Publié le 20 Aug 2024 - 23:23
CHEIKH SAMBA  DIARRA MBAYE, POÈTE ET CHANTRE DE BAMBA  

Celui que Bamba surnommait ''Sâhibul Abyât''

 

Cheikh Samba Diarra fut l’un des écrivains les plus éminents de la poésie mouride d’expression wolof (wolofal), celui que Bamba surnommait ''Sâhibul Abyât'' (le poète). Il fit son allégeance au cheikh dont il devient le chantre. Il se donna pour mission de faire son apologie et de le faire connaître par ses écrits. ‘’EnQuête’’ vous retrace la vie de l’un des cheikhs de Serigne Touba Cheikh Ahmadou Bamba, Khadimou Rassoul. 

 

Fils de Serigne Mamadou Mbaye et de Sokhna Ndack Kane Niang, Cheikh Samba Diarra Mbaye est né vers 1868 (1285 H.) à Kokki (Louga). Le grand érudit et gnostique, Cheikh Sadiéye Mbaye, est son frère (aîné) germain. C’est au cours d’un séjour de ses parents auprès d’un maître coranique du nom de Massamba Diarra Diop du village de Massar Diop que naquit Cheikh Samba Diarra Mbaye. Son père lui donna le nom de son hôte. Cependant, Cheikh Samba Diarra déclara plus tard qu’il gardait ce prénom par respect et pour complaire à son père, mais qu’il s’appelait désormais Mouhamadou Abdoul Karim qui figure dans bon nombre de ses écrits.

Cheikh Samba Diarra est issu d’une famille tisserande (appelée communément raab) originaire de Kokki, Cheikh S. Diarra a appris le Saint Coran et la jurisprudence dans son village d’origine, avant d’entamer son premier voyage d’études à Ndiagne chez Serigne Ibrahima Sarr pour apprendre la rhétorique, la métrique et la grammaire (arabe), puis auprès de son homonyme Massamba Diarra Diop pour l’apprentissage de l’exégèse (Tafsir), avant d’atterrir chez l’éminent érudit El Hadj Malick Sy, établi à l’époque à Ndar (Saint-Louis).

Sa rencontre avec ce dernier résultait d’un désir de parfaire l’apprentissage du célèbre ouvrage Al-fiyyah ibn Malick, entamé auparavant à Ndiagne. Cet ouvrage était le plus valeureux manuel de grammaire et le plus convoité de l’époque. Il est composé de mille (1000) vers d’où le titre d’Al-fiyyah.

Séduit par son éloquence et son intelligence, El Hadj Malick Sy lui vouait beaucoup d’estime jusqu’à vouloir l’initier au tidjanisme. Son frère aîné, Cheikh Sadiéye Mbaye, lui conseilla néanmoins de faire allégeance à Cheikh Ahmadou Bamba.

Ainsi, Cheikh Samba Diarra fit son allégeance au Cheikh dont il devient le chantre. Il se donna pour mission de faire son apologie et de le faire connaître par ses écrits.

Son cursus académique très riche, contrairement à ce que disaient certains conférenciers, prouve à suffisance qu’il n’était pas un griot qui battait des tam-tams. Il n’a jamais tenu une baguette de tamtam, encore moins été un tambourinaire. C’est d’ailleurs un manque de respect envers son Guide (Cheikh Ahmadou Bamba), de dire qu’il l’a déniché dans une séance de tamtam (sabar). Dans son chef-d’œuvre, ‘’l’Attirance de l’aspirant’’, il a d’ailleurs balayé d’un revers de la main cette invention jetée un peu au hasard et contraire à la vérité.

Selon un de ses petits-fils, Cheikh Samba Diarra fut l’un des poètes les plus éminents de la poésie mouride d’expression wolof (wolofal). Selon Serigne Moussa Ka, d’après Serigne Mamadou Mbaye, il est le précurseur. ‘’Cheikh Samba Diarra n’était pas pour autant plus âgé que ceux-là, il fut seulement le premier à fouler le sol de ce vaste champ qu’est la poésie mouride d’expression wolof. Il affirme en arabe dans une de ses œuvres intitulée La voie du mouride : ‘’Je suis le premier à faire l’éloge de Cheikh Ahmadou Bamba en arabe et en wolof’’. Dans ce vers ci-après adressé à Serigne Môr Kayré, il confirme cette allégation en ces termes :  ‘’Yaw Taala yàlla na nga guddu fan, siggil ngama man

Mi njëkk woy Seex Bamba ba tay woy kat yépp a ngi woy. Ô toi (Môr) Talla, que ta vie soit longue ! Tu m’as honoré, moi qui fus le premier à faire l’éloge de Bamba au point qu’aujourd’hui tous les poètes composent’’, a confié à ‘’EnQuête’’ M. Mbaye.

