Publié le 1 Jan 2025 - 20:38
BRADAGE FONCIER

Les sites du commissariat central de Dakar et du camp Sékou Mballo ont failli être vendus

 

La vente de la maison de fonction du président de l'Assemblée nationale est l’arbre qui cache la forêt sur des scandales fonciers. Les cas du commissariat central de Dakar et du camp Sékou Mballo m, qui ont échappé aux mains des prédateurs, en sont des exemples patents. 

 

Alors que l’affaire de la maison de fonction du président de l'Assemblée nationale, achetée par un homme d'affaires, continue de soulever des débats, ‘’EnQuête’’ est en mesure de confier que le commissariat central de Dakar et le camp Sékou Mballo ont failli connaître le même sort.

Selon nos informations, c’est un ancien ministre de l’Intérieur sous l’ère Macky Sall qui voulait brader les locaux qui abritent le commissariat central de Dakar à des hommes d’affaires pour en faire un immeuble R+12 dont la police n’occuperait que le rez-de-chaussée et les deux premiers étages. 

Compte tenu de la sensibilité d’un service de police, les plus hautes autorités de la police d’alors s’étaient engagées dans une bataille qu’elles avaient fini par remporter. L’affaire avait même accéléré plus ou moins la défenestration de ce ministre par Macky Sall à la tête du ministère de l’Intérieur. 

En effet, renseignent nos interlocuteurs, c’est grâce à la presse que la transaction n’a pas été conclue. Il était prévu de céder les lieux aux Chinois, mais quand la presse a relayé l’information, les autorités ont reculé.

Par ailleurs, la construction inachevée des deux tours du camp Abdou Diassé pose également problème. Elle est confiée à une entreprise qui a reçu plusieurs milliards F CFA. Le monsieur qui a bénéficié du marché de gré à gré, dit-on, a reçu plus de 80 % du paiement avant de prendre la fuite, lorsque le régime est tombé, pour ne pas courir le risque de se faire interpeller. 

Concernant le scandale de la maison de fonction du président de l’Assemblée nationale, des sources dignes de foi renseignent que le milliardaire nommé dans cette affaire est cité dans bon nombre d’affaires jugées nébuleuses. ‘’Moustapha Niasse, qui était président, s’était farouchement opposé en écrivant au président Macky Sall qui a malgré tout vendu la maison. D’ailleurs, ce n’était pas une vente, le milliardaire a donné en échange un terrain de 1 600 m2 contre 5 000 m2 à Fann. Non seulement Niasse avait appelé Macky Sall, mais il lui avait dit que tant qu’il serait à la tête de l’Assemblée nationale, cette transaction ne se ferait pas. Cette lettre est dans un dossier au tribunal’’, ont avancé plusieurs sources. 

Les précisions du porte-parole de l’AFP

L'Alliance des forces de progrès, par la voix de son porte-parole, a jugé nécessaire de faire une précision.  Pour Alioune Badara Diouck, qui juge ‘’singulière’’ la version du député Abdou Mbow, à la base de cette polémique sur la vente de la maison du président de l’Assemblée nationale,  cela bouleverse les rôles et la chronologie des faits. 

"Le président Moustapha Niasse a opposé une fin de non-recevoir à un projet visant à aliéner un bien de l’État avec des procédures et des conditions pour le moins saugrenues. Cette affaire a débuté en 2017, par une procédure engagée par le ministre du Budget et le directeur du Patrimoine bâti de l’État, sans en informer le président de l’Assemblée nationale.

C’est le 3 juin 2021 que le directeur du Patrimoine bâti de l’État a écrit au président Moustapha Niasse pour lui demander les clés de la villa. La lettre est restée sans réponse. Après quoi, le président Moustapha Niasse a rendu compte au président Macky Sall. L’affaire de la villa figurait en bonne place dans les dossiers de passation des pouvoirs entre le président Moustapha Niasse et le président Amadou Mame Diop. La remise des clés de la villa en question, consacrant la transaction, a été effectuée le 20 août 2024", a écrit M. Diouck, par ailleurs ancien conseiller technique du président de l’Assemblée nationale.

AMADOU FALL

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