’à ce que les problèmes soient plus ou moins réglés», explique M. Savané, qui a été membre fondateur de plusieurs coalitions d’opposition.
«Intérêts politiciens et conjoncturels»
A l’instar de son prédécesseur, Macky Sall est amené à «gouverner ensemble» avec des alliés qui l’ont soutenu. Toutefois, remarque Landing Savané, «on constate que les coalitions éclatent d’une manière ou d’une autre». Ce que Dialo Diop trouve évident, car «ce sont des coalitions qui ne sont pas fondées sur des choix programmatiques, mais plutôt sur des intérêts politiciens, conjoncturels», incapables de résister à la durée. «Il y a longtemps que nous avons dit que la coalition Benno Bokk Yaakaar était devenue sans objet. Comme toutes les autres, elle va mourir de sa belle mort. Il est peu probable d'ailleurs qu’une coalition survive jusqu’aux élections locales», ajoute le SG du RND.
Par ailleurs, Dialo Diop dit avoir tiré les enseignements de son expérience au sein de la coalition Benno alternative, qui voulait porter la candidature avortée de Latif Coulibaly. Il promet de les livrer au prochain congrès de son parti, en juin prochain. Pour sa part, Landing Savané, ayant soutenu la candidature d’ Ousmane Tanor Dieng à la présidentielle de 2012, estime qu'«en politique, il ne sert à rien de regretter son choix». «Après chaque phase, dit le leader d’AJ/PADS, on tire le bilan et on s’organise pour les combats à venir. Chaque moment comporte ses frustrations. Nous ne sommes pas à notre premier combat politique. Nous dépendons des événements et de la conjoncture pour avoir une vision stratégique en ligne de mire», conclut Savané.
DAOUDA GBAYA
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