Le ''sâhibul abyât''

Cheikh Samba Mbaye inaugure ainsi l’ère des poètes engagés qui se sont évertués à éveiller la masse, wolof pour l’essentiel, sur ce trésor que Dieu a gratifié à l’humanité.

La perfection n’est pas humaine, mais son éloquence persuasive ne souffrait d’aucune imperfection lexicale comme syntaxique d’où le qualificatif de ''sâhibul abyât'' (surnom que Cheikh Ahmadou Bamba lui avait donné et qui signifie l’auteur des vers, autrement dit le poète).

‘’En plus de sa parfaite maîtrise de la grammaire, de la rhétorique et de la métrique, il avait la facilité de s’exprimer et de composer aussi bien en wolof qu’en arabe, des vers qui s’inspiraient de l’amour divin et provoquaient l’émotion chez l’auditoire. C’est ainsi qu’il composa le fameux poème intitulé Yaaram naam Faal, en arabe et en wolof. Un poème épique, à travers lequel il fait l’éloge de Cheikh Ibrahima Fall, décrivant son affection, sa dimension ainsi que son dévouement au Cheikh (Ahmadou Bamba)’’ a indiqué le Pr en Français.

De sa part, Cheikh Ibrahima Fall était profondément marqué par les vers de Cheikh Samba Diarra Mbaye. Il l’invitait souvent chez lui et lui demandait de psalmodier ses poèmes comme le témoigne ce vers de Serigne Moussa Ka : ‘’Woykat ba Samba Jaara. Mootax dënnam bay bëx-bëxi. C’est en écoutant les vers du poète Samba Diarra. Que son cœur se mettait en exaltation’’. ‘’Une considération et un amour réciproques liaient ces deux condisciples. Cheikh Samba Diarra composa aussi un poème dans lequel il chanta l’éloge de son frère aîné, Cheikh Sâdièye Mbaye. Poète, prosateur, linguiste, historien, biographe, chroniqueur, moraliste, Cheikh Samba Diarra reste un écrivain éminemment accompli et multidimensionnel. Il eut recours au néologisme pour enrichir ses écrits caractérisés par un engagement de foi et un goût de l’exotique. Ainsi, pour enrichir son apparat (lexique) poétique, il étudia une technique très usitée par les linguistes du XVème siècle, consistant à ‘’wolofaliser’’ des mots français ou arabes, soit par l’orthographe, soit par la prononciation. Et, ces emprunts, aussi divers que variés, sont assez présents dans ses poèmes et témoignent par-là de sa grande culture générale, notamment en français dont il avait les rudiments, car fortement implanté dans la capitale de l’Afrique Occidentale Française (AOF)’’, a témoigné le petit-fils. Pour qui, Cheikh Samba Diarra donne ainsi une forme wolof (écorchée) aux termes qu’il emprunte : ‘’depes’’ (dépêche), ‘’sirurjee’’ (chirurgien), ‘’komiseer’’ (commissaire), ‘’seef’’ (chef), ‘’tarjumaan’’ (interprète), ‘’pibiliye’’ (publier), ‘’afis’’ (affiche), ‘’mersi’’ (merci), etc.’’, a-t-il expliqué. 

De plus, mis à part le français et l’arabe, langue avec laquelle il composa plusieurs poèmes, Cheikh Samba Diarra enjolivait son style en usant du pulaar particulièrement dans Gànnaar d’où les vers suivants sont extraits : ‘’Naar yaa ni Gànnaar ga maalum xàtta ñook tukulëër

Ya naa wanaa góngo Ñooroo fawqa Gànnaar. A Gânnâr (Mauritanie), les maures et les toucouleurs affirment, en vérité, que Nioro surpasse Gânnâr. Jom doole jom góngo moo gëm Yàlla gëm ndogalam. Moom waat na wàcc na bir na réewi Gànnaar. (Détenteur de force et de vérité ! C’est lui qui croit en Dieu et en Son décret. Il a prêté serment et honoré son pacte ; cela est certes manifeste dans les hameaux de Gânnâr).’’

Poète aux vers hermétiques et quelques fois plus ou moins intimistes, Cheikh Samba Diarra puise au plus profond de lui-même pour partager ses expériences personnelles ou pour exalter son Maître. Il paraît souvent comme un être possédé bien sûr par son Maître qui, explique-t-il, se manifeste en lui et auquel il s’est mélangé. Autrement dit, par l’amour qu’il vouait à son Maître, Cheikh Samba Diarra avait fini par s’annihiler en lui. Par conséquent, s’estompe en lui toute individualité.

Dès lors, tout ce qui transparaît chez lui n’est qu’un reflet de ce qu’il est réellement devenu, c’est-à-dire le dépositaire des paroles de son Maître. ‘’Lorsque toutes les oreilles se pâmaient d’aise en l’écoutant et que tous les yeux s’émerveillaient en le voyant accabler son Maître de louanges, Cheikh Samba Diarra se rabaissa ; ‘’Ne m’admirez pas car je ne suis qu’une malle qui renferme ses paroles [Et] lorsqu’il m’ouvre je deviens sa langue’’

En réalité, c’est son Maître qui s’exprime à travers lui. Il révéla dès lors à l’opinion, sans souci de critique : ‘’Le Seigneur m’a offert son éloge. Que je sois son Hassân où que j’aille. Que je serve d’interprète à son discours.  Celui que j’ai rencontré est digne d’être connu’’ a confié Serigne Mamadou Mbaye. Selon lui, Hassân ben Tâbit était le chantre par excellence du Prophète (PSL) et de ses braves compagnons pendant les années de braises de l’Islam. Il était la personnification de la fidélité des médinois au Messager.

Pour rendre plus réceptif et plus incisif le message de son Maître, Cheikh Samba Diarra l’interprétait d’arabe en wolof, au bénéfice de ses coreligionnaires qui ne maîtrisent que leur langue maternelle (le wolof). Il fut un vendeur de tableaux d’art islamique au marché central de Saint-Louis. Sa présence marquée par une forte déclamation de ses propres poèmes quelquefois contestée, lui attirait des problèmes. Un jour le vigile l’expulsa du marché. Paraît-il, la déclamation l’ennuyait. Un autre récit note cette expulsion après une dénonciation des femmes du marché qui se sentaient gênées par ses déclamations et s’en remirent alors au vigile qui détruisit son étalage. Quoi qu’il advienne les habitants découvrirent le corps du bourreau sans vie qui commençait déjà à se décomposer sur la berge du fleuve. C’est à ce titre que Cheikh Samba Diarra écrit dans son chef-d’œuvre précité :  ‘’Tout ce dont j’ai peur, il le saisit.  Le jette hors de ma vue. Ou le noie, le faisant ainsi disparaître. Celui que j’ai rencontré est certes digne d’être eu en soi’’. ‘’Après cette tragédie, il a abandonné définitivement son activité commerciale au profit de la prédication pour inciter à la dévotion et au service de son Maître. Il a vécu à l’ombre et sous la protection de son Maître. A l’exception de Gabon, il le suivait partout durant son exil : Mauritanie, Thiéyène (Djolof). Il l’aimait plus que soimême, de toute son âme et de tout son cœur. Il répétait sans répit : ‘’je ressens en moi l’impossibilité d’aimer un autre être, car je suis un homme déjà possédé. Je me suis cherché moi-même et j’ai trouvé Cheikh Ahmadou Bamba’’, ainsi résumaitil sa vie. La forte présence de son Maître en lui, avait finalement noyé sa conscience psychologique et sa conscience transcendale. En effet, Serigne Moussa Ka confirme :  ‘’Cheikh Samba Diarra Mbaye qui chantait jadis Bamba. C’est Bamba qui l’a rempli pleinement, lui tenant son fardeau’’ a témoigné le Pr Mbaye.

CHEIKH SAMBA DIARRA MBAYE

Sa mission quand Bamba était en exil en Mauritanie

 

L’homme auquel s’intéresse dans sa série de dossiers d’avant Magal EQuête aujourd’hui est l’un des monuments du mouridisme. Cheikh Samba Diarra Mbaye étaient  un homme fortement illuminé qui, irrésistiblement attiré par la grandeur incommensurable de l’objet de sa découverte, s’enflamme à travers une poésie exaltante. Il ne cesse alors de multiplier les appels à tous les musulmans avec qui il brûle d’impatience de partager ce bienfait, en l’occurrence Cheikh Ahmadou Bamba : Cheikh Samba Diarra interpelle l’élite musulmane composée de doctes, de ceux qui sont déjà allés à la Mecque, et de guides religieux qui furent réticents à admettre le mouridisme. Tous sont appelés à se joindre impérativement à la mission de Cheikh Ahmadou Bamba.

Par ailleurs, à travers des paroles exotiques Cheikh Samba Diarra fait un exposé sur la dimension de ce Pôle.

De l’exil mauritanien de son Guide, il en fait un Traité de panégyriques (très proche d’une épopée), divisé en chapitres et intitulé Gânnâr (Mauritanie), relatant sans laisser aucun détail les événements saillants qui marquèrent le voyage du Cheikh au pays des maures. Il y indique le célèbre ouvrage de Cheikh Abdoul Wahab Sahrâni, Tanbîh, pour qui veut avoir un aperçu sur la probité morale de ce Pôle.

Cheikh Samba Diarra Mbaye va plus loin en se présentant comme un des prodiges de son Guide qui, selon lui, est un miracle du Prophète (Qu’Allah l’honore et l’élève en grade). C’est à cet effet qu'il déclara  :  ‘’Le Cheikh est un miracle [du Prophète]. Quant à moi, je suis un de ses prodiges. Quiconque doute de cela n’a qu’à aller auprès de lui. L’interroger afin qu’il éclaire sa lanterne’’. Dans ces vers, selon lui, Cheikh Samba Diarra établit un parallélisme entre le miracle d’un Prophète (mu’jiza) et celui opéré par un saint (karâma) dont il fait l’objet, et prend témoin son Maître pour défendre ses allégations.

Par ailleurs, Cheikh Ahmadou Bamba confirmait qu’il est un signe parmi les signes de Dieu et un des miracles du Prophète Mouhamed (Qu’Allah l’honore et l’élève en grade). Cheikh Samba Diarra se rendait aussi à Thiéyène (Djolof) malgré les difficultés auxquelles les mourides se confrontaient en cours de route à cette époque. Il exhortait ses condisciples à faire le déplacement malgré la canicule et l’hostilité du milieu. A cette occasion, il composa Ziâratul awliyâ-i, un recueil de poèmes (en arabe) de formes variées, dans lequel il fait l’apologie de la visite de courtoisie à un saint et les bienfaits qu’elle procure.

S’inspirant du seizain (poème de seize vers) de Massamba Mariama Diop, il y chante l’éloge de Sokhna Diarra Bousso, la mère du Cheikh en révélant qu’elle est la sixième meilleure femme au monde.  ‘’Cheikh Samba Diarra jouissait d’une considération particulière auprès du Cheikh. Ce dernier lui permettait de le rejoindre partout sans passer par les chambellans (bëkk néeg). Voilà pourquoi il soutenait dans l’Attirance de l’aspirant : ‘’A chaque fois que je ressens le besoin de communiquer [avec lui]. Il en éprouve concomitamment l’envie. En effet, notre moyen de communication est aussi rapide que la dépêche.  Celui que j’ai rencontré est certes digne d’être eu en soi’’. Cheikh Samba Diarra était consubstantiel à Cheikh Ahmadou Bamba’’ a poursuivi M. Mbaye. Qui a souligné que la communication officielle ou privée transmise par voie rapide d’alors, était la dépêche. C’est pour cette raison qu'il l’a prise en guise de comparaison.

Il n’a vécu que 50 ans

Sur un autre registre, la figure de Cheikh Samba Diarra n’a pas son âge, il n’a vécu que moins de cinquante ans. C’est à la fleur de l’âge qu’il est décédé.

Lors de la célébration du Gamou de 1917 à Diourbel, le Cheikh le convia à passer la nuit dans son gynécée (appartement réservé à ses épouses). Une invitation très rare de la part du Cheikh, et dont le poète sut saisir l’importance. Séparé des femmes par une palissade, il leur fit une sublime déclamation jusqu’à l’aube. Très émues, elles le couvraient de dons  (argent, bijoux, pagnes).

Le lendemain, il remit les dons à son Guide. Ce dernier, avec son sourire de Duchenne, lui prédit : ‘’Samba, tu célébreras le Gamou prochain avec les ûrul ayni (venus du Paradis)’’.

Quelques jours après, en se promenant au bord du fleuve Sénégal, raconte-t-on, il croisa des demoiselles d’une beauté indescriptible qui lavaient du linge. ‘’Etonné, il s’aperçut que leur front brillait et qu’elles avaient la peau éclatante. Il s’approcha alors d’elles et leur demanda l’objet de leur présence sur les lieux. Elles répondirent qu’elles ont été envoyées par le Cheikh pour préparer l’arrivée de leur maître, un certain Mouhamadou Abdoul Karim. A ces mots, pris de stupeur mélangée de bonheur indicible, il se rendit à l’évidence qu’il s’agissait des ‘’ûrul ayni’’ (les venus du Paradis) dont son Guide lui avait parlé. Il rentra aussitôt chez lui’’, confie-t-on.

Il est évident qu’il a écrit les vers suivants tout juste après ces moments extatiques : ‘’Quiconque reste incrédule à sa récompense [le Paradis]. La mienne est maintenant certaine. Me poussant ainsi à la veille de mourir. Ô combien je crois en Dieu et en Ta grâce !’’. ‘’Prié d’assister à la crémaillère de son château édénique, il dut s’excuser de quitter ce bas monde le plus tôt possible et précisément le 30 septembre 1917. Sous l’ordre de Cheikh Ahmadou Bamba, il fut inhumé au cimetière de Thièm à Guet Ndar (Saint-Louis). La nécessité de mourir faisait toute la constance des saints : ils croyaient qu’il fallait aller de bonne grâce où l'on ne saurait s’empêcher d’aller.

La gloire de mourir avec ravissement, le désir de laisser une belle réputation, l’assurance d’être affranchi des misères de la vie et d’être en fortune sempiternellement, sont des remèdes qu'on ne doit pas rejeter; mais on ne doit pas croire aussi qu’ils (les saints) ne soient pas regrettés’’ a-t-il confié. Avant d’ajouter : ‘’En effet, Cheikh Sâdièye Mbaye a ressenti péniblement l’absence de son frère cadet. La moitié de son âme a mis l’autre dans la tombe, pleurait-il. Quant à Cheikh Ahmadou Bamba, il demandait souvent, après la disparition de Cheikh Samba Diarra, s’il y avait parmi les disciples quelqu’un qui pouvait déclamer ses vers.

Et à chaque fois qu’il voyait quelqu’un qui venait de Saint-Louis, il faisait savoir à l’assistance : ‘’Celui qui va à Ndar (Saint-Louis) sans se rendre à la tombe de Samba Diarra, c’est comme s’il n’y est pas allé’’

Ces écrits durant ses 50 ans de vie

Parmi les œuvres de sa bibliographie, on peut citer, entre autres : ‘’Yaaram bi naam faal’’, un poème épique où il chante la noble lignée de Cheikh Ibrahima Fall, sa générosité et sa vaillance, sa dimension mystique et son affection démesurées ainsi que son dévouement à Cheikh Ahmadou Bamba,  ‘’Hamdan liman arsalal Mukhtâr’’, un poème dans lequel il fait l’éloge de son auguste frère (germain), Cheikh Sadiéye Mbaye,  ‘’Ziâratul awliyâ i’’, un recueil de poèmes de formes variables dans lequel il fait l’apologie de la visite de courtoisie à un saint et les bienfaits qu’elle procure. Ainsi, il exhorte les talibés à se rendre à Djolof malgré l’ardente canicule et la désertion du milieu. Il souscrit aussi à travers certains vers (de ce recueil), aux éloges de Mame Diarra Bousso (la mère de son Guide).

‘’Jazbul majzûb’’ (l’Attirance de l’aspirant), considéré comme son chef-d’œuvre et son chant de cygne, ce recueil de poèmes capitulaire loue à outrance la précellence de Cheikh Ahmadou Bamba et de ses adeptes, décrétée par Dieu et contresignée par le Prophète (PSL) depuis le jour de l’épreuve des âmes (yawma alastu bi rabbikum).

Il y raconte en détail l’origine de l’homme et du monde, les épreuves tombales et du jour du jugement dernier. Aussi, il confie la perpétuelle intercession de Cheikh Ahmadou Bamba pour ses (fervents) disciples avant, pendant et après la mort.

‘’Hikâya (Récit)’’, un poème composé après avoir visité le Paradis, dans lequel il décrit le l’Éden avec une grande précision de détails. Un récit merveilleux, mais explicable car le Prophète Idrissa (PSL) a visité le Paradis en son vivant.

CHEIKH THIAM

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