Dans la cour d’un candidat, entre ambiance festive et audiences foraines
Vu de l’intérieur, le décor de la campagne électorale dans le domicile d’une tête de liste, celle de Dental Guédé, conduite par le président du Mouvement citoyen pour le développement économique et social (MCDES-Madiba).
Comme un jour de grande fête au village. A Mbantou, où le candidat de la liste Dental Guédé, Oumar Baba Ba a son siège de campagne, le village vit au rythme des sorties et retours de l’enfant du terroir qui a décidé de briguer le fauteuil de la mairie. Lorsque la puissante sono qui accompagne son imposant cortège déverse ses décibels au grand bonheur des enfants et adultes debout en bordure de route pour saluer leur idole, la chorégraphie du tube fétiche devient le ‘’Wango Arti’’ du moment. Oumar Baba, du toit ouvrant de la voiture, salue ses supporters visiblement bien nombreux dans les parages.
Au retour de son convoi dans la soirée, c’est un autre mot d’ordre dès que le cortège est en vue : Tous chez Barou ! (diminutif par lequel le président du mouvement Madiba est aussi appelé). Une fois que la voiture-sono se gare, jeunes, femmes et enfants entament le bal-poussière énergiquement, frénétiquement, au rythme des différents singles dédiés au candidat avec, entre autres chanteurs vedettes, Ousmane Camara et Yonto. "Wumey Gadé", lance en pular, Yonto pour inviter à danser. Invite presque superflue, tant la scène est déjà active. C’est ambiance no stress pendant une bonne demi-heure, voire quelquefois une heure, jusqu’à ce que le DJ décide de couper le son pour laisser place… au repas.
Commencent alors à circuler des dizaines de plats avec pour mot d’ordre de la maîtresse de maison, Amina, de ne laisser personne en rade. Ceux qui se défoulaient il y a quelques instants y compris. Militants, staff de campagne, chauffeurs, agents de sécurité, sans oublier la flopée d’artistes qui accompagnent le candidat, se restaurent dans une ambiance bon enfant. Pas de traitement de faveur pour leur idole. Assis à même le sol sur une natte, les jambes croisées à la Mauritanienne, autour d’un plat avec des militants, c’est parfois à la main qu’il mange. Son très long séjour à l’étranger ne lui a, apparemment, pas fait perdre les coutumes du pays.
Une fois le repas terminé et que suivent les inratables tasses de thé, c’est le début des audiences informelles et quasi-imposées au candidat pourtant déjà éreinté par une très longue journée sur les pistes du Diéry. Tel responsable politique dans un village qui négocie les conditions de son soutien ou l’appui logistique à la manifestation qu’il compte organiser, et, c’est le plus fréquent, la demande sociale qui se manifeste. Un porteur d’ordonnance ou une mère d’un enfant souffrant d’une malformation congénitale, qu’elle dépose devant Barou comme pour lui prouver du bien-fondé de sa demande de soutien ou encore des communicateurs traditionnels aux aguets depuis longtemps pour déployer la prose qui fera tomber dans leur escarcelle quelques mignons petits billets, la foire aux sollicitations est quasiment sans arrêt.
Il est 2 h du matin tapantes. Barou devise encore dans la cour de sa concession avec quelques responsables de Madiba. Difficile d’imaginer alors qu’entre 11 h et 23 h, il était en caravane dans au moins cinq localités avant de tenir un grand meeting à Ndiawara. Du tonus à revendre pour pouvoir faire le tour de cette commune de 1 512 km2, soit presque trois fois plus vaste que la région de Dakar !