Le TF 881/R, terreau de la discorde
Les membres de la Coopérative d’habitat des ex-travailleurs de la défunte société Bata, revendiquent toujours leurs terrains. Cette société qui a fermé boutique depuis le 5 avril 1988, a vu ses biens meubles et immeubles hypothéqués, dont 14 villas de logement et un immeuble R+1 situé sur le titre foncier TF 881/R, par l’Etat du Sénégal, le plus important créancier de Bata avec 1,241 milliard de francs.
Il se trouve qu’en 1986, la direction de l’usine avait cédé le reste de ce titre foncier, faisant près de 6 hectares, aux travailleurs dans le cadre de la coopérative d’habitat, en complément des Castors de Bata, des logements qui n’avaient pu accueillir tous les travailleurs. Aujourd'hui, les ex-employés courent encore derrière leurs parcelles devenues litigieuses avec l’acquisition de leur ancienne usine par la Société sénégalaise d’investissement (SSI) de Mansour Kama.
Selon les membres du collectif des ex-travailleurs qui tenaient une conférence de presse samedi sur le site, «après avoir bradé l’essentiel de l’outil de protection et avoir vendu en pièces détachées et en ferraille, surtout au département caoutchouc où les machines ont coûté des milliards, la SSI a démoli tous les quatorze logements. La ruse consiste à faire de la cité et de tout le reste du TF 881/R, une même surface destinée à être revendue». En outre, le collectif signale que «d'ex travailleurs qui avaient déjà des parcelles dans la première tranche (…) se sont alliés à Mansour Kama...».
Selon leur porte-parole, Ousmane Diop, «nous n’accepterons jamais que cela passe. Il avait vendu cette surface du titre foncier à Ameth Fall Braya et la vente avait été annulée. Actuellement, nous sommes installés sur le site et nous sommes prêts à y laisser nos vies. Certains d’entre nous sont même en train de construire ».
Cependant, il faut noter que l’affaire a connu une évolution de taille. En effet, une ordonnance a été servie par le tribunal hors classe de Dakar le 3 avril 2012, faisant état d’une pré-notation signifiée au syndic et à Mansour Kama par un huissier de justice. L’inscription a été faite au Service des domaines de Rufisque. Par ce document, les «vrais ayants-droit» des 6 hectares du titre foncier 881/R, ne sont que les membres de la coopérative d’habitat des travailleurs de Bata qui n’avaient pas eu la chance de recevoir une parcelle lors de la première tranche de distribution.
PAPE MOUSSA GUÈYE
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