Un pont en lettres entre l’Afrique et l’Espagne
Dans le cadre du salon international du livre africain qui finit son périple au Sénégal, l’organisme Casa Africa (Maison de l’Afrique) a organisé une rencontre sur le thème du rapprochement entre l’Afrique et l’Espagne.
Le détroit de Gibraltar a été pendant toute l’Antiquité la limite du monde connu, selon les Grecs. Aujourd’hui, des deux côtés de ce rocher, deux terres (Afrique et Espagne) qui se sont ignorées pendant des siècles tentent de nouer le fil du dialogue. Pour cela, qui mieux que des passerelles en lettres pour réunir deux cultures. Ainsi, le centre ‘’Aula Cervantès’’ créé en 1997 en collaboration avec l’institut gouvernemental ‘’Casa-Africa’’ ont décidé de mettre à l’honneur les grands penseurs africains, lors d’un atelier d’échange, qui s’est tenu hier à Dakar. Et d’après le directeur du centre Ignacio Villarpenia, cette rencontre entre dans le cadre de l’organisation de la 5e édition du projet Salon International du Livre africain.
Présent dans l’édition, ‘’Casa africa’’ veut promouvoir la culture africaine en Espagne via un réseau de diffusion à la fois traditionnel et numérique, selon Estefania Calcines Perez, responsable de l’édition à Casa Africa. Le public a eu droit à la présentation de deux ouvrages pour réconcilier le passé et le présent du continent. Pour le premier livre, Il s’agit de Civilisations ou Barbarie’’ du savant Cheikh Anta Diop publié en 1981 et traduit en espagnol. Le second livre traite du sujet de l’immigration en Espagne, pays d’adoption de Mamadou Dia, l’auteur du livre.
Dans ce récit de 168 pages, intitulé ‘’3502’’, soit le nombre de kilomètres qui sépare Dakar de la ville de Murcie, Mamadou Dia, ancien immigré clandestin, décrit les difficultés d’existence des Africains dans la péninsule ibérique. ‘’Le message que je veux véhiculer via cet ouvrage est que le rêve européen n’est qu’une illusion. Et qu’outre le phénomène de l’acculturation, les Sénégalais sont confrontés à d’énormes difficultés comme la faim, le racisme. Ce qui est bien loin des aspirations de notre jeunesse qui brave tous les dangers pour rejoindre l’El Dorado européen’’, a déclaré Mamadou Dia.
Au-delà de cette rencontre, c’est toute une série d’événements qui est prévue, Casa Africa ne comptant pas s’arrêter en si bon chemin, à en croire Estefania Calcines Perez. ‘’Nous envisageons aussi de favoriser la diffusion d’ouvrages traduits en langues locales comme le Wolof, afin de favoriser un plus large échange entre nos deux cultures.
En outre, nous espérons que cette rencontre aboutira à une meilleure coopération économique et scientifique dans le futur’’, dit-elle. Avant d’ajouter que ‘’cette coopération va plus loin que les simples rives de la péninsule Ibérique, car elle va permettre de faire découvrir la pensée africaine à tout le monde hispanophone, principalement en Amérique Latine’’.
Pour sa part, le directeur Ignacio Villapadierna a tenu à rappeler que ‘’40 % des recettes de la vente du livre est reversée à une association qui œuvre pour le développement de l’agriculture dans le nord du Sénégal afin de dissuader les éventuels candidats au départ’’.