Un modèle de développement social et solidaire

Le modèle rufisquois des cantines scolaires a été hier au cœur des échanges à l'hôtel de ville, sous la facilitation de la Cicodev et du GRDR, en partenariat avec le Conseil départemental de Rufisque. Après trois ans de mise en œuvre, les parties prenantes se sont penchées sur l'impact du programme, son extension et les modalités de sa pérennisation.
L'alimentation scolaire revit. À Rufisque, grâce à une initiative regroupant le Conseil départemental, des organisations de la société civile et des acteurs de l'éducation nationale, les cantines scolaires reviennent de plus en plus à l'école, au grand bonheur des élèves et de leurs parents. Après plus de trois ans de mise en œuvre, un atelier a été organisé hier pour se pencher sur les résultats, les défis et les perspectives. Président du Conseil départemental, Papa Mamadou Fam déclare : « Ce forum vise la redynamisation de notre politique alimentaire territoriale. Nous sommes la première collectivité locale à en disposer et cela fait cas d'école. D'autres collectivités s'y intéressent et viennent voir ce que nous sommes en train de faire pour s'en inspirer. Nous remercions tous les partenaires qui nous accompagnent non seulement sur le plan financier, mais aussi sur le plan technique. »
Au-delà d'une simple question d'alimentation scolaire et d'installation des cantines, le plan rufisquois se veut intégré, promouvant une véritable économie sociale et solidaire. En plus d'aider les enfants à avoir une alimentation saine et équilibrée, il permet également à de nombreux agriculteurs locaux, notamment les maraîchers de Lendeng, d'avoir des débouchés. « J'ai l'habitude de dire que ce projet est celui que je préfère parmi tous les projets que nous mettons en œuvre. Parce que c'est un projet qui nous permet de mobiliser beaucoup de compétences et d'acteurs. Nous travaillons avec le monde agricole, avec les pêcheurs, les maraîchers... Nous travaillons aussi avec les transformateurs, le tout dans une approche inclusive des couches vulnérables », s'est réjoui le président du Conseil départemental. L'objectif, selon lui, est de mobiliser tous les acteurs dans une aventure de valorisation des produits locaux, tout en ayant la volonté d'assurer une alimentation saine et équilibrée.
À en croire les différents acteurs, le programme a permis d'améliorer les résultats des élèves dans la plupart des établissements engagés dans le projet. Lancé avec quelques écoles il y a quelques années, le programme n'a cessé de grandir, avec de nombreux établissements qui souhaitent être enrôlés. Chargée du projet au niveau du Conseil départemental, Fatou Ndoye est revenue sur les détails. « Plus de 500 000 repas sont distribués par an, soit plus de 5 000 par jour. Nous sommes présents dans 10 établissements, dans 5 communes, et d'autres frappent à la porte. Nous voulons faire le maillage complet des localités du département », a expliqué la cheffe de projet.
Pour la sauvegarde de Lendeng, levier essentiel du Programme
Après trois ans de mise en œuvre, le défi est la pérennisation. Comment faire pour que le projet survive sans les partenaires extérieurs ? Déjà, Rufisque se penche sur le sujet en comptant surtout sur la responsabilité sociétale des entreprises. La Sococim s'est déjà positionnée en tant que partenaire privilégié. Pour Seyni Kébé, responsable des programmes d'alimentation scolaire au GRDR, l'espoir est permis. « La gratuité n'étant pas pérenne, nous avons très vite pensé à une stratégie qui vise à répartir les charges entre les acteurs : collectivité locale, parents, partenaires locaux... Cela augure de belles perspectives, car cette année, le financement est totalement endogène », renchérit Monsieur Kébé, qui mise sur l'implication des entreprises.
Pour sa part, Khady Thiané Ndoye de Cicodev est revenue sur le rôle des cantines scolaires dans l'économie locale, avant de faire un vibrant plaidoyer pour les maraîchers de Lendeng, levier essentiel pour la réussite du projet. « L’alimentation scolaire, reconnue comme un filet social par l’État, vise à améliorer le bien-être global des communautés scolaires. Les cantines scolaires assurent une meilleure nutrition et santé aux élèves tout en favorisant leur réussite scolaire. »
Pour la pérennisation de ce modèle de développement intégré, elle a insisté sur la nécessité de sauvegarder le périmètre de Lendeng où s'activent de nombreux maraîchers. « Lendeng est une zone maraîchère active d’agriculture périurbaine qui contribue à la sécurité alimentaire et économique du territoire. D'une superficie totale de 56,83 ha (chiffre officiel), même si plus de 85 ha sont exploités, la zone de Lendeng génère un chiffre d’affaires annuel de 1 milliard 800 millions avec 2 000 emplois directs et plus d’une centaine d’emplois indirects », a-t-elle soutenu. Ce poumon vert, véritable îlot de fraîcheur, voit aujourd’hui son avenir menacé par l’urbanisation galopante, mais aussi par des investisseurs